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Alimentation animale
Nécessité de trouver de nouvelles ressources en matières premières

Les fabricants d’aliments s’interrogent sur les capacités d’approvisionnement pour fournir la demande croissante en produits animaux. En France, volatilité des prix et autorisations règlementaires commandent le quotidien des acheteurs.

La consommation mondiale en produits animaux va poursuivre sa croissance, œufs en tête. Ceci donné, la concurrence pour les approvisionnements des élevages se pose avec une acuité croissante face aux concurrences des autres utilisations. L’alimentation animale doit mobiliser notamment sa capacité à valoriser les coproduits des industries alimentaires ou énergétiques pour conserver sa justification sociétale face à la montée en puissance des anti-viande.

Une souplesse bridée
    Comme le rappelait Olivier Lapierre (Céréopa) lors de la dernière assemblée générale du Snia, le métier du fabricant d’aliment est d’assembler des matières premières pour assurer les apports nutritionnels aux animaux, apports adaptés selon l’âge et les conditions d’élevage de chacun. Mais pour parvenir à cet objectif, il lui faut une souplesse suffisante dans ses approvisionnements, souplesse bridée par les contraintes réglementaires (d’où le nouveau catalogue européen des matières premières), les distorsions entre voisins (les Espagnols utilisent les graisses animales produites en France mais qui n’y trouvent pas de débouchés), la disponibilité (drêches ou glycérol) et les prix relatifs. L’art du formulateur est une combinatoire complexe. Et les approvisionnements, de potentielles sources de danger allant jusqu’à des mises en examen (certains industriels français en ont fait les frais dans les années 2000, lors de la crise de l’ESB). Les actions collectives de contrôle de qualité comme Oqualim (mutualisation des analyses par les fabricants d’aliments) et les débats actuels autour de l’éventuel retour des farines animales, évoqué par la Commission européenne dans sa feuille de route de juillet 2010 et dans le groupe de travail du Conseil national de l’alimentation dont le rapport final est attendu en septembre, montrent tous les enjeux d’une maîtrise sanitaire (et sociétale) des achats.

Des ressources nouvelles
    Lors du récent Victam (début mai à Cologne, Allemagne), pourtant habituellement plus tourné vers la technologie de production des aliments pour animaux, les ressources en matières premières mobilisaient dans les conférences comme sur les stands. Les ressources maritimes attisent les convoitises. Ainsi, le krill se propose non seulement à l’aquaculture en alternative aux farines de poisson mais aussi sous forme d’hydrolysats. Et le potentiel des algues impressionne. La société irlandaise Ocean Harvest a par exemple mis au point un procédé de séchage et de mélange de différents types d’algues (seafed) dont le profil, riche en oligoéléments, en minéraux et en vitamines (sauf celles du groupe B) s’avère intéressant non seulement en alimentation des poissons mais également des ruminants. Le coût n’est pas encore compatible avec la production d’aliments pour animaux de rente, mais si les prix des minéraux devaient s’installer durablement dans la fourchette haute, cette source trouvera toute sa place. Il est en effet ici non pas question de prélèvement dans la nature, mais d’une véritable agriculture de l’algue avec sélection des espèces et zones de cultures dans les pays en voie de développement.

Des modèles d’agriculture durable ?
    Et le débat est bien plus large : la Chine consomme actuellement plus de la moitié des graines de soja mondiales, en assurant la trituration dans ses propres sites. Et les pressions sur les terres arables disponibles sont incontestables partout dans le monde, à tel point que la presse grand public s’est saisie du sujet. Au Cambodge, par exemple, une équipe du Cirad tente de proposer un modèle de production alternatif à l’épuisement des sols. Car la progression à deux chiffres de l’alimentation animale en Asie du Sud-Est incite les voisins (thaïs, vietnamiens, chinois voire indiens) à utiliser ce pays, qui dispose des réserves foncières parmi les plus importantes du monde, comme une source d’approvisionnements de maïs, soja et manioc, voire de riz, quitte à lui vendre des produits animaux finis. Surtout que la population agricole a été réduite drastiquement dans les années 70 à 90 par les différentes guerres civiles. Le Cirad déploie ici une méthode qui a fait ses preuves dans d’autres zones du monde : dans le cadre du Padac (Projet d’appui au développement de l’agriculture du Cambodge), il vise à une diffusion à grande échelle de techniques d’agriculture de conservation (semis direct sur couverture végétale) et a démarré à des échelles pilotes significatives (400 à 500 hectares). L’une des difficultés est la diffusion de ces techniques dans la population rurale, qui prend nécessairement du temps et demande de la persévérance, face à un modèle d’agriculture intensive (10.000 hectares de concessions d’hévéa par exemple) aux mains d’opérateurs étrangers. 

Une solution au moins partielle en local ?
    Finalement, d’autres solutions sont explorées. Ainsi, le “contrat bien dormir” que les fermiers de Loué ont lancé en février dernier en direction des fournisseurs locaux de céréales propose de lier durant cinq ans productions végétales et productions animales avec un prix plancher de 130 €/t et un prix plafond de 200 €/t de blé. Alain Allinant, son président, rappelait, lors de leur récente assemblée générale le 26 mai, que le contrat couvre déjà 20.000 des 200.000 t qui leur sont nécessaires., en espérant qu’« un jour peut être, 100 % de nos besoins seront couverts par ce genre de contrat qui permettra d’atténuer les excès des cours mondiaux ».

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