Seconde transformation
L’industrie s’ouvre doucement aux marchés à terme agricoles
Seconde transformation
COMMENT la seconde transformation fait face à la volatilité des cours des matières premières et donc des produits transformés qui en sont issus ? La conférence “Gestion et conséquence de la volatilité en deuxième transformation”, organisée lors des JTIC, proposait d’y répondre avec l’intervention de différents maillons de la chaîne, de la production à la grande distribution. Si les producteurs de grandes cultures et la meunerie utilisent depuis quelques années maintenant les marchés à terme, l’industrie de la seconde transformation, à l’exception de certains très grands groupes, semble pour l’instant désarmée face à cette nouvelle donne.
Nécessité de s’adapter
« La première et la seconde transformation sont prises dans un étau avec, d’un côté, des consommateurs soutenus par l’Etat avec le maintien d’une inflation faible et, de l’autre, des fournisseurs de matières premières dont les prix fluctuent », a expliqué Florence Pradier, d.g. du groupement syndical Alliance 7. Or les matières premières « pèsent très lourd dans un produit agroalimentaire », a-t-elle poursuivi. Si la difficulté de conduire une activité économique dans un environnement très incertain est réelle, les solutions restent encore floues pour les industriels de la seconde transformation qui souhaitent avant tout « avoir une visibilité sur la gestion du risque ». « Pour anticiper des conjonctures, nos fournisseurs pourraient nous apporter leurs éclairages et nos clients montrer de la compréhension. De plus, les prix des matières premières très élevés génèrent des tensions dans les négociations avec la distribution. Il est important de partager la valeur ajoutée et le risque », a lancé Florence Pradier. De son côté, Christian Tacquard, président du groupe Loc Maria, a insisté sur le changement de comportement des entreprises, induit par la volatilité : « Avant 2006, on attendait la fin de campagne pour négocier la farine et on se couvrait sur l’année. Désormais, nous pourrions contractualiser une partie de l’approvisionnement annuel et ajuster les achats restants en fonction des négociations avec la grande distribution. » Pour le dirigeant, la contractualisation en filière « est l’une des clés ». « Sans cet état d’esprit filière, les entreprises agroalimentaires partiront à l’étranger », a-t-il estimé.
Des outils de gestion encore marginaux
Alors qu’ils sont largement utilisés en meunerie, les outils de gestion de la volatilité sont encore rares en seconde transformation. « Nos entreprises n’ont pas toujours la capacité de se doter de tels outils, coûteux et complexes. Leur taille n’est pas toujours suffisante.(...)Alors que certaines entreprises entrent sur Euronext, la venue de la seconde transformation est plus tardive », a expliqué Florence Pradier d’Alliance 7. Philippe Chalmin, invité pour l’occasion, explique ce décalage par le fait que « les opérateurs de la première transformation sont en fait des négociants et ont des comportements de traders, contrairement à la seconde transformation qui regarde plus l’aval que l’amont ». Interrogée en marge de la conférence, Virginie Ciesla-Maudet, analyste technique d’Assertis, confirme cet intérêt marginal mais grandissant pour la gestion de la volatilité. « Pour l’instant, mes quelques clients en seconde transformation recherchent surtout des signaux pour savoir quand acheter leurs farines en fonction du blé sur Euronext ». Il y a un début à tout.