L'industrie des biocarburants mobilisée dans un contexte maussade
L'EBB, la Fediol et l'EOA ont organisé, le 12 octobre, un débat au Parlement européen afin de défendre le secteur, menacé à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE.
Mobilisation générale du côté de la filière biocarburant de première génération ! L'European Biodiesel Board (EBB), l'Industrie européenne des huiles et des tourteaux (Fediol) et l'Alliance européenne des oléagineux (EOA) ont organisé, le 12 octobre, un débat au Parlement européen afin de défendre leur activité. Il est vrai que le contexte n'est guère réjouissant pour eux en ce moment. Agra Europe rapporte, le 17 octobre, que l'OMC devrait donner raison à l'Argentine et l'Indonésie concernant les droits antidumping imposés par l'UE sur l'importation de biodiesel en provenance de ces deux pays. Pire encore, la même source rapporte que le conseil de l'UE songerait déjà à ne pas faire appel de la future décision de l'OMC. Ajoutons à cela les propositions de la Commission européenne, souhaitant sortir progressivement des biocarburants de première génération à partir de 2020, comme figuré dans ses propositions de l'été dernier. « Des accords négociés dans le dos de la filière (...). L'UE a cédé aux lobbying d'organisations sociétales », dénonce Yves Madre, directeur de Farm Europe.
9 Mha en jachère dans l'UE potentiellement disponiblesLes associations de producteurs ont rappelé leurs principaux arguments en faveur du secteur afin de convaincre la Commission de modifier ses propositions. À savoir que les biocarburants européens ne font pas concurrence aux surfaces alimentaires locales et mondiales, dans le sens où les surfaces concernées sont très réduites et sont d'anciennes parcelles en jachère, peu productives, qui n'auraient de toute façon pas été destinées à d'autres cultures alimentaires. « Nous avons encore de la marge. Il y a 9 Mha de jachères dans l'UE, dont 1,7 Mha volontairement, spécialement concentrés dans les nouveaux États membres. Ajoutons aussi les possibles progrès concernant les rendements ! (...) Bien entendu, il ne s'agit pas de tout convertir en surfaces destinées à alimenter les usines de biocarburants, mais l'argument de la concurrence alimentaire ne tient pas la route dans le cas européen », argue Yves Madre. Sans oublier la production de tourteaux, limitant l'importation de protéines. Ainsi, les biocarburants dans l'UE favorisent une production non délocalisable, selon l'expert. Contrairement à l'huile de palme, dont la production se fait au détriment de forêts tropicales, rap-pelle-t-il.