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Moyen-Orient : la baisse de la production de céréales devrait occasionner une hausse des importations

En Turquie, Liban, Syrie, Iran, Irak et Arabie saoudite, les récoltes de blé et d’orge sont en recul de 14 % par rapport à l’an passé. Dans ce contexte, les importations devraient bondir de 41 % sur la zone, avec un doublement des flux de blé à destination de la Turquie.

Chargement de blé sur un bateau à destination du Moyen-Orient.
Les importations de céréales du Proche-Orient et du Moyen-Orient devraient progresser en 2025-2026.
© G. Lefèvre

Le dernier rapport de l’USDA signale une baisse de la production de blé de 12 % au Proche-Orient et au Moyen-Orient, après le niveau élevé de 2024-2025. Le volume de la récolte est attendu en légère baisse de 1 % par rapport à la moyenne quinquennale. En ce qui concerne l’orge, la production a souffert de conditions hydriques difficiles et devrait reculer de 20 % d’un an sur l’autre, soit 15 % de moins que la moyenne quinquennale. Ce retrait de la production de céréales dans la zone explique en partie la progression des importations (+61 % en blé et +10 % en orge par rapport à la campagne précédente). Celles-ci devraient notamment rebondir en Iran après l’excellente récolte de 2024. L’augmentation des importations turques attendue en blé s’explique aussi par un changement dans la réglementation sur l’approvisionnement des meuniers qui produisent de la farine pour les marchés à l’exportation.

Lire aussi : Moisson 2025 en Afrique du Nord : malgré la progression de la production de céréales, une hausse des importations à prévoir en 2025-2026

Des récoltes turques affectées par la sécheresse

Si le rapport Wasde de l’USDA est encore plutôt conservateur sur la moisson turque de blé, celle d’orge a été évaluée en baisse à 6,1 Mt (soit 13 % de moins que l’an passé). En revanche, l’attaché agricole de l’USDA à Ankara était plus pessimiste dans son rapport du 3 juillet. La production de blé (tendre et dur) était ainsi attendue à 16,3 Mt (dont 3,6 Mt de blé dur), en recul de 15 % d’un an sur l’autre. Celle d’orge est vue à 5,1 Mt, en baisse de 28 % par rapport à 2024. Le blé dur a moins souffert que le blé tendre et l’orge, davantage irrigués. 

Les autres cultures de céréales ont fortement pâti de la sécheresse, comme le mentionne le dernier rapport de MED-Amin sur l’état des cultures en Méditerranée du 30 juin dernier : « Dans l’ensemble, les perspectives nationales pour les cultures non irriguées sont négatives, en raison des impacts généralisés du stress abiotique dans les régions centrale et sud-est. Les parcelles irriguées devraient mieux s’en sortir, mais leur contribution à la production nationale demeure limitée », rapporte le correspondant national. 

De son côté, la Commission européenne dans son rapport Mars du 25 juillet prévoit « des rendements proches de niveaux historiquement bas ». Si les perspectives étaient bonnes en maïs jusqu’à mi-juillet, le déficit de précipitations a dégradé les potentiels de rendement. Et ce, alors que les producteurs turcs sont eux aussi touchés de plein fouet par l’effet ciseau. En Turquie, le TMO (Office des produits du sol) a d’ailleurs augmenté de 41 % ses prix d’achat en blé tendre et de 31 % en blé dur, pour compenser la hausse des prix des intrants.

Forte hausse des importations de blé turques à prévoir

Outre la baisse de la récolte de céréales, les meuniers turcs sont également confrontés à une modification du régime de perfectionnement actif, qui leur permet d’importer des volumes de blé sans taxe, pour les réexporter sous forme de farine. Ils étaient auparavant obligés par la loi d’assurer un certain pourcentage de leur approvisionnement avec du blé local, mais cette condition a été levée, ce qui devrait encore plus stimuler les importations afin de combler les besoins des outils industriels turcs. L’attaché USDA voit ainsi les importations de blé à 10,3 Mt en 2025-2026, contre 3,2 Mt en 2024-2025. La Turquie ne devrait par ailleurs pas retourner sur le marché à l'exportation du blé dur cette campagne.

Les importations turques de blé et d'orge sont attendues en hausse en 2025-2026 par l'USDA (source : USDA)

Dégâts de sécheresse au Liban

Selon le rapport MED-Amin, les conditions sèches dans le sud du Liban au printemps et en été devraient occasionner des fortes baisses de rendement en blé tendre et blé dur. Le correspondant local parle même « d’abandons de culture ». Les cultures d’orge ont cependant un peu moins souffert.

Lire aussi : Prix du blé : marché attendu très lourd en 2025-2026, qui risque de peser sur les cours

Récolte catastrophique en Syrie

Dans un pays déjà meurtri par la guerre, la moisson de céréales en Syrie s’annonce très mauvaise. Comme dans tout le Proche-Orient, les cultures ont été très affectées par la sécheresse. La FAO s’attend ainsi à une production de blé à 900 000 t contre 1,93 Mt en 2024-2025 et 2,116 Mt en moyenne, ainsi que 100 000 t en orge contre 1,1 Mt en 2024-2025 et 1,001 Mt en moyenne. L’organisme international s’inquiète pour la sécurité alimentaire des Syriens, dont la moitié de la population seraient affectés. Un membre du gouvernement syrien a ainsi déclaré mi-août à Reuters que le gouvernement s’était procuré seulement 372 000 t de blé local, soit la moitié du volume de l’an passé.

Abandon de l’origine russe pour les importations syriennes

Par conséquent, les besoins d’importation du pays sont en nette hausse sur 2025-2026, estimés à 2,55 Mt par le ministère de l’Agriculture. « Pour garantir la sécurité alimentaire nationale, le ministère s’engage dans des importations de blé en provenance d’acteurs clés comme l’Ukraine et la Roumanie », a-t-il déclaré. Après avoir représenté un débouché important pour la Russie sous Bachar-el-Assad, la Syrie boude désormais cette origine.

Lire aussi : Exportation de céréales : « La compétitivité de la France sur la Chine dépendra de la concurrence de l’Australie et de la Russie »

Recul de la production en Irak

En Irak, le ministère de l’Agriculture estime la récolte locale de blé 5,12 Mt au 27 juillet dernier, contre 5,4 Mt en 2024-2025, au même niveau que le CIC (Conseil international des céréales). L’USDA est beaucoup plus pessimiste. Pour la structure états-unienne, la production de blé est attendue en baisse de 27 % après la bonne récolte de 2024 (-2 % par rapport à la moyenne quinquennale). Celle d’orge est vue à 650 000 t, en déclin par rapport au niveau exceptionnel de 2024 à 1,4 Mt.

Hausse des importations irakiennes

Le CIC évalue les importations du pays à 2,1 Mt en 2025-2026, contre 1,5 Mt l’année précédente. L’USDA les voit à 3 Mt, en lien avec l’estimation moins optimiste du niveau de la production. Et ce, même si le ministre irakien du Commerce Atheer Al-Ghurairy affirmait que les réserves stratégiques de blé se montent à 5,5 Mt, suffisantes pour combler un an de demande intérieure.

Lire aussi : Nord Céréales : chute de 70 % de ses exportations céréalières en 2024-2025

Baisse de la récolte de blé de 31 % en Iran

En Iran, la production de blé a été annoncée fin août en baisse de 31 % par rapport à 2024, à 11 Mt contre 16 Mt en 2024 par le président du syndicat des producteurs de blé iraniens, Ataollah Hashemi. « Les achats de blé gouvernementaux ont chuté de 36 % à 7,6 Mt », rapporte-t-il dans une déclaration reprise par Press TV. Cela devrait signer le retour des importations iraniennes de blé à 3 Mt en 2025-2026, contre 900 000 t en 2024-2025, selon l’USDA.

La croissance de la population et de l’économie saoudienne soutient les besoins d’importations

Si la production locale de blé en Arabie saoudite est évaluée par la FAO à 1,6 Mt, en hausse par rapport au niveau de 1,320 Mt de 2024, les importations saoudiennes de blé tendre devraient être stables en 2025-2026, à 3 Mt selon l’USDA. Le site Business Wire signale en effet que le marché saoudien de la farine devrait prendre de l’ampleur sur le long terme, avec la croissance de la population et le changement des habitudes alimentaires. Le marché de la farine en Arabie saoudite pourrait ainsi être évalué à un milliard de dollars de plus en 2033 par rapport à 2024. En ce qui concerne les origines, Ilya Ilyushin, chef du centre fédéral russe Agroexport, a laissé entendre à l’agence Interfax que le marché saoudien représentait un fort potentiel d’exportation pour la Russie. 

Poursuite de la baisse des importations d’orge en Arabie saoudite

Les mutations de l’élevage saoudien devraient continuer d’orienter à la baisse les approvisionnements du Royaume en orge. Pour l’USDA, ceux-ci devraient reculer en 2025-2026 de 9,5 % par rapport à 2024-2025, à 3,8 Mt, contre 4,3 Mt pour la moyenne des cinq dernières années.

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