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Brasserie
Lourdeurs sur les orges et les malts

Suite à deux années exceptionnellement bonnes en termes de quantités et de qualités, le marché des orges tourne au ralenti et voit ses prix baisser

LES RÉCOLTES D’ORGE de brasserie sont abondantes et de qualité cette année comme le rappelle Patrick Pariat, directeur adjoint de Soufflet Agriculture, qui signale de fait “un marché alourdi, après deux années consécutives favorables aux cultures”. En 2009, les rendements sont compris entre 70 et 90 q/ha pour l’escourgeon, et entre 65 et 95 q/ha pour les variétés de printemps. De plus, selon Patrick Pariat, “si les quantités sont présentes, la qualité est aussi au rendez-vous avec un taux de protéine compris entre 9,5 et 10,5 % pour les orges de printemps, et entre 10,5 et 11 % pour les escourgeons”. Un calibrage tout aussi exceptionnel, supérieur à 2,5 mm, ne permet pas de déclasser les orges en mouture et finit de peser sur les marchés des orges et du malt. Des besoins français annuels en orges brassicoles de 1,5 Mt et des disponibilités en 2009 de 5 Mt, comprenant les stocks de report et la nouvelle récolte, expliquent en partie la mollesse observée ces derniers temps sur ce marché.

L’amélioration génétique permet les progrès agronomiques et industriels
    Un panorama des variétés d’orges brassicoles, utilisées et semées en France, dressé par Patrick Pariat, fait état de « 20 à 30 % des surfaces d’orges emblavées en Esterel, 50 % en Arturio. Malgré des propriétés brassicoles légèrement moindres la variété Cervoise couvre 20 % des terres, et enfin, la variété Cartel ne couvre que 5 % des terres, mais se développe à la faveur de bonnes capacités en malteries bien que les rendements soient moins importants ». Une collaboration accrue entre les producteurs, les OS et les malteries Soufflet permet aux malteurs de faire part de leurs préférences variétales pour la transformation en malt (cf. classement des variétés préférées). Ainsi, Marc Gauthier, responsable  achat pour les malteries Soufflet, explique que « des concertations entre les représentants de la filière (OS, obtenteurs, malteurs/brasseurs) permettent de définir des contrats cadres, et de faire des compromis entre productivité agricole et industrielle. Ceci afin de pérenniser les relations entre les fournisseurs d’orges et les malteurs ». De plus, les services agronomiques des malteries Soufflet permettent de faire remonter les résultats et demandes industrielles au niveau des OS et des obtenteurs.

La crise impacte le marché des orges de brasserie
    « Le calme actuel régnant sur le marché des orges est à l’image de l’ensemble des matières premières agricoles, selon Patrick Pariat qui poursuit, les vendeurs ne se présentent pas en raison de prix ne couvrant pas les coûts engagés ». En effet, un surplus européen de 3 Mt d’orge de brasserie couplé aux effets de la crise économique, font se contracter les consommations de bière dans le monde. L’Europe de l’est, avec 30 à 40 % de baisse des consommations de bière en Russie ou en Ukraine, est la zone la plus touchée. Cependant, « ceci n’impacte que peu les débouchés des productions françaises, indique Marc Gauthier, car ces pays se fournissent localement et ont eu de bonnes récoltes cette année. Pour les malts français, les débouchés à l’export sont situés en Europe, en Amérique du sud, en Afrique et au Japon. Cependant, une parité Euro/Dollar toujours assez défavorable, ne permet pas aux productions européennes d’être compétitives sur le marché mondial ». Ce manque de compétitivité des productions françaises impacte directement les exports d’orges car pour Patrick Pariat, « si une bonne année d’exportation  française tourne autour des 1 Mt, cette année les volumes devraient atteindre 300 à 400.000 t et dépendront de la récolte australienne ». Il ajoute que «si pour le moment, en Australie, les cultures d’orges se portent bien, ce n’est que fin décembre, au moment des récoltes, que les opérateurs seront fixés sur l’offre du pays. Ceci conditionnera alors la part des importations chinoises, qui devraient toucher les 1,5 à 1,8 Mt d’orge de brasserie cette année. Les origines australiennes sont généralement privilégiées par la Chine pour des raisons de proximité, mais les provenances européennes pourraient tirer leur épingle du jeu si l’offre venait à manquer ».

Le marché à terme, un outil de régulation
    Depuis un certain temps, il est question de la création d’un marché à terme de l’orge de brasserie et les avis divergent. « Ceci permettrait de fluidifier les échanges, ainsi que de traiter des volumes à long terme en marquant des prix d’une année sur l’autre » précise Patrick Pariat qui souhaite que la filière se dote d’outils de gestion. En revanche, Marc Gauthier ne pense pas que l’implémentation de ces marchés soit une priorité pour le moment, mais souligne que les malteurs restent attentistes. Il finit toutefois sur une note optimiste en expliquant que « le groupe Soufflet est confiant en l’avenir, avec des consommations de bières en hausse. La construction d’une nouvelle malterie à Nogent sur Seine en est la preuve. »

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