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Moisson 2022 : « des rendements de céréales encore plus hétérogènes que d’habitude »

Le président de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) Eric Thirouin craint une forte variabilité des situations financières des céréaliers français, en plus d'une hétérogénéité des rendements.

© Hans-Pixabay

La récolte de blé tendre 2022 sera sans doute moins bonne que celle de 2021, à cause de la sécheresse printanière. Eric Thirouin, président de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) craint « une hétérogénéité des rendements plus forte que d’habitude, et ceux d’un département à l’autre, et même d’une parcelle à l’autre ». Il est en accord avec les propos de Jean-Charles Deswartes, ingénieur d’Arvalis Institut du Végétal, à savoir que la vague de chaleur actuelle ne devrait pas causer trop de dégâts dans l’ensemble, à moins qu’elle ne dure plus longtemps et qu’elle ne soit plus intense que prévu.

 

 

Eric Thirouin s’est refusé à donner des chiffres précis de perspectives de moissons de blé tendre 2022, se contentant d’indiquer que le chiffre d’Agritel de 33,3 Mt faisait partie du champ des possibles. « Les rendements 2022 devraient être moins bons que 2021, sans être dramatiques en moyenne. Il faut attendre juillet pour en savoir plus », précise-t-il.

Le président de l’AGPB confirme donc que les volumes de blé tendre 2022 devraient être inférieurs à ceux de la moyenne habituelle. Mais il tient à préciser que « les situations sont très diverses. Il y a ceux qui ont reçu les pluies bénéfiques début juin, qui devraient soulager les cultures dans certaines situations. Mais il y a aussi ceux qui ont reçu la grêle, qui n’ont pas reçu d’eau… Des agriculteurs vont avoir de grosses pertes dans certains cas, avec parfois des baisses de rendements de 20 % par rapport à l’an dernier voire plus, et d’autres qui vont en obtenir de meilleurs que l’an passé ».

Dernier élément à surveiller: les risques d'incendies, qui peuvent survenir en période chaude et sèche durant les moissons, relève Eric Thirouin.

Selon le rapport hebdomadaire de Céré’Obs de FranceAgriMer (Fam) du 17 juin, les conditions de cultures de blé tendre sont bonnes à très bonnes dans 65% des cas en semaine 23, contre 66% en semaine 22, et 81% l’an dernier à pareille époque.

Les récoltes d’orges d’hiver ont débuté. Céré’Obs juge les coupes faites à 2 % lors de la semaine 23. Le temps chaud et sec de cette semaine 24 a naturellement fait évoluer ce chiffre. « Tous les agriculteurs que j’ai pu contacter sont déçus par les rendements, les calibrages... Mais cela ne présage en rien de la suite, puisque les premières coupes concernent les parcelles qui ont le plus souffert du sec », déclare Eric Thirouin. Il ajoute que les moissons dans la zone sud-Centre (Loiret, Loire-et-cher, Poitou-Charentes…) étaient bien avancées, mais que bon nombre de parcelles restent à faucher.

Fam juge les conditions de cultures d’orge d’hiver bonnes à très bonnes dans 63 % des cas en semaine 23, contre 64% des cas en semaine 22 (76 % en 2021).

Les orges de printemps sont les cultures qui inquiètent le plus. Fam le confirme, estimant que seulement 54% d'entre elles se développent dans des conditions bonnes à très bonnes, contre 53% la semaine antérieure, et 86% en 2021.

Quant au blé dur, 61% des cultures évoluent dans des conditions bonnes à très bonnes, contre 62% la semaine passée, et 70% en 2021. Les récoltes ont déjà commencé dans le sud du pays.

En maïs, 87% des plantes poussent dans des conditions bonnes à très bonnes, contre 88% précédemment, et 90% en 2021.

Des agriculteurs ont bien vendu, d’autres n’ont pas eu cette chance

Mais un autre sujet inquiète le président de l’AGPB, à savoir la variabilité des situations financières des producteurs de blé tendre et de céréales en général. « Certains ont vendu en 2021, en été notamment, période durant laquelle les prix du blé tendre n’étaient pas très hauts, à 180-200 €/t. D’autres ont vendu au printemps 2022, à 350-380 €/t. Ainsi, certains vont se retrouver dans une situation de trésorerie très difficile, et d’autres seront très bien, soit des écarts colossaux de revenus », alerte-t-il.

Le président de l’AGPB rappelle par ailleurs que certains agriculteurs s’étaient engagés à 30% avant la récolte 2022, mais ont subi de gros dégâts (sec, grêle…). « Un céréalier qui s’est engagé à 30-40% avant la récolte et qui a reçu de la grêle peut se retrouver avec 60% d’engagement au final », conclut-il.

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