Orges d'hiver : focus sur l'état des cultures à l'approche des récoltes
Très bonnes conditions de culture dans le Nord

Alors que les premières récoltes d'orges d'hiver ne sont plus qu'à quelques jours, l'état des cultures (sondage du 10 au 12 juin) est relativement contrasté selon les régions.
Très bonnes conditions de culture dans le Nord
Dans le nord de la France, la situation s'annonce particulièrement bonne avec, au 2 juin, des cultures jugées dans un état bon à très bon à respectivement 94 et 100 % en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais, selon FranceAgriMer. « Le potentiel des orges d'hiver est globalement bon. Il y a des talles et nous avons eu de l'eau récemment », avance Frédéric Toullet, chef de régions Sud et Est de la coopérative Noriap. La récolte des escourgeons devrait commencer au 1er juillet.
Optimiste à l'Ouest et au Centre
Les régions Centre et Poitou-Charentes devraient réussir à tirer leur épingle du jeu. « À de rares exceptions près, les orges d'hiver sont plutôt dans un bon état visuellement. Aucun orage n'est venu handicaper les cultures jusqu'à présent, constate Denis Courzadet, chargé de collecte chez Axéréal. Nos pronostics sont bien orientés, avec des calibrages qui semblent bien partis dans les zones les plus précoces. » Il est plus difficile de se prononcer pour les zones plus tardives, comme la Beauce. Les premiers travaux de moissons pourraient débuter d'ici dix à quinze jours, notamment dans le Berry. L'avance qu'avaient les cultures en avril s'est perdue au cours des derniers mois. En Poitou-Charentes, où 2/3 des orges sont d'hiver avec 45 % de variétés brassicoles (Etincel), « on est plutôt parti sur une bonne année, avec un potentiel qui semble intéressant, estime Philippe Ballanger, directeur Terrain chez Charentes Alliance. Le rendement moyen devrait être de 65 q/ha, ce qui est bon pour notre zone. Les problèmes les plus observés sont les attaques de virose et un peu de piétin échaudage. La grêle du week-end dernier va avoir des impacts locaux, mais n'a pas entraîné de destruction de masse. » La récolte devrait débuter dans les jours qui viennent.
Inquiétudes dans l'Est
La situation est moins optimiste dans le grand Est. La région la plus mal lotie est la Lorraine avec, au 2 juin, seulement 52 % de ses orges d'hiver jugées par FranceAgriMer dans de bonnes à très bonnes conditions et 15 % dans un mauvais état. En Bourgogne, l'heure est à l'inquiétude. « Les orges d'hiver ne se présentaient déjà pas très bien avec des semis tardifs et une densité d'épis faible, mais les conditions climatiques très sévères depuis quelques jours (sécheresse et chaleur) font craindre des problèmes d'échaudage et des taux de protéines trop élevés », explique Robert Bilbot, DG de Cérévia. « Cela fait trois jours que l'on a 30°C sur des sols superficiels. Les rendements ne devraient plus changer maintenant, et se situer en dessous de la moyenne quinquennale de 70 q/ha. Peut être à 60 q/ha, voire en-dessous. »
“Le rendement moyen sur la zone de collecte du Poitou-Charentes devrait avoisiner les 65 q/ha. ”
“Le climat sec et chaud fait craindre des problèmes d'échaudage et des taux de protéines trop élevés.”
En Champagne-Ardenne, « nous sommes un peu contrariés par la ”montée des températures depuis le 6 juin, regrette Jean-Olivier Lhuissier, chargé de collecte chez Vivescia. Sur les escourgeons, le nombre d'épis est assez faible. On pensait que ce serait compensé par les PMG (poids de 1.000 grains), mais ils ont été quelque peu pénalisés, donc les rendements seront sûrement moins importants. De plus, nous avons eu quelques déceptions sur les fécondations avec les épisodes de gel au mois de mai. » À noter que, dans cette région, 90 % des variétés d'orges ensemencées sont brassicoles. En ce qui concerne la qualité, qui sera le critère décisif pour les malteurs, il n'y a plus qu'à attendre les premières moissons !
Au 1er juin, Agreste tablait sur un rendement national de 65,4 q/ha pour les orges d'hiver, proche du niveau de la moyenne quinquennale 2009-2013, avec un accroissement pour le Centre, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne et le Midi-Pyrénées, et une baisse en Lorraine. À 1,2 Mha, la sole augmenterait pour la seconde année consécutive, après le point bas de 2012 lié à des destructions de surfaces dues au gel. La production atteindrait 7,9 Mt, en hausse de 8 % sur un an. En ce qui concerne les orges de printemps, la sole reculerait à 486.000 ha, avec 60 % des surfaces concentrées dans les régions Champagne-Ardenne, Centre et Lorraine.
Quid des orges de printemps
En Picardie, « l'année s'annonce normale à bonne », pour les orges de printemps, pour Frédéric Toul-let. Elles sont également « plutôt bien parties » dans la zone Poitou-Charentes, malgré les semis tardifs. « Les rendements vont sûrement tourner autour de 50-55 q/ha. Ce ne sera pas un excellent cru, mais cela reste correct », juge Philippe Ballanger. En Champagne-Ardenne, « les contrastes sont énormes en fonction des implantations. Il y a pu y avoir quelques pertes, mais globalement les états sanitaires sont très corrects. Les potentiels seront certainement un peu moindres sur les zones argileuses et argilo-calcaires », indique Jean-Olivier Lhuissier. En Bourgogne, les orges de printemps ont bénéficié d'une bonne pluviométrie en avril et de semis corrects. « L'état végétatif était très intéressant jusqu'il y a 8-10 jours, mais les cultures subissent de plein fouet les températures extrêmes », se désole Robert Bilbot. Néanmoins, les pronostics de rendement pourraient s'améliorer s'il y avait rapidement des orages.