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Industrie/Biocarburant
Nuseed annonce un accord commercial avec Saipol pour l’importation de carinata argentine

Romain Lebas, responsable durabilité et approvisionnement bas carbone au sein de Saipol, a détaillé certains aspects du contenu de l'accord avec le semencier Nuseed et les intérêts de la carinata. Les volumes importés ne concerneraient que quelques milliers de tonnes.

Romain Lebas, responsable durabilité et approvisionnement bas carbone de Saipol
© Michelle Gonzalez

Nuseed, semencier australien appartenant au groupe Nufarm, a annoncé le 22 juillet 2020 un accord commercial pluriannuel avec la société industrielle Saipol, filiale du groupe Avril, portant sur l'importation de carinata, plante non-OGM ressemblant au colza, également appelée moutarde d’Ethiopie, en provenance d'Argentine. Nuseed se comporte, dans ce cadre, comme un négoce : « Nuseed vend aux agriculteurs les semences de carinata. Ces derniers les utilisent et revendent les grains récoltés au semencier, qui les vend à son tour à Saipol », relève Romain Lebas, responsable durabilité et approvisionnement bas carbone du groupe français.

L’accord Nuseed/Saipol, ou contrat cadre, n’est en réalité qu’un renouvellement de celui entériné il y a quelques années avec la société canadienne Agrisoma, elle-même rachetée par Nuseed en 2019. Les importations de carinata argentine ne datent donc pas d’hier, et « ne concernent que quelques milliers de tonnes, ne concurrençant aucunement les approvisionnements en colza français (…) Nos usines les triturent de la même manière que la graine de colza hexagonale. L’écrasement de ces grains a notamment eu lieu dans nos sites de Grand-Couronne, de Sète, et l’ancien de Dieppe », souligne Romain Lebas. Un cargo début mai 2020 a été déchargé en France, précise ce dernier.

A terme, l’industriel français espère importer quelques dizaines de milliers de tonnes de carinata, intégralement destinées à la production de biodiesel et de tourteaux. L’huile de carinata comprend un fort taux d’acide érucique, de 45% environ selon Romain Lebas, la rendant impropre à la consommation humaine. La graine produit également un tourteau ayant les caractéristiques proches de celui issu de la graine de colza, « soit 36% de protéine », explique-t-il.

Les clients de Saipol demandent un produit respectant le concept « d’additionnalité »

Par cet accord, Saipol « répond à une demande de ses clients de fournir des produits ne faisant pas concurrence aux matières premières alimentaires et ne consommant pas de nouvelles terres, puisqu’il s’agit d’une interculture. On parle alors de concept d’additionnalité : une même parcelle ne produit plus deux cultures sur deux ans, mais trois sur deux ans », s’exprime Romain Lebas. La carinata, plante rustique se développant sur une courte période (4-5 mois de cycle de production), donnant des rendements faibles (12 à 14 q/ha en Argentine, rapporte Romain Lebas), présente l’avantage de produire une grosse quantité de biomasse, pouvant être réintroduite dans le sol. Le procédé de production développé par Nuseed en Argentine permet à la plante une bonne réduction de gaz à effet de serre (GES), et est certifié « par une entité mondialement reconnue et indépendante : la table ronde sur les biomatériaux durables (RSB) », rapporte le communiqué de la société australienne.

Un biodiesel non-utilisable en hiver en Europe

Le biodiesel produit à partir d’huile de carinata ne peut-être utilisé comme carburant en Europe en hiver, ou lors de période de basses températures, à l’image de celui produit à partir d’huile de soja et de palme. « La température limite de filtrabilité du biodiesel de carinata est de -2°C à 0°C, contre -10°C à -13°C pour le colza », précise Romain Lebas. Le biodiesel de carinata, même importé, n’émettrait pas davantage de GES que celui de colza produit en France, d’après lui. « Le score d’émissions de GES est très bon, et le mode de production développé par Nuseed permet une bonne traçabilité, permettant de calculer précisément l’empreinte carbone », ajoute le responsable durabilité de Saipol.

Bientôt de la carinata produite en France ?

La filière oléagineuse française travaille actuellement à une éventuelle introduction de la culture de carinata dans les exploitations hexagonales, indique Romain Lebas. « Terres Inovia, avec l’aide de Nuseed, fait des essais dans le sud de la France. Les résultats ne permettent pas pour le moment de rentabiliser la culture, la plante ayant besoin de davantage de rayonnement. Mais les essais se poursuivent », révèle ce dernier.

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