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« Nous devons capitaliser sur la régularité des récoltes françaises »

La Dépêche-Le Petit Meunier : Les révolutions au Moyen-Orient et dans le Maghreb étaient au cœur de votre congrès qui s’est déroulé le 8 juin à Blois, pourquoi ce choix ?
Jean-Guy Valette :
En tant qu’acteurs économiques de plus en plus présents sur un marché mondialisé, nous devons avoir une meilleure connaissance de notre environnement. Il faut prendre le temps de réfléchir sur des sujets avec des spécialistes, car la vie quotidienne d’une entreprise ne laisse pas toujours l’opportunité de se pencher longuement sur certaines questions. Les années précédentes, nous avons abordé : les problèmes alimentaires mondiaux liés à la population, l’évolution des prix agricoles et la finance avec les marchés à terme et, l’an dernier, un regard croisé entre l’Amérique du Sud et l’évolution de la Pac suite à l’entrée des Peco. Depuis un an et demi, la vie politique évolue à la vitesse de la lumière dans le bassin méditerranéen. Il y a donc nécessité de se poser et d’analyser comment les choses changent. Pendant notre congrès, nous étions en pleine élection égyptienne, tandis que la Syrie connaît des problèmes majeurs. Par ailleurs, l’approche géopolitique n’est pas la même entre la Tunisie, le Maroc ou l’Algérie, au travers de leur histoire ou des politiques mises en œuvre.

LD-LPM : Que doit-on améliorer pour y gagner des parts de marché ?
J.-G. V. :
Le verre est à moitié plein. Il y a dans cette région un courant d’affaires très fort, qui existe traditionnellement avec le Maroc et l’Algérie. Ensuite il faut être attentifs à la façon dont la mer Noire réagit et se fait de plus en plus présente. Dans ce contexte, il faut être plus souvent au marché, le plus conforme aux attentes de ces pays. Nous sommes passés d’un marché de vendeurs à un marché d’acheteurs. Nous ne devons plus considérer que ces marchés sont simplement ouverts et que l’on pourrait y livrer avec une qualité et des prix qui ne tiendraient pas compte du marché mondial. Cette situation est liée à l’arrivée de nouveaux acteurs, la mer Noire d’abord ou d’autres comme l’Amérique du Sud. Pour progresser, il faut proposer une qualité irréprochable, accompagnée de compétitivité au niveau des prix. Des acheteurs comme le Gasc égyptien restent  très sensibles à cet aspect. Mais nous avons un atout de taille, la situation géographique de la France qui nous permet de proposer des produits de qualité et en quantité plus régulières que les autres pays. Cette régularité nous donne un avantage concurrentiel non négligeable sur lequel il faut capitaliser.

LD-LPM : Quel regard portez-vous sur la nouvelle récolte et sur la prochaine campagne de commercialisation de céréales ?
J.-G. V. :
Les conditions de récolte sont bonnes, mais tant que la moissonneuse n’est pas passée, on ne peut se prononcer. La production semble s’acheminer vers des rendements et des qualités tout à fait acceptables. Nous ne sommes pas à l’abri d’un accident climatique, mais les réserves utiles des sols sont suffisantes. Même si le climat est très humide actuellement, les traitements fongiques ont été réalisés correctement et devraient limiter les risques de maladies. Concernant le marché, même si nous n’avons pas de boule de cristal, nous pouvons espérer une campagne sereine.

LD-LPM : Comment se porte votre structure ?
J.-G. V. :
Le Négoce agricole Centre Atlantique regroupe aujourd’hui un peu plus d’une centaine d’entreprises (103, NDLR) qui représentent une collecte de 3,2 Mt sur l’ensemble des régions Centre, Poitou-Charentes, Vendée et Limousin. Si certaines entreprises se regroupent et font ainsi diminuer le nombre d’adhérents, d’autres se créent et pour certaines avec un visage différent. Nous constatons l’arrivée de nouveaux négociants qui s’installent, souvent agriculteurs entrepreneurs qui ont une part de marché importante sur leur territoire, avec des capacités de stockage. À un moment donné, ils séparent leurs activités de production et de commercialisation. C’est une tendance qui semble se confirmer. Dans chaque département, on remarque cette évolution, même au-delà de notre zone Centre-Atlantique. Cela peut être vu comme un regain de concurrence pour certains opérateurs, mais c’est aussi un renouvellement des entreprises qui est porteur d’avenir.

LD-LPM : Quelle est votre actualité ?
J.-G. V. :
Nous mettons en place un accompagnement des entreprises dans deux secteurs. Le premier axe est l’agrément distributeurs, pour obtenir une certification de toutes les entreprises du négoce agricole au 1er octobre 2013. Le second est une réflexion sur la politique de l’eau avec tous les acteurs du secteur. Un sujet qui touche directement nos activités ainsi que celles des agriculteurs. Aujourd’hui, il y a 507 captages Grenelle qui font l’objet de travaux, avec des mesures de réduction d’intrants qui peuvent se traduire par la disparition de certaines activités de production. On peut même s’attendre à ce que les démarches, du type contrat territorial, sur les aires d’alimentation de captage augmentent et touchent davantage nos activités.

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