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MEUNERIE Joseph Nicot : « il faut croire en notre métier »

Le nouveau président de l’ANMF, également président de Banette, livre à La Dépêche/Le Petit Meunier ses premières impressions et sa feuille de route sur son rôle pour la meunerie française

Quels sont vos projets ou orientations pour l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) ?

Joseph Nicot : Cela fait déjà quelques années que je suis administrateur de l’ANMF. Je suis donc censé savoir ce qui s’y passe et les actions qui y sont menées. Mais je suis aussi censé les avoir influencées. À partir de là, il est clair que ce n’est pas parce que l’on devient président que l’on arrive avec des idées nouvelles. Par ailleurs, la présidence de Michel Deloingce a été pour le moins dense, active, où beaucoup de dossiers ont été réglés. Nous avons donc à amplifier certains mouvements initiés, à s’adapter à des évolutions extérieures dont nous sommes dépendants et nous avons certainement à prendre des initiatives que Michel Deloingce n’a pas eu le temps de décider. Le plus important pour moi, c’est de garder la cohésion de la meunerie française et renforcer le rôle prépondérant de l’Association. Vous savez, en tant également que fabricant d’aliment du bétail, j’ai vu les désavantages terribles d’avoir deux syndicats, le Snia et le Syncopac, qui n’ont jamais pu s’entendre pour fusionner ou du moins se rapprocher. Je m’attacherais donc à pérenniser l’ANMF et sa cohésion tout en précisant que cela nécessite de la part des meuniers un certain nombre de réflexions à ce sujet. Il est clair qu’aujourd’hui les besoins des petits meuniers et des entreprises plus importantes sont différents. Mais il faut que les uns et les autres reconnaissent leurs spécificités pour que les problèmes puissent se régler ensemble. J’ai des contacts avec des petits meuniers, avec la MPMF comme avec des meuniers beaucoup plus importants. Mon rôle premier sera donc de garder et défendre l’intérêt de chacun, dans un esprit de tolérance, dans un schéma d’ouverture.

La meunerie française a traversé de graves crises ses dernières années, et se retrouve maintenant face à d’autres défis, comme par exemple la gestion de marchés excessivement volatils. Quel rôle souhaitez-vous voir jouer par l’ANMF dans ce cadre ?

J. N. : L’ANMF a un rôle prépondérant par rapport à cette nouvelle donne. Nous avons donc commencé par activer une fonction d’information de telle sorte que les meuniers puissent trouver en l’Association un condensé d’informations sur l’évolution du marché du blé en compléments de celles qu’ils trouvent dans les journaux professionnels et auprès des courtiers. Il me paraît indispensable de demander à nos services économiques de prendre l’initiative d’informer les meuniers sur tout ce qui peut influencer les marchés. Puis, nous devons mettre en garde nos adhérents sur le fait que l’on peut s’attendre à ce que les systèmes contractuels, que nous avons aujourd’hui, évoluent fortement, parce qu’inadaptés. Les relations entre opérateurs ont totalement changé, il faut donc s’adapter à la nouvelle donne commerciale. Tout cela va encore évoluer. Cela veut dire que les meuniers doivent prendre en considération qu’il doivent passer plus de temps à l’élaboration de leurs contrats et que ces derniers doivent être exécutés scrupuleusement selon les écrits. Ce n’est pas par hasard, et c’est symptomatique, qu’aucun meunier ne participe aux réunions de la Chambre arbitrale. Ce n’était pas notre souci, il va falloir que ça le devienne.

Nous devrons mettre en place des formations avec la Chambre arbitrale. Je compte aussi sur les courtiers pour qu’ils nous aident à sensibiliser les meuniers au respect et à l’utilisation des nouveaux contrats commerciaux. Je considère aussi que les meuniers devront se renseigner ou se rapprocher des opérations effectuées sur les marchés à terme. Le marché à terme est là pour que les industriels puissent sécuriser leurs marchés et faire prendre le risque par d’autres. Donc il serait naturel que nous connaissions les mécanismes du marché à terme et que des meuniers puissent y intervenir. Nous avons intérêt à nous y intéresser fortement.

Quelle est votre position concernant l’aval de la filière et vos rapports avec la boulangerie artisanale et industrielle ?

J. N. : Effectivement, nous avons été initiateur de l’Observatoire du pain et du Comité scientifique. Depuis un an, nous avons le plaisir d’avoir avec nous la boulangerie artisanale. Mais c’est un partenaire d’aujourd’hui. Nous devons donc valider avec la Confédé-ration nationale de la boulangerie-pâtisserie française et son président, Jean-Pierre Crouzet, la possibilité d’élargir cet esprit de filière. Les choses risquent de bouger dans les mois qui viennent, et nous verrons comment nous adapter.

Nous sommes dans tous les cas très satisfaits, après dix mois de travail, des retombées des premières actions de l’Observatoire du pain auprès des professionnels de santé. Quant à la campagne de communication, elle s’installe petit à petit, c’est un peu plus long que prévu, mais de plus en plus de boulangers y participent.

Si vous aviez un message à faire passer aux meuniers français ?

J. N. : Il faut croire en notre métier, qui permet aujourd’hui à des structures de toutes dimensions de s’exprimer. Et je pense que les meuniers ont la chance de disposer d’une organisation syndicale structurée, organisée et qu’en dépit des critiques que l’on peut faire, l’ANMF s’appuie tout de même sur cette diversité d’entreprises qui en fait sa richesse. J’ajouterais que pour le bon fonctionnement de nos entreprises et de notre organisation professionnelle, une implication des meuniers au niveau régional est indispensable. Je m’attacherais à ce que les régions soient plus animés qu’elles ne le sont actuellement, notamment par l’intervention régulière dans les réunions régionales des permanents de l’ANMF.

L’Ecole nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières (Ensmic), est maintenant transférée sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et au sein de l’Enilia à Surgères. L’ANMF avait une part très active auprès de l’Ensmic, comment considérez-vous vote rôle désormais ?

J. N. : L’Ensmic était la dernière école des métiers. Elle relevait de ce fait du ministère de l’Education nationale. Nous sommes satisfaits de son transfert sous la responsabilité du ministère de l’Agriculture. Elle a été effectivement déplacée à Surgères, mais la meunerie poursuivra ses relations avec l’Ensmic, sous d’autres formes certainement qu’auparavant, mais c’est notre intérêt de garder un contact actif avec l’Ecole. C’est d’ailleurs l’occasion d’avoir une passerelle avec nos collègues de l’alimentation animale, l’Ensmic ayant la particularité de former à peu près un tiers de ses effectifs aux techniques et métiers de ce secteur, même si la meunerie était la seule à s’y impliquer financièrement. J’appelle donc le Snia et le Syncopac à nous rejoindre dans un projet commun pour revaloriser l’Ensmic.

Quels rapports comptez-vous développer avec le secteur de l’alimentation animale ?

J. N. : Nous avons des synergies certainement à rechercher avec les entreprises d’alimentation animale. Nous avons d’ailleurs une convention collective commune. Il serait intéressant d’entrevoir des collaborations sur certains points qui sont communs à nos entreprises et à nos métiers.

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