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Nutrition animale : « Les fabricants d'aliments pour animaux, qui se couvrent sur le long terme, ne profitent pas de la baisse continue des prix des céréales »

Après les 19,4 Mt de 2024, le secteur de la nutrition animale a repris des couleurs, explique François Cholat, le président du Syndicat national des industriels de l'alimentation animale (Snia), en avant-première de son assemblée générale, qui se déroulera le 3 juillet à Paris.

 

 

François Cholat, président du Snia.
François Cholat, président du Snia.
© Yanne Boloh

La Dépêche - Le Petit meunier : Quelles sont les perspectives de production d'aliments composés en France pour l'année 2025 ? 

François Cholat : Nous avons bien commencé l’année avec des progressions confirmées sur une tendance dynamique. Nous pourrions frôler les 20 Mt en 2025 même si nous ne les atteindrons certainement que l’an prochain. Et ce, sous réserve de problèmes sanitaires qui pourraient impacter les élevages. Pour l’instant les choses sont maîtrisées avec des vaccinations bien en place, mais nous restons collectivement vigilants. 

La situation sanitaire des élevages est pour l'heure maîtrisée, grâce à la vaccination.

Les aliments pour bovins sont stables, ceux pour les ovins et les caprins sont en hausse mais sur une année 2024 assez basse. Du côté des porcs, les statistiques restent en retrait sur les cinq premiers mois de l'année mais la dégradation se ralentit. Quant aux volailles, la dynamique est bien là, surtout sur le poulet du quotidien. Le canard à rôtir souffre de la remontée forte des palmipèdes à foie gras. 

Une bonne dynamique de production sauf en aliments pour porc et canard.

Nous sommes aussi en train de vérifier les statistiques sur les pondeuses et les poulettes car elles apparaissent en baisse alors que le marché est particulièrement demandeur. Cela peut toutefois s’expliquer par la sortie des cages.

Lire aussi : Alimentation animale : la production mondiale a progressé de 16,7 Mt en 2024

LD - LPM : Que se passe-t-il du côté des achats de matières premières ? 

F. C. : Les achats sont compliqués. Les marchés sont extrêmement difficiles à lire et même la géopolitique n’a pas forcément l’impact attendu. 

Des prix des matières premières agricoles volatils.

C’est le cas par exemple avec l’entrée des Etats-Unis dans la guerre Israël-Iran : les cours ont augmenté mais au bout de 24 heures ils se sont repliés. Les marchés sont en forte baisse avec beaucoup de marchandises. Or, les fabricants français d'aliments pour animaux ont traditionnellement tendance à se couvrir et ils ne peuvent donc pas profiter de ces baisses continues. Mis à part quelques aléas de transport ou d’arrêt d’usine pour les coproduits, la marchandise est en tous cas disponible. 

Un marché des additifs compliqué.

C’est plus compliqué du côté des additifs. Par exemple, la lysine dont les cours sont relativement bas. Les taxes antidumping transitoires contre la lysine chinoise devraient être supérieures aux taxes qui seront mises en place. Il reste donc compliqué d’anticiper et les sources d’informations habituelles semblent moins fiables qu’auparavant. Par ailleurs, la nouvelle campagne n’est pas encore assez avancée pour que nous puissions savoir précisément la qualité de la récolte 2025.

Lire aussi : Nutrition animale européenne : la Fefac inquiète face à l'application du règlement sur la non déforestation importée

LD - LPM : Existe-t-il des tensions toutefois sur certains produits ? 

F. C. : Nous n’avons pas peur de la concurrence de l’élevage d’insectes sur certaines de nos ressources comme le son, sachant que ce type de production ne se développe finalement pas vraiment. 

Inquiétude sur les disponibilités en pulpe de betterave.

J’ai par contre des inquiétudes quant à la concurrence des méthaniseurs sur les disponibilités en pulpes de betterave. Ils absorberaient 50 % des pulpes humides. Autre sujet, la qualité sanitaire et nutritionnelle qui constitue un véritable enjeu et la vigilance reste impérative. C’est le cas avec les mycotoxines. Heureusement nous sommes en bout de la campagne dégradée de l’an dernier mais il reste encore des volumes pour faire la jonction avec la nouvelle récolte. 

La vigilance est de mise concernant la qualité des matières premières agricoles.

Nous restons vigilants sur les coproduits de céréales qui concentrent les problèmes et nous avons eu des alertes salmonelles sur des coproduits tout cela ayant un coût malgré le prix bas des marchés. Autre point, la qualité nutritionnelle avec la baisse des taux de protéines dans les céréales. 

Lire aussi : Moisson de maïs français 2024 : des mycotoxines, mais pas de panique !

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