Nicolas Sarkozy veut rénover la Pac et reste prudent vis à vis de l’OMC
Pour son premier salon international de l’agriculture en tant que président de la République française, Nicolas Sarkozy a privilégié le discours politique à la rencontre avec le monde agricole

LE SIA 2008 a été l’occasion pour Nicolas Sarkozy de réaffirmer ses différences avec ses prédecesseurs. Et sur la forme au moins, le tournant est magistral. Alors que Jacques Chirac se plaisait à déambuler pendant plusieurs heures dans les allées du salon serrant des mains, caressant les bêtes ou dégustant les produits régionaux, le nouveau président n’est finalement resté que deux petites heures dans la plus grande ferme de France. Mais si Nicolas Sarkozy s’est montré peu démonstratif dans l’exercice de communication auprès de la profession agricole, il a marqué cette édition 2008 par un long discours, une première au salon internationale de l’agriculture.
« Convaincu que la Pac doit être rénovée »
La Politique agricole commune a été largement évoquée par le nouveau président, qui entend engager « une véritable rénovation » de la « première politique européenne ». « Convaincu que la Pac doit être rénovée », Nicolas Sarkozy propose que « deux exercices de nature différente soient conduits par la présidence française, dès le 1er juillet de cette année ». La négociation du bilan de santé de la Pac, qui s’achèvera au second semestre 2008, sera « l’occasion d’engager, dès 2009, une véritable refondation des modalités de mise en oeuvre de la Pac dans notre pays, qui se fera en totale cohérence avec nos objectifs politiques de 2013 », a assuré Nicolas Sarkozy. Au niveau européen, il souhaite défendre « le double objectif d’une meilleure gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques, et du maitien de la production dans les territoires fragiles ». Pour cela, il devrait proposer « une discussion sur un nouveau cadre politique appliquable en 2013 pour l’agriculture », « afin de donner une cohérence nouvelle à la Pac, en se mettant d’accord sur les objectifs qui doivent la guider ». « La discussion sur le budget viendra après ; le budget c’est la conséquence, la cause, c’est les objectifs », a estimé le président de la République.
Pour ce dernier, la nouvelle Pac devra assurer quatre objectifs. La sécurité alimentaire d’abord, avec « un approvisionnement régulier, accessible, garanti sur le plan sanitaire », défendant « l’alimentation dans sa diversité, ses goûts et ses saveurs ». Deuxièmement, la Pac devra « participer aux équilibres alimentaires mondiaux » en maintenant son agriculture afin de répondre aux besoins de la planète. Ensuite, la politique agricole européenne contribuera à « la lutte contre le réchauffement climatiques et à l’amélioration de l’environnement ». Enfin, le président a insisté sur « l’équilibre des territoires » que devra garantir la Pac.
Pour conclure, Nicolas Sarkozy a tenu à réaffirmer l’importance de la préférence communautaire, pilier de la politique de l’UE, et a souhaité « une gestion des marchés responsabilisant davantage les agriculteurs et les filières ».
« Nous sommes acteurs de l’OMC »
Concernant l’Organisation mondiale du commerce et les négociations qui s’y jouent, Nicolas Sarkozy a regretté que « l’Europe accepte des concessions toujours plus importantes sans aucun retour » et a demandé que « les négociations au sein de l’OMC repartent sur des bases plus saines, sur des objectifs clarifiés ». Et de promettre : « Le gouvernement de la République française s’opposera fermement à tout accord qui sacrifierait les intérêts de l’agriculture française et europenne ».