Nicolas Sarkozy veut une nouvelle Politique agricole commune
A Rennes, le Président français a prononcé son premier discours agricole

PRODUIRE PLUS. Très attendu depuis son annonce de réforme de la Politique agricole commune devant le Medef, le président de la République française a choisi le salon de l’élevage de Rennes (Space) pour présenter sa vision de ce que doit être la Pac.
Rupture agricole
Fidèle à son tempérament, Nicolas Sarkozy est pressé de rompre avec « le malthusianisme, avec le conservatisme, avec l’immobilisme, parce qu’il n’y a pas de révolution économique qui ne commence par une révolution dans les esprits » a-t-il affirmé. Et la hausse des prix tombe au bon moment pour le Président qui se pose en réformateur de la Politique agricole commune. « Pour la première fois depuis quarante ans, les prix mondiaux sont supérieurs aux prix européens dans de nombreuses productions. Certains nous recommandaient d’attendre. (…) Pourquoi attendre ? Je veux une nouvelle Pac, parce que je n’ai pas l’intention de laisser tomber les agriculteurs qui ne veulent pas être des assistés, qui ne veulent pas vivre de subventions, ... qui ne veulent plus être contrôlés sur la longueur du poil des animaux » a-t-il ironisé. Il a poursuivi en annonçant « vouloir préparer à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne un nouveau cadre politique pour notre agriculture en Europe ». Pour Nicolas Sarkozy, la future Pac devra « assurer l’indépendance et la sécurité alimentaire de l’Europe, contribuer aux équilibres alimentaires mondiaux, préserver les équilibres des terri toires ruraux et participer à la lutte contre les changements climatiques et à l’amélioration de l’environnement ».
De biens beaux objectifs, mais parfois contradictoires. Comment conjuguer productivisme et respect de l’environnement ? Comment maintenir la préférence communautaire tout en voulant être présent sur les marchés internationaux ? Et tout cela sans aides, par la seule rémunération des prix agricoles ? Des questions auxquelles le gouvernement devra répondre très rapidement, sans oublier que, sur ces questions de compétence européenne, les autres états membres auront leur mot à dire.
Un public conquis malgré quelques maladresses
Le discours prononcé était finalement très proche de celui de la Convention pour l’agriculture de l’UMP organisée en octobre 2006 (des paragraphes complets ont été repris). Certains éléments ont toutefois été oubliés par Nicolas Sarkozy, depuis son arrivée à l’Elysée, notamment l’Agriculture biologique qui n’a pas du tout été évoquée alors qu’il souhaitait la développer massivement pendant sa campagne électorale. Même chose pour les OGM, le terme n’a pas été prononcé par Nicolas Sarkozy qui s’interrogeait sur leur intérêt il y a encore quelques mois. à Rennes, il n’aura été que question des biotechnologies pour lesquelles la recherche doit se poursuivre. Plus étonnant, l’absence du mot «élevage» dans le discours du Chef de l’état qui s’est contenté de vanter les mérites de la hausse des prix des matières premières… qu’achètent justement les éleveurs. Une faute de communication qui n’aura pas empêché l’assistance d’applaudir les déclarations de Nicolas Sarkozy, apparemment toujours bien accepté par le monde agricole en général.