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L'industrie agroalimentaire « en mode survie »

Dans un contexte extrêmement tendu entre industriels et distributeurs, le président de l'Ania a présenté les chiffres 2014 de l'agroalimentaire, qui reste le premier employeur de France mais qui affiche un recul en chiffre d'affaires de 0,8 %.

Les chiffres de l'industrie agroalimentaire illustrent bien la crise que le secteur traverse. S'il reste le deuxième contributeur de la balance commerciale française (derrière l'aéronautique) et le premier employeur de France avec 493.272 salariés (création nette de 545 emplois), son chiffre d'affaires a reculé de 0,8 % en 2014 à 157,6 Md€ (source Insee). Une année qui a également vu disparaître 273 entreprises (moins qu'en 2013 toutefois, qui avait compté 376 défaillances) et reculer le solde commercial des industries agroalimentaires de 7,9 % à 7,8 Md€. Dans le détail, la situation est plus sombre encore. Si les exportations agroalimentaires affichent un solde positif, elles le doivent avant tout au secteur des boissons qui dégage plus de 10 Md€ d'excédent, suivi des produits laitiers/glaces avec plus de 3 Md€ et des produits du travail des grains à plus d'1 Md€.

Pour tous les autres secteurs de l'agroalimentaire, les importations surpassent les exportations. C'est le cas des produits de la boulangerie-pâtisserie et pâtes, regroupés sous la même bannière, qui observent un déficit de moins d'1 Md€, sans doute sous le poids des importations de pâtes alimentaires. Le secteur des viandes et produits dérivés arrive juste derrière, suivi des huiles et graisses végétales à plus de 2 Md€ de déficit commercial.

« Nos industries souffrent. Près d'une entreprise par jour dépose le bilan », déplore le président de l'Ania. Et élément nouveau, « les sociétés défaillantes sont de toutes tailles », souligne J.-P. Girard, qui conclut : « Même bien organisées et solides, nos industries sont en mode survie. » Une situation qui s'explique par « une déflation des prix des produits agroalimentaires de 1,1 % en 2014, entraînant une chute de la croissance en valeur des ventes à son plus bas niveau depuis les huit dernières années (+0,6 % selon l'Iri) alors que les volumes n'ont pas augmenté significativement (-0,2 % selon Iri, à comparer au Royaume Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, tous positif)». Côté conjoncture, même si les cours des matières premières agricoles ont reculé, « leur niveau de prix reste bien plus élevé qu'il y a dix ans », indique J.-P. Girard. Enfin, la course aux prix bas menée par la distribution enfonce le clou. Pour 2015, l'Ania prévoit une hausse de l'investissement dans l'industrie alimentaire de 1 %. Estimée il y a un an à 7 % pour 2014, elle s'établit au final entre 0 et 1 %.

Exporter, une clé pour l'avenir

L'Ania compte sur l'export pour se développer. « Il y a là un fort potentiel. Nous n'avons pas une grande culture de l'export en France. Ici, deux entreprises sur dix exportent contre 8/10 » outre-Rhin, note J.-P. Girard, qui estime que « l'enjeu réside dans la taille des entreprises et dans des projets de rapprochement ». Et de rappeler ce chiffre : « Quand on s'implante à l'étranger, c'est 5 à 10 emplois supplémentaires en France. »

Modèle à bout de souffle

« Le modèle des négociations commerciales est arrivé à bout de souffle, la recherche de prix toujours plus bas est devenue dangereuse pour toute la filière. Il est urgent de changer les comportements et repenser la relation distributeurs-fournisseurs », estime J.-P. Girard. Plutôt que de réclamer une autre loi, l'Ania veut croire à la co-construction et ne s'interdit pas de demander des aménagements législatifs.

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