Nutrition animale : « il est temps d'ouvrir le chantier de l'avenir »
En apportant des dispositifs techniques ou des solutions économiques, les coopératives de la nutrition animale veulent contribuer à la relance de l'élevage.
L'Assemblée nationale a voté, le 2 novembre, en première lecture et sans retouche, les crédits 2016 pour l'Agriculture, l'Alimentation et la Forêt, en baisse sur 2015. Mais, en prenant d'autres éléments en compte, les sommes allouées globalement à l'agriculture sont haussières, selon le ministre de l'Agriculture. À 4,5 Md€, le budget 2016 est en baisse de 2,8 %, notamment parce que « le ministère de l'Agriculture participe au redressement des comptes publics », a-t-il souligné lors d'une audition devant la commission des Affaires économiques du Sénat le 4 novembre. Cependant, les apports du Pacte de responsabilité pour l'agriculture qui seront passés, entre 2013 et 2017, de 1 Md€ à 1,8 Md€, compensent largement, a-t-il expliqué. En additionnant les aides de l'Europe, le budget du ministère et l'allègement de charges, les fonds consacrés à l'agriculture sont en hausse, a-t-il affirmé.
Après l'aviculture qui a su rebondir, les coopératives de la nutrition animale veulent contribuer à la relance des autres productions animales. C'était un des messages transmis par Coop de France Nutrition animale (CdF NA) lors de sa convention, mercredi 4 novembre à Paris. « 2015 a été une année tourmentée pour les productions animales. Les crises se sont succédées, mettant en exergue le déficit de compétitivité des filières françaises sur les produits standards », estime Jean-Luc Cade, son président. « Il est temps d'ouvrir le chantier de l'avenir », qui doit s'appuyer sur l'innovation et des relations plus étroites entre acteurs des filières.
Baisse des volumes de 0,6 %L'urgence est réelle. Pour Valérie Bris, directrice de CdF NA, « l'ali-mentation animale est le baromètre des productions animales ».Elle estime à 0,6 % la nouvelle érosion des tonnages d'aliments produits en 2015, les +1,6 % en volaille ne compensant pas les - 1,6 % en porc et - 4,8 % en bovins.
Le contexte Matières premières connaît peu de tensions actuellement, ce sont bien les débouchés qui pèchent. « Nous voulons contribuer à des relations rénovées dans les filières, en contribuant par exemple à des cahiers des charges adaptés et porteurs de valeur ajoutée. Il faut éviter les fausses segmentations, cause de coût et non de valeur pour les filières », illustre Valérie Bris.
Outre les dossiers en cours sur la sécurisation des approvisionnements (grâce à Oqualim) et l'optimisation logistique (dérogation Transports et charge à l'essieu pour les petits porteurs), le syndicat travaille sur la sécurité des livraisons, en collaboration avec le Snia. Ils devraient également ensemble ouvrir leur plateforme sur la durabilité (Duralim) en début d'année prochaine. Mais le gros sujet de cette convention était naturellement la contractualisation.
CdF NA a d'ailleurs édité un document intitulé “S'organiser pour sécuriser” qui présente des exemples d'actions déjà en place. À l'image du contrat Jeune bovin McDonald's de CapSeine, mis en place en 2008, permet à l'éleveur de fixer son prix de vente. Et, s'il souhaite sécuriser sa marge, il peut en amont signer un contrat Céréaliments (qui existe depuis 1992). Il réduit l'impact de la volatilité des matières premières puisque les céréales de l'éleveur sont intégrées à l'aliment.