Nord Céréales investit pour maintenir sa place à l’exportation et se tourne vers l’activité à l’importation
La Sica Nord Céréales a inauguré le 26 septembre dernier un nouveau silo d’une capacité de 30 000 t sur son site du port de Dunkerque. Après des années d’exportation difficiles, la structure investit afin de conserver ses marchés à l’exportation et pouvoir assurer également des activités à l’importation.
La Sica Nord Céréales a inauguré le 26 septembre dernier un nouveau silo d’une capacité de 30 000 t sur son site du port de Dunkerque. Après des années d’exportation difficiles, la structure investit afin de conserver ses marchés à l’exportation et pouvoir assurer également des activités à l’importation.

Le 26 septembre dernier le nouveau silo « numéro 9 » de la Sica (société d’intérêt collectif agricole) Nord Céréales a été inauguré sur le port de Dunkerque, après une mise en service en avril dernier. D’une capacité de 30 000 t réparties sur huit cellules, il dispose surtout d’une tour adaptée au traitement d’un volume de 105 000 t. Il est destiné à la fois au stockage de céréales pour l’exportation, mais également à celui des volumes de grains et tourteaux importés, principalement du maïs et du soja. « Nous visons une rotation de 15 à 20 fois sur l’année [soit 450 à 600 000 t, ndlr] », ambitionne le directeur de Nord Céréales, Joël Ratel. La capacité de stockage du site se monte désormais à 330 000 t.

Améliorer la compétitivité de l’entreprise sur l’exportation de céréales
Le nouveau silo devrait permettre à Nord Céréales de gagner en efficacité sur le traitement des céréales à l’exportation. En effet, celui-ci est « quasi-automatisé », se félicite Joël Ratel, directeur de Nord Céréales. « Les seules personnes qui interviennent sont les équipes de nettoyage et celles de maintenance préventive et curative », précise-t-il.
Lire aussi : Nord Céréales : une campagne à l’exportation qui peine à démarrer
Nord Céréales investit pour le chargement de grains en conteneurs
Le silo numéro 9 a été équipé d’un bras pour le chargement des conteneurs. « À l’avenir, l’Afrique de l’Ouest sera demandeuse de conteneurs », anticipe Joël Ratel. Sur les cinq mois à venir, Nord Céréales espère ainsi expédier 100 000 t de céréales (blé tendre et orge) en conteneurs de 25 000 t, contre 0 t jusqu’à présent.

Un système d’aspiration et de nettoyage pour améliorer la propreté du grain et la sécurité
La fosse et la hotte sont équipées d’un système d’aspiration qui permet de réduire les poussières et d’éviter ainsi les risques d’explosion. De plus, le silo est équipé de nettoyeurs et d’épurateurs pour enlever fétus et glumes : « Auparavant, la France avait mauvaise réputation à cause de la saleté de ses céréales. Nous nous sommes donc équipés en conséquence », précise Joël Ratel. Sur chaque ligne, un nettoyeur retire les grains cassés. « C’est un point important pour l’exportation vers certaines destinations. Cuba par exemple fixe le taux maximum à 3 %, contre 4 % à 4,5 % en moyenne », explique-t-il. Pour rappel, la France y a expédié 23 750 t de blé tendre sur la campagne 2023-2024, d’après les Douanes françaises.
Le silo dispose également d’un système permettant d’améliorer le poids spécifique (PS) moyen : « Le Maroc, l’Égypte et l’Algérie demandent des PS à 77-78 kg/hL. Les organismes stockeurs ne sont pas toujours équipés de tous ces outils dans leurs silos. Nord Céréales a investi 1 million d’euro dans des outils Schneider – Jacquet », a déclaré Joël Ratel.
Lire aussi : Exportations céréalières : une période de dégagement réussie pour Sénalia
Des investissements dans la logistique
Le nouveau silo a été raccordé au rail et équipé pour le déchargement de trains. Un outil de déchargement de barges supplémentaire (fabriqué par Vigan Engineering) a été acheté, ce qui en porte le nombre total à trois, dont un spécifique aux péniches et deux polyvalents péniche/bateau. « Actuellement, les livraisons sont réalisées à 40 % par camion, 40 % par péniche et 20 % en train », ajoute Joël Ratel, mais les enjeux croissants de décarbonation poussent à mettre l’accent sur le transport fluvial et ferroviaire.
Du côté de l'exportation maritime, rappelons que le site dispose d'un tirant d’eau de 14,70 m, permettant de charger jusqu’à des navires Capesize (100 000 t de capacité), notamment pour l’orge à destination de l’Arabie saoudite.
Nord Céréales envisage la construction de nouvelles cellules pour les produits d’importation
C’est l’année 2016 qui a été le déclencheur de la réflexion de Nord Céréales sur ses investissements et sur une éventuelle diversification. La structure traite déjà des volumes et qualités de maïs non disponibles dans l’hinterland de Dunkerque qui repartent en train vers les amidonneries de Roquette, ainsi que des pellets de bois pour le chauffage via sa filiale BGDK (Bois granulés Dunkerque). « L’an dernier, nous avons traité un volume de 330 000 t à l’importation en maïs et pellets de bois. Cela représente une belle diversification qui devrait progresser », s’est félicité Joël Ratel.

Une nouvelle activité en tourteau de soja et tournesol ?
Nord Céréales a déjà testé la réception de volumes de tourteau de soja depuis la Belgique et la Hollande, ainsi que de tourteau de tournesol. « Nous souhaitons développer cette activité », a déclaré Laurent Bué, président de Nord Céréales. Le stockage du tourteau de soja nécessite néanmoins un bâtiment pour du stockage à plat, mais Nord Céréales est en mesure de l’assurer. « Le silo est plus adapté au tourteau de tournesol pour lequel le stockage est encore plus facile », a expliqué Laurent Bué.
« Si les volumes de diversification arrivent, nous pourront lancer la construction de nouvelles cellules pour le secteur de l’alimentation animale », a-t-il ajouté. D’où le surdimensionnement de la nouvelle tour. « Les surfaces de céréales ne sont pas destinées à augmenter dans l’hinterland, avec la concurrence d’autres cultures à plus forte marge. La situation financière des organismes stockeurs est compliquée. Nous nous tournons donc vers la diversification pour pallier les années difficiles », conclut Laurent Bué.
Lire aussi : Les importations de tourteaux progressent de 40 % sur le port de Sète en 2024
Des capacités de stockage revues à la baisse avec la flambée des coûts des matières premières
« Avant la pandémie de Covid-19, nous comptions investir 18 millions d’euros pour une capacité de stockage de 49 000 t », révèle le directeur de Nord Céréales. La forte hausse des prix des matériaux de construction a fini par porter le coût du projet à 22,5 millions d’euros pour les 30 000 t de stockage et la tour.