« Organiser la sortie des pesticides »
Centrale lors de la Conférence environnementale, l'éviction des pesticides doit être progressive pour maintenir l'équilibre économique des exploitations, mais aussi composer avec les lobbies.
O « n ne peut pas faire zéro pesticide, aujourd'hui. Si je dis aux agriculteurs qu'on arrête les pesticides, qu'est ce qu'il reste en termes de production ? », a lancé Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, lors de la 3e Conférence environnementale à Paris, le 27 novembre. « La mutation, il faut l'organiser. » Rappelant que les agriculteurs sont des acteurs économiques, Stéphane Le Foll pose des limites à la transition écologique : « Je sais que les associations environnementales voudraient que les choses aillent plus vite », mais il faut préparer cette conversion. La feuille de route devrait être présentée dès janvier. Si la France consomme de moins en moins de pesticides depuis la fin des années 1990, selon la FAO, elle reste l'un des premiers consommateurs au monde (à 90 % pour l'agriculture), après l'Ukraine et l'Italie.
Transition en cours« Nous allons poursuivre les travaux sur la réduction de l'exposition à certaines substances (notamment les pesticides, NDLR) », a pour sa part insisté Ségolène Royal lors d'une conférence en amont, le 24 novembre. Elle reconnaît la difficulté de l'exercice : « Les lobbies de toute nature n'acceptent pas facilement d'être remis en cause. »
Les phytosanitaires seront bannis des communes dans le cadre de l'initiative “villes et villages sans pesticide”. La commercialisation et la détention de produits phytopharmaceutiques à usage non professionnel seront interdites au 1er janvier 2022, pour laisser le temps aux industriels de s'adapter.
François Hollande a rappelé, lors de la conférence, que le moratoire européen sur trois néonicotinoïdes était une initiative française. « Il y a d'autres risques et, donc, nous irons plus loin. La France portera ce dossier au plan communautaire », assure-t-il, alors que le Sénat doit examiner la proposition de moratoire le 4 février, selon une source professionnelle. Une grande attention doit être portée à la situation sanitaire des pollinisateurs, des pesticides et des perturbateurs endocriniens, estime-t-il. Mais le lien entre environnement et santé est « difficile », « délicat » même. Pourtant, « certains doutes sont avérés, notamment la nocivité des pesticides sur la santé des agriculteurs », rappelle Robert Barouki, directeur de recherche à l'Inserm.