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Maïs : l’AGPM fer de lance du développement des OGM français

L’AGPM poursuit sa campagne de promotion des OGM en organisant une rencontre entre la presse professionnelle et des producteurs du Sud-Ouest.

OPERATION SEDUCTION. L’AGPM, Association des producteurs de maïs, lance sa campagne de communication sur le maïs génétiquement modifié en même temps que les semis 2006. Le ton est donné : il y aura sans doute de 4.000 à 5.000 hectares de maïs Bt, résistant à la pyrale et à la sésamie en France cette année, soit dix fois plus que l’an dernier. La plus grande partie de ce maïs, dont les semis sont en cours, sera cultivée en Aquitaine, en Midi-Pyrénées et dans la région Poitou-Charentes. Certes, cela reste confidentiel par rapport aux 2,9 millions d’hectares de maïs cultivés en France. Mais tout de même, les organismes génétiquement modifiés (OGM) gagnent du terrain, et l’AGPM fait tout pour qu’ils soient mieux acceptés par le grand public. C’est pourquoi, cette année, le syndicat a décidé de prendre les devants sur l’annonce du nombre d’hectares cultivés en 2006. De plus, l’AGPM a décidé de médiatiser certains maïsiculteurs qui se disent fiers de produire des OGM (voir article suivant), en organisant une visite de presse chez un agriculteur situé au sud de Toulouse, dans la vallée de la Garonne, au moment des semis.

Responsabilité d’accompagner les pro-OGM

Pour la deuxième année consécutive, l’AGPM suit une quinzaine de producteurs de maïs Bt dans le cadre d’un Programme d’accompagnement des cultures issues des biotechnologies (PACB). Ces 150 hectares de maïs OGM vont servir d’outils de communication tout au long de la campagne auprès d’autres agriculteurs.

«Il nous semble de notre responsabilité d’accompagner les agriculteurs qui veulent faire des OGM, affiche clairement Henri-Bernard Cartier, secrétaire général de l’AGPM. Nous souhaitons que l’ensemble des filières puissent coexister, c’est pourquoi nous avons mis au point un guide de bonnes pratiques de la culture de maïs Bt». Chaque agriculteur qui achète des semences OGM est invité à respecter les mesures détaillées dans ce guide.

Améliorer la qualité

Campagne de communication sur la coexistence des cultures ou campagne de promotion des OGM ? «Il s’agit plutôt de vulgarisation ou d’information», rassure Cédric Poeydomenge, en charge de l’animation du PACB. A lire la plaquette de ce programme, le doute peut s’installer. «En matière de gain de rendement, dans les parcelles les plus infestées par les insectes foreurs, la technologie maïs Bt a permis d’assurer 20 q/ha supplémentaires en moyenne, soit un gain de rendement d’environ 200 E/ha», explique le document qui développe donc les avantages des OGM.

«La quasi totalité des agriculteurs qui ont cultivé du maïs Bt dans le cadre du PACB se di-sent prêts à encourager d’autres agriculteurs à en cultiver sur leur exploitation pour tous les avantages qu’ils ont identifiés», c’est-à-dire «la qualité des maïs et de la récolte, un meilleur rendement et une moindre utilisation d’insecticides». Donc, l’intérêt du maïs OGM résistant à la pyrale est économique, mais pas seulement : selon l’AGPM, c’est aussi un gage de meilleure qualité du maïs français.

«Pourquoi l’Espagne s’est orientée vers les OGM : c’est pour la qualité, martèle Henri-Bernard Cartier, secrétaire général de l’AGPM. L’an passé, nous avons eu des lots de maïs refusés par les Espagnols car le grain était attaqué par la pyrale. Depuis l’interdiction des traitements de semences insecticides, nous ne pouvons plus répondre à la problématique de la pyrale sans les OGM.»

«On joue avec le feu !» selon les amidonniers

Les industriels de l’amidon se refusent à voir les OGM s’installer en France. «Notre position n’a pas changé depuis 1998. Nous menons une politique d’approvisionnement strictement limitée au maïs conventionnel, conformément à la demande de nos clients industriels», explique Jean-Luc Pelletier, délégué général de l’Usipa, l’union de syndicats qui représente les intérêts économiques des amidonniers et féculiers installés en France.

«Le protocole d’achat européen en vigueur garantit un approvisionnement sans OGM et nous continuons de recommander aux agriculteurs de ne pas en planter, afin de rester dans un cadre de cultures conventionnelles, poursuit-il. On ne voit pas d’un bon œil le développement des OGM. Si l’AGPM incite les agriculteurs à planter des OGM, c’est casse-cou car cela peut recréer une crise. On joue avec le feu.» Et Jean-Luc Pelletier de conclure : «Notre message est simple : pas de cultures commerciales d’OGM tant que le marché n’en veut pas.»

Pour l’AGPM, si les industriels veulent plus, ils doivent payer

Même son de cloche du côté de l’Union des semouliers de maïs (USM). «Notre position n’a pas changé depuis dix ans : tant que l’aval refusera les OGM, nous resterons opposés au OGM, déclare Paul Monvoisin, secrétaire général de l’USM. Et aujourd’hui comme hier, nos clients ne veulent pas d’OGM et exigent d’être en dessous d’un seuil de présence de 0,01 %. Si la coexistence (des cultures, NDLR) se met en place, je ne vois pas comment on fera, à moins d’un revirement de l’opinion…»

A cela, l’AGPM répond que si les amidonniers et des semouliers ont des demandes spécifiques qui vont au-delà du seuil réglementaire de présence maximum d’OGM de 0,9 %, dans ce cas, il faut un cahier des charges adapté à cette exigence particulière, mais avec les surcoûts que cela implique. Or aujourd’hui, les amidonniers se fournissent en France sans avoir besoin d’un cahier des charges puisque tout le maïs est non OGM. Cela reviendra donc à reporter le coût des OGM sur les consommateurs... qui n’en veulent toujours pas.

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