Marché à terme
Peut-être davantage de transparence en 2011
Euronext se prépare à publier régulièrement le nombre de positions détenues par catégorie d’opérateurs
LA PLACE des financiers dans les marchés à terme agricoles européens pourrait être mieux connue en 2011. A l’image de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis, Nyse Euronext est en train de tester la mise en place d’outils permettant de connaître les types d’intervenants présents sur ces marchés. C’est ce qu’a expliqué Lionel Porte, chef produits Matières premières de la société, lors d’une rencontre organisée par l’Afja (Association française des journalistes agricoles) à Paris le 23 novembre. Si le test est concluant, un rapport équivalent à celui produit chaque semaine par la CFTC américaine (Commodity Futures Trade Commission) devrait être « mis en place en 2011 », a précisé le spécialiste. Dans un premier temps, seuls les produits londoniens du groupe (café, cacao, sucre) seront concernés. Mais les produits français que sont le blé, le colza, le maïs et l’orge de brasserie suivraient dans la foulée.
Pas de solution miracle pour réguler
L’initiative est entièrement privée, puisqu’« en Europe, aucun régulateur n’a cette requête auprès des différentes Bourses », a précisé Lionel Porte. Une situation peut-être appelée à changer : les travaux menés par la Commission européenne sur la transparence des marchés financiers pourraient conduire à une régulation spécifique des produits agricoles ayant pour objectif de limiter la spéculation. Pour l’instant, personne n’a de solution miracle, les règles devant être suffisamment subtiles pour que chacun y trouve son compte. Aux Etats-Unis, par exemple, les autorités ont défini des limites d’emprise par types d’opérateurs… Sauf qu’elles ne concernent pas les grandes sociétés de négoce qui « ont à couvrir des parts énormes », a justifié Renaud de Kerpoisson, président d’Offre et demande agricole.
Manque de liquidité en orge de brasserie
Pour les défenseurs des marchés à terme, la spéculation est de toute façon nécessaire. « Les spéculateurs permettent d’apporter de la liquidité », a ainsi souligné Lionel Porte. De fait, lorsqu’il souhaite se couvrir, l’opérateur commercial a besoin d’une contrepartie impossible à trouver si tous les acteurs ont les mêmes intérêts. C’est d’ailleurs l’un des problèmes que rencontre le marché à terme de l’orge de brasserie, ouvert au printemps dernier. « En raison de la liquidité plus grande du marché du blé », comme l’a expliqué François Hallard, directeur commercial de Champagne céréales, la coopérative s’est servie de ce marché pour sécuriser des contrats d’orge de brasserie à trois ans avec des malteurs soucieux de garantir leur approvisionnement. Cela, alors même que l’entreprise compte parmi les plus ardents défenseurs de ce marché à terme. De fait, une cinquantaine de lots de 50 tonnes sont négociées au quotidien. C’est encore peu par rapport aux 16.000 lots de blé négociés par jour au coeur de l’été ou au plus de 60.000 lots de 136 t échangés quotidiennement aux Etats-Unis.