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OLÉAGINEUX Objectif 600.000 hectares en tournesol

Dans un contexte de prix des céréales élevé, les agriculteurs ont tendance à oublier le tournesol dans leurs assolements 2007. La filière oléagineuse se mobilise donc pour relancer son intérêt

RELANCE. La filière oléagineuse, via Proléa, veut souligner l’intérêt de la culture de tournesol pour les agriculteurs français. Elle craint que cette culture soit délaissée en 2007 étant donné les hausses de surface de céréales d’hiver et de prévision de semis d’orge de printemps. Pourtant, la filière prévoit une augmentation de l’utilisation de l’huile de tournesol pour la production de biodiesel.

En effet, le développement des surfaces de colza devra conduire à mobiliser 1,2 million d’hectares de colza pour le non-alimentaire. Mais la culture de colza n’est pas extensible à l’infini sur le territoire français. Des limites agronomiques s’imposent, au risque de mettre en péril la culture elle-même par le développement de maladies et de parasites incontrôlables. C’est pourquoi la filière oléagineuse veut développer un oléagineux complémentaire tel que le tournesol pour alimenter les usines de Diester.

Diester utilisera 100.000 ha en 2007

« Nous voulons mobiliser les agriculteurs car il existe des opportunités formidables », s’enthousiasme Michel Boucly, directeur des engagements de Sofiprotéol, l’établissement financier qui détient les outils industriels. « Nous prévoyons que les besoins en tournesol pour les biocarburants atteindront 300.000 ha d’ici à 2010 ». Mais, comme il est nécessaire d’investir dans des outils de raffinage complémentaires pour utiliser l’huile de tournesol dans les usines de Diester, Sofiprotéol a prévu de ne contractualiser que 100.000 ha en 2007, le temps d’équiper les usines de Dunkerque et Bordeaux. Quant au prix, Sofiprotéol assure que le tournesol Diester devrait être payé au moins 230 €/tonne en 2007. Les prix d’acompte pour la récolte 2007 devraient être annoncés dès la mi-février 2007 au lieu de mai comme à l’habitude.

La filière se donne comme objectif l’implantation d’au moins 600.000 ha de tournesol en 2007, dont 350.000 ha de tournesol oléique. Le tournesol est une spécificité française au niveau mondial. En 2006, la moitié de la production française était du tournesol oléique, qui répond à une demande alimentaire. Fabien Lagarde, responsable de la direction technique du Cetiom l’assure : les agriculteurs ne prennent pas de risque à implanter du tournesol sur jachère car il s’agit d’une plante peu consommatrice en intrants et en eau. « Le tournesol peut assurer une marge brute, sur jachère en zone maïs, hors prime, de 160 à plus de 450 e/ha selon que l’on est en système sec ou irrigué », précise-t-il. Pour Bruno Baranne, président d’Oléosem (association des semenciers de plantes oléagineuses), le tournesol est victime de sa réputation de plante rustique car les agriculteurs le positionnent très souvent dans les parcelles les plus séchantes, ce qui conduit à des résultats moyens nationaux décevants. « Pourtant, le tournesol valorise bien l’irrigation, surtout quand elle est positionnée tardivement », explique Fabien Lagarde. Pour produire du biocarburant, les variétés de tournesol oléique sont plus adaptées en raison de leur indice d’iode suffisamment bas par rapport à la norme.

Un pôle de recherche à Toulouse

Un important pôle de recherche vient de se constituer à Toulouse sur le tournesol. Il s’agit d’un projet interdisciplinaire (agronomie, génétique, écophysiologie, pathologie) associant les acteurs recherche et développement publics et privés : Inra, écoles d’ingénieurs en agronomie de Montpellier (Agro-M) et de Toulouse (Ensat), Cetiom, Ecole d’ingénieurs de Purpan (Esap), Oléosem (semenciers). « Dix postes de recherche vont être créés d’ici la fin 2008, précise Patrick Vincourt, directeur de recherches à l’Inra, de sorte à créer un pool de recherche de 20 à 25 chercheurs d’ici deux à trois ans ». A cela s’ajoutent les équipes de recherche privée dont la majorité sont basées dans le Sud-Ouest. « Nous devons préserver les atouts de la culture de tournesol économe en intrants et respectueuse de l’environnement, explique le chercheur. De plus, nous pouvons exploiter davantage la variabilité génétique contenue dans l’espèce sauvage Helianthus, plante compatible avec le tournesol cultivé. Nous avons désormais des outils qui n’étaient pas disponibles il y a cinq ans. »

Soutenir les cultures industrielles

Par ailleurs, depuis la récolte 2004, deux régimes cohabitent pour soutenir l’implantation des cultures industrielles : le gel industriel mis en place depuis 1993 et l’aide aux cultures énergétiques (ACE) réservées aux cultures énergétiques sur les parcelles non gelées. L’Office national des grandes cultures (Onigc) vient de publier un bilan national des cultures industrielles de 2004 à 2006.

L’aide aux cultures énergétiques a connu un franc succès dès sa mise en place avec 130.000 ha en 2004, 135.000 ha en 2005 puis 385.000 ha en 2006. Cette hausse est liée, bien sûr, à la demande croissante de colza pour le biodiesel, mais aussi à une simplification des démarches administratives par rapport au gel industriel. Le nombre de contrats ACE a suivi la même tendance en 2006, passant de 14.000 à 45.000. Ceci s’explique d’une part, par l’entrée de la betterave dans le dispositif, ce qui a représenté 12.600 contrats pour 14.000 ha, d’autre part par le succès des contrats colza.

Le gel industriel a mobilisé 400.000 ha en 2006, un chiffre stable par rapport à 2005. Depuis le début de l’aide aux cultures industrielles, la graine de colza a toujours dominé les emblavements. En 2006, le colza représente 81 % des surfaces (78 % pour le colza classique et 3 % pour le colza érucique). Sur les cinq dernières récoltes, la sole industrielle de colza comparée à la sole totale de colza cultivée en France est passée d’un quart en 2002 à quasiment la moitié en 2006. La part du tournesol quant à elle, qui n’est pas encore destiné aux biocarburants mais pourrait le devenir dans les années à venir, a représenté 8 % des surfaces en 2006.

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