Marché des céréales : quelles perspectives pour 2011/2012 ?
FranceAgriMer a réuni le 13 juillet, son premier Conseil spécialisé céréales de la nouvelle campagne 2011-2012. Hormis la date, il s’agissait plutôt du dernier conseil de 2010-2011 si l’on considère ses travaux portant prioritairement sur l’élaboration des bilans de la saison passée. Des bilans qui sont encore provisoires en l’absence de certains éléments statistiques. On peut néanmoins considérer que Les chiffres présentés lors de cette session du conseil céréales représentent assez précisément la situation de la campagne céréalière passée, après qu’ils aient subi depuis son début, des remaniements nombreux, ce qui est la marque du prévisionnel.
Collecte de blé corrigée à la hausse
Pour cette campagne 2010/2011 écoulée, FranceAgriMer a apporté des modifications parfois sensibles à ses estimations et prévisions de juin. Pour le blé tendre, la collecte a été revue en hausse de quelque 165.000 t, à 33,1 Mt, l’auto consommation et le stock à la ferme ayant été estimés en baisse de près de 80.000 t, à 33,1 Mt, soit presque autant qu’en 2009/2010, malgré une production inférieure de quelques 800.000 t. outre l’importance de la collecte, c’est son rythme élevé qu’il convient de souligner, les producteurs ayant, par leurs livraisons aux O.S., leur bon suivi du marché.
Les utilisations intérieures sont peu modifiées si ce n’est une réduction des utilisations par les FAB de 50.000 t, à 4,250 Mt. En revanche, les ventes à l’U.E. sont augmentées de 100.000 t à 6,5 Mt ce qui constitue cependant le plus bas chiffre de ces dernières années. Les exportations vers les pays tiers ont été maintenues au niveau record de13,2 Mt, que l’on ne retrouvera bien sûr pas, et de très loin, cette campagne. FranceAgrimer souligne que le succès des blés français à l’export est en grande partie imputable (outre les carences de l’origine Mer Noire) à leur excellente qualité meunière alors que chez la plupart de nos partenaires. Les estimations de d’importations ont été rectifiées en hausse de 100.000 t à 950.000 t, le double que pour la campagne 2009/2010, conséquence des prix élevés qui ont incité les fabricants d’aliments du bétail à compléter leurs approvisionnements en blé fourrager à l’extérieur. Les utilisations intérieures, elles ont été légèrement rectifiées en baisse pour l’alimentation
Pour le blé dur, les ajustements par rapport à juin ont surtout porté sur le poste export réduit de 130 000 t, à 2 Mt, ce qui se retrouve dans le stock de fin de campagne passant de 64 000 à 185 000 t, chiffre dans une petite moyenne.
L’estimation de collecte de maïs est légèrement abaissée à 12,25 Mt. Les incorporations par les fabricants sont maintenues à 3,5 Mt et les exportations quelque peu augmentées, passant de 5,18 à 5,23 Mt. Le stock de report est estimé 2,5 Mt contre 2,7 prévu en juin.
Les modifications apportées au bilan prévisionnel orge de juin sont minimes. La collecte est maintenue et les utilisations intérieures réduites, à la marge (-50.000 t) du fait d’une réduction équivalente des incorporations par les FAB, estimées à 1,950 Mt. Révision mineure également du poste exportations (U.E et pays tiers) estimées à 5,72 Mt. La prévision de stock de report passe de 1,69 à 1,72 Mt.
Campagne 2011-2012 : les vaches maigres
Le Conseil céréales s’est gardé, avec raison, de donner des chiffres concernant la nouvelle campagne, hors des estimations de productions extrêmement prudentes compte tenue des grandes incertitudes qui planent encore sur la moisson de blé, notamment.
Les premières prévisions de récolte de blé tendre avancées par FranceAgriMer, corroborant celles du ministère de l’Agriculture, portent sur 32 Mt, en baisse de 10 % par rapport à 2010, conséquence d’une baisse du rendement moyen national attendu à moins de 64 qx/ha contre 72,5. Ce serait néanmoins moins mal qu’en 2007, 31 Mt, et surtout qu’en 2003, 29 Mt.
Bien qu’inférieure de 400 000 t à celle de 2010, année exceptionnelle, la production de blé dur rentrerait dans la moyenne des années antérieures à 2010, avec 2 à 2,1 Mt.
En ce qui concerne l’orge, d’hiver et de printemps, on est d’ores et déjà assurée que la production sera en forte baisse, -17 % selon FranceAgriMer, avec moins de 8,5 Mt, en raison d’une baisse des surfaces de 2 % mais surtout des rendements de 15 % à 54,5 qx/ha.
Le Conseil céréales de FranceAgriMer n’a émis aucune prévision de production de maïs ; il est encore bien trop tôt.
A partir de ces prévisions de production, quelles supputations peut-on faire quant au déroulement de la campagne à venir ? D’abord, le poste vedette de la saison écoulée, l’exportation, sera très réduit, surtout s’agissant des ventes aux pays tiers qui pourraient tomber des 13,2 Mt record de la dernière campagne à 6,5/7 Mt compte tenu de la baisse du disponible exportable et de la concurrence russe. Par contre, les utilisations par les fabs devraient progresser en raison de la cherté prévue du maïs. Le stock de report ne dépasserait pas les 2 Mt, contre 2,34 à l’issue de la dernière campagne.
Le stock d’orge s’effondrerait à moins de 700.000 t compte tenu de la maigreur des disponibilités en début de campagne notamment d’une collecte se réduisant à l’image de la production. Les exportations connaîtraient un fort recul, sans doute de l’ordre de 1,5 Mt. Et les utilisations par les FAB devraient reculer devant la concurrence du blé.