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Marché des grains : les indicateurs à surveiller en 2017

La production de grains en Ukraine, les surfaces de soja, les politiques entreprises par Xi Jinping et Donald Trump seront déterminants dans l’évolution des prix des grains durant l’année 2017.

Le sentiment pour de nombreux opérateurs concernant les fondamentaux sur le marché des céréales est neutre à légèrement baissier pour 2017, et assez haussier en oléagineux. En effet, les stocks mondiaux de blé augmentent, le marché est particulièrement lourd en maïs, et l’orge n’est guère plus animée selon François Luguenot, responsable Analyse des marchés chez InVivo Trading. « Ce qui se passe sur la récolte 2017 dans l’hémisphère Nord n’est pas alarmant du tout. Nous sommes donc plutôt dans un sentiment baissier même si un accident peut arriver chez un des gros producteurs. Attention toutefois, ça ne devrait pas tomber plus bas car, par endroits, les prix de vente sont déjà inférieurs aux coûts de production », a-t-il indiqué lors de la session Matières Premières de l’Aftaa (Paris, 26 janvier).

Le soja, nouveau sous-jacent des céréales ?

François Luguenot estime que de nouveaux indicateurs à suivre émergent aux côtés des stocks et des événements climatiques, comme l’apprentissage de nouvelles origines par nos clients, les investissements en mer Noire et le soja. Concernant ce dernier, face à l’appétit chinois, qui croît d’année en année, les surfaces cultivées évoluent en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud, faisant varier par ricochet celles de blé et de maïs. « Désormais, quand on traite du maïs et du blé, on traite un sous-jacent qui est le soja », constate François Luguenot. « La demande ne devrait pas faiblir en Chine, avec la hausse des dépenses favorisant la croissance intérieure […]. Ainsi, le pays, qui augmente sa consommation de viande, devrait continuer à accroître ses achats de soja », a expliqué Philippe Chalmin, économiste et président fondateur de Cyclope, lors du Paris Grain Day (26 et 27 janvier). Ce qui justifie la vision plutôt haussière du marché concernant l’oléagineux.

La mer Noire, le nouveau driver

« En France comme dans l’UE, ce qui fait le prix, c’est l’export. Or, à l’export, c’est l’Ukraine qui fait le marché », ajoute François Luguenot. La mer Noire s’installe et dispose encore de réserves de productivité. L’Ukraine comme la Russie investissent tant en agronomie qu’en logistique et en tri. « Leur part de grains punaisés n’est plus rédhibitoire pour l’Algérie. Ils ont également moins de grains cassés que nous et de très bonnes teneurs en protéines. Or, chaque fois que la France trébuche comme en 2014 avec son Hagberg aux enfers ou en 2016, nos clients vont voir chez les voisins, d’abord l’Allemagne, qui a développé des outils d’exportation très performants ou désormais la mer Noire. Même s’ils ont un peu de réticence au début, ils apprennent à s’adapter et seront d’autant plus difficiles à reconquérir ensuite », alerte François Luguenot.

Xi Jinping, le Yin, Donald Trump, le Yang

Au niveau macroéconomique, Philippe Chalmin estime que les actions des dirigeants chinois et états-uniens seront à surveiller de près. « Xi Jinping représente le calme, la résilience, défendant l’ordre mondial, alors que Donald Trump est l’élément imprévisible », indique-t-il. L’économiste précise néanmoins que les États-Unis bénéficient d’une bonne situation économique, laissant augurer « deux à trois hausses des taux d’intérêt à prévoir par la Fed dans l’année », alors que la croissance au sein de l’UE s’avère molle. Ainsi, le dollar pourrait se raffermir face à l’euro, soit un élément plutôt haussier pour les graines européennes gagnant en compétitivité. En contrepartie, la politique protectionniste des États-Unis aurait l’effet inverse sur le dollar, et ce dès 2017, selon Stéphane Bernhard, directeur trading chez InVivo.

Le pétrole ne devrait pas décoller

Les cours de l’or noir devraient rester bas, autour des 54 $ le baril. Malgré l’accord de Vienne, les États-Unis devraient augmenter leur production de pétrole de schiste, exerçant potentiellement une pression sur les prix des grains par ricochet. Attention à ne pas oublier les monnaies ukrainiennes et russes. « De bons indicateurs sont les monnaies des pays exportateurs. Il faut ainsi regarder l’évolution du rouble (très corrélé au pétrole) et de la hryvnia pour les grains », ajoute Kim Benni, directeur des risques de marché chez Terreos. À plus long terme, « les demandes indienne et africaine pourraient éventuellement engendrer un nouveau boom dans les prix aux alentours des années 2020 », souligne Philippe Chalmin.

Les prix du blé ne devraient pas tomber plus bas car, par endroits, les prix de vente sont déjà inférieurs aux coûts de production.

Repli des achats de l’Arabie saoudite de 8 % d’une campagne sur l’autre

D’après l’USDA, l’Arabie saoudite devrait voir ses importations, toutes céréales confondues, se contracter de 8 % entre la campagne actuelle et l’antérieure, à 18,1 Mt. Rappelons que le pays a cessé de soutenir sa production domestique de grains pour épargner l’eau douce. Elle réforme actuellement en profondeur son marché intérieur de céréales. La Sago (Saudi grains organization) cherche des opérateurs internationaux pour privatiser sa meunerie, même si elle garde son monopole pour l’importation de céréales.

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