Penser plutôt que panser
Après des mois de revendications, les éleveurs français (et pas seulement) ont enfin réussi à obtenir des mesures substantielles du gouvernement. « Un décret va prévoir une baisse de sept points des charges sociales », a annoncé Manuel Valls, Premier ministre, le 17 février. De plus « les agriculteurs qui auraient dégagé en 2015 un revenu faible (…) ou qui n'auraient pas de revenu » bénéficieraient « d'une année blanche sociale par report automatique d'un an, reconductible dans la limite de trois ans sans aucune démarche ». Ces annonces ont été saluées par la FNSEA. Pour autant, elles restent purement conjoncturelles et ne répondent pas au mal structurel qui ronge l'élevage hexagonal. Les producteurs en difficultés passeront peut-être l'année grâce à ces aides (et encore, elles ne pèsent pas bien lourd face aux pertes enregistrées dans certaines fermes), mais peuvent-ils être plus sereins à moyen terme ? La clé, comme souvent, se trouve à Bruxelles. À entendre le ministre de l'Agriculture français, Stéphane Le Foll, en déplacement dans la capitale européenne cette semaine pour discuter de solutions à cette crise, « les choses ont bougé ». Si le ministre allemand a rappelé son opposition à toute mesure de régulation publique, l'idée semble faire son chemin chez d'autres partenaires européens (Pologne, Espagne, Italie, Irlande, Belgique…). Des mesures pour enrayer la crise de l'élevage au niveau européen pourraient être décidées par les 28 le 14 mars.
L'exemple de David Cameron — qui n'exige rien de moins que de partager la gouvernance de la zone euro alors que la Grande Bretagne n'en fait pas partie, ou de restreindre les prestations sociales aux européens vivant dans le pays — pourrait donner quelques idées aux dirigeants français, qui seraient bien inspirés de faire valoir une certaine conception de l'agriculture hexagonale auprès de la Commission.