Futurol
Multiplication des opportunités
Après cinq ans de recherche en laboratoire et de développement en pilote pré-industriel, les 11 partenaires de Futurol sont en phase de “go/no go” afin de définir la suite à donner au projet. Le prototype industriel planifié pour 2015 verra le jour sous une forme plus compacte, pour tenir compte de la simplification du procédé de transformation de la biomasse en éthanol, mis au point par les 105 chercheurs du programme.





« Fin 2013, des découvertes sur les trois points clef de notre process ont apporté des ruptures d'innovation – que nous ne mesurons pas forcément – qui ont conduit à mettre au point un procédé de production d'éthanol à partir de biomasse d'une grande simplicité, nous permettant d'envisager la construction d'usines de petites capacités, dévoile Benoît Trémeau, secrétaire général de SAS Procéthol 2G. Une véritable révolution qui nous amène à modifier notre vision du projet Futurol. » Les partenaires sont en pleine phase de réflexion sur l'évolution du projet, qui « devrait déboucher cet été sur la décision de construire, d'ici à 2015, un pilote industriel, sous-dimensionné par rapport à l'échelle 1/1000e prévue initialement (180.000 l/an, NDLR), plus en phase avec les besoins de nos clients potentiels ». En attendant sa mise en activité, « une étape intermédiaire de renforcement du prototype pré-industriel » est programmée, afin « de gagner du temps en capitalisant sur l'outil existant ». La première unité à vocation industrielle est toujours programmée en 2016, « sur le site d'un des partenaires ou d'un client extérieur ».
Des usines de petite capacité...
« Notre ambition est de maîtriser toute la chaîne de valeur, en travaillant sur la valorisation à l'extrême de toutes ses étapes unitaires. » L'intégration des procédés, de la production de la biomasse au biocarburant, a permis de gagner progressivement en prix de revient. « En 2008, un litre d'éthanol 2G ou cellulosique nous coûtait 4 €/l, à comparer au prix de l'éthanol à Rotterdam qui cote aux environs de 0,60 €/l, précise Benoît Trémeau. Aujourd'hui, nous sommes bien en-dessous de l'euro, et légèrement au-dessus de l'éthanol 1G. »
La simplification du process permet d'envisager d'installer de petites unités de bioéthanol, au pied des usines de transformation.
Par ailleurs, « d'une usine complexe, d'une capacité minimale de 160 à 180.000 t/an de production d'éthanol (en lien avec son optimum économique, NDLR), nous pouvons désormais envisager l'implantation de petites unités d'un quart à un dixième de taille, qui coûtent moins cher en termes d'investissement et de fonctionnement », explique le dirigeant. Ce qui ouvre de larges opportunités en termes de développement.
.... au plus près de la biomasse
« Notre cahier des charges prévoyait d'avoir une polyvalence d'approvisionnement pour ne pas destructurer les filières existantes et à créer », insiste Benoît Trémeau, secrétaire général de SAS Procéthol/Projet Futurol. Aussi le prétraitement est assez souple pour transformer toutes sortes de biomasse (pulpe de betterave, bagasse de canne à sucre, bois...), en un produit unique qui ressemble à du marc de café. » Les enzymes vont ensuite intervenir sur la cellulose et l'hemicellulose, qu'il renferme, « pour couper –telle une paire de ciseaux– ces très longues chaînes de sucres entremêlées, en sucres simples ». Les levures vont alors les fermenter pour donner de l'éthanol qui, au-delà de sa vocation de carburant, pourra être utilisé comme molécule d'intérêt pour la chimie verte. « Nous avons la chance d'avoir des enzymes très performantes à un coût fort sympathique, et des levures remarquables aux résultats uniques au monde. »
Ces petites installations pourront être construites près des gisements de biodéchets et/ou coproduits de la première et deuxième transformations, ou des lieux de production de cultures dédiées. « Notre rayon d'approvisionnement optimal est de 50km, souligne Benoît Tré-meau. Au-delà, le coût économique et écologique devient de plus en plus lourd et plombe les bilans ».