Nutrition animale : près de 1 Mdt produites dans le monde
À 995,5 Mt, la production mondiale d'aliments pour animaux progresse de 1,5 % en un an et de 14 % sur cinq ans, selon l'estimation annuelle du groupe américain Alltech.

Le monde compte 32.341 usines d'aliments pour animaux dont la production frôle, sans l'atteindre encore, le milliard de tonnes, selon l'enquête annuelle d'Alltech, fournisseur américain d'additifs pour la nutrition animale. Ses équipes collectent des données dans 130 pays et les croisent avec les statistiques disponibles. « Pour cette cinquième édition, nous estimons à 995,5 Mt la production mondiale hors fourrages, avec une hausse de 1,5 % sur un an et de 14 % sur cinq ans », détaille Aidan Connolly, vice-président de l'entreprise, qui affine les données d'année en année. Sans surprise, l'espèce dominante reste la volaille avec 47 %. C'est aussi celle qui croît le plus avec +5,7 % en un an (mais 2014 avait été mauvaise avec des épisodes d'Influenza aviaire notamment aux États-Unis), et +22,4 % en cinq ans. Depuis 2012, les aliments pour porcs (25 %) ont dépassé les aliments pour ruminants (20 %), grâce à la Chine, et s'arrogent désormais la deuxième place avec 253 Mt (+26,3 % en cinq ans), malgré une légère baisse l'an dernier. Les aliments pour ruminants reprennent de leur côté un peu de couleurs à 201,3 Mt (+2,9 % en un an, - 10 % en cinq ans). L'aquaculture, qui avait beaucoup progressé, marque le pas à 34,47 Mt pour de nombreuses raisons, dont les questions sanitaires, tandis que les aliments pour les chevaux et pour les animaux familiers – deux marqueurs des réalités économiques – sont assez stables.
Avec - 2 %, la Chine tousse
La Chine arrive largement en tête avec 8.550 usines et quasiment 180 Mt, dont 75 Mt d'aliments pour porcs et 49 Mt pour poulets mais seulement 4,9 Mt d'aliments pour vaches laitières. La Chine produit également la moitié des aliments aquacoles du monde. Cette année, elle enregistre une baisse de 2 % des volumes d'aliments (toutes espèces confondues) et, pour la troisième année consécutive, du nombre d'usines : « Cela reflète la préoccupation du gouvernement chinois pour les questions de sécurité sanitaire des aliments », explique Aidan Connolly.
Pour 2016, la Fefac table sur une baisse de 0,5 % des fabrications de l'UE à 28.
Les États-Unis, avec 6.012 usines et 173,7 Mt, présentent un profil plus équilibré où dominent les aliments Poulets (60 Mt) mais Porcs (25 Mt), Pondeuses (24,6 Mt), Bœufs (22,6 Mt) et Vaches laitières (20,8 Mt) pèsent tout de même. Le Brésil suit les deux majors (68,7 Mt), quand l'Inde (31,5 Mt) prend la quatrième place, dépassant désormais le Mexique d'une courte tête (31,1 Mt). Juste derrière, Alltech place l'Espagne (29,4 Mt). Ce qui reste une différence avec les données de la Fédération européenne des fabricants d'aliments composés (Fefac) qui la place à environ 21 Mt, la différence pouvant tenir dans les volumes intégrés. Pour Alltech, la Russie ar-rive ensuite à 29 Mt, puis l'Allemagne et le Japon au-dessus des 23 Mt, la France arrivant à la 10e position avec 21 Mt.
L'une des surprises de cette année est la poussée indienne. Mais le sous-continent, s'il dépasse la Russie, est très en-deçà de la Chine, alors que leurs populations sont désormais comparables. La plus forte croissance reste toutefois en zone Europe élargie, car outre l'UE, Alltech y place la Russie et la Turquie. Cette zone a progressé de 4,5 % en un an, avec une hausse de 13 Mt essentiellement due à la Russie (+13 %), la Turquie (+20 %). Mais Biélorussie, Pologne, Grèce et Ukraine progressent aussi toutes de plus de 5 %.
L'UE plutôt stable
Selon la Fefac, qui vient égale-ment de livrer ses estimations pour 2015 (les valeurs définitives seront communiquées en juin, lors de son assemblée générale en Turquie), la production d'aliments composés dans l'UE à 28 dépasse tout juste les 156 Mt, en progression de 0,2 %. Si la volaille affiche sa forme (+2 % à 52,7 Mt), les aliments pour vaches laitières et bovins viandes souffrent (-1 %), les aliments pour porcs étant stables dans l'UE ce qui reflète de grandes différences d'un pays à l'autre. Comme en 2014, la Pologne est, parmi les principaux pays, celui qui progresse le plus (dépassant +4 %), alors que l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont restés dans des évolutions de - 0,5 à +1 %. L'Allemagne conforte sa première place, devant l'Espagne et la France.
Pour 2016, les experts de la Fefac sont plutôt pessimistes. Même s'ils pensent que la volaille va continuer à progresser, ce devrait être à un rythme plus lent (+1 %). Ils craignent surtout une baisse sensible de la production d'aliments pour porcs (-2 voire - 3 %) et une légère baisse en aliments pour bovins, en raison d'un contexte fourrager favorable. L'année 2016 pourrait donc être en retrait de 0,5 % sur 2015. Yanne Boloh
Malgré la diversification possible des formules d'aliments pour animaux et la multiplicité des matières premières possibles (dont les coproduits), le monde de la nutrition animale garde le format très américain du maïs-soja. Ainsi, selon Alltech, l'énergie des aliments pour animaux industriels est avant tout apportée par le maïs, qui arrive loin devant avec 76 % (dans les 90 pays où l'entreprise est parvenue à collecter des données sur ce point), le blé n'arrivant qu'à 21 %, principalement dans l'UE, l'orge atteignant 1 % au niveau mondial, à égalité avec le mélange orge/maïs. Du côté des protéines, l'hégémonie du soja est encore bien supérieure puisqu'au niveau international, il arrive à 96 % des préférences des industriels seul ou en association.Le tournesol (1 %), le colza (1 %) et le canola OGM (1 %) ne s'en arrogent que quelques miettes.