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L’Inde : une agriculture à la pointe, moteur de l’économie avec 18 % du PIB

Puissance économique émergente, l’Inde se positionne au 12e rang mondial en 2007 avec un PIB de 1.206 Md$ et continue sa progression. Une telle montée en force pourrait s’apparenter à un changement radical dans la politique économique du pays qui a toujours été dépendante de l’agriculture. Le fait est qu’encore aujourd’hui la moitié de la masse salariale exerce dans l’agriculture. L’actuelle crise économique mondiale a fait prendre conscience du rôle vital que joue l’agriculture dans son économie. Selon le secrétaire du cabinet du Premier ministre indien, K.M. Chandrasekhar, le secteur a permis le maintien de la croissance économique du pays, qui était de 9,6 % en 2008. Il est important de comprendre les aspects historiques qui ont fait de l’Inde une puissance économique dépendante de l’agriculture.

La révolution verte du milieu des années soixante
    Concept né aux Etats-Unis, la révolution verte se met en place après des vagues de famine et une crise économique qui ont lieu dans un contexte politique instable, au lendemain de l’Indépendance (1947). Dès lors, le pays doit se reconstruire, retrouver son identité et engager une nouvelle politique agricole afin de subvenir aux besoins de sa population mais surtout d’être également indépendant vis-à-vis des autres nations, c’est-à-dire d’être autosuffisant. Ainsi, après la crise économique et politique de 1964-1966, la révolution verte est le projet de l’espoir qui doit relever l’économie et donner une nouvelle dynamique au pays. Celui-ci portera ses fruits puisqu’en l’espace de vingt ans, non seulement la production céréalière a doublé permettant ainsi de nourrir sa population, mais aussi les bénéfices de ces mesures ont permis d’élever l’Inde au rang de pays agricole exportateur grâce à ses stocks de blé et de riz notamment.
    Les aspects techniques de cette révolution verte reposent sur trois points essentiels : les semences à fort potentiel, les engrais chimiques et les ressources en eau. Sont importées du Mexique et des Philippines des semences de blés et de riz dites « variétés de haut rendement ». La preuve est qu’à l’aube du nouveau millénaire le rendement par hectare a doublé voire triplé pour certaines variétés et selon les régions. L’utilisation de ces semences nécessite trois à quatre fois plus d’azote, mais également d’autres ressources comme le phosphate et le potassium. Ses réserves naturelles étant quasi-inexistantes pour ces apports, l’Inde achète massivement des fertilisants et en devient le troisième importateur mondial. Elle développera également l’industrie des engrais pour se positionner aujourd’hui à la troisième place à l’échelle internationale. Ainsi les cultures passent de 5 à 75 kg/ha d’engrais en trente ans.
    L’Inde collecte grâce aux précipitations 4.000 Mdm3 d’eau par an. La politique agricole doit intervenir dans le moyen d’irriguer les terres de manière contrôlée et équitable sur l’ensemble du territoire indien. Divers types d’irrigation ont vu le jour mais celui qui reste le plus efficace est l’irrigation par puits. En effet, un programme politique a permis le forage de plus d’1,15 million de puits allant jusqu’à 40 m de profondeur. Les puits tubés allant jusqu’à 150 m de profondeur se multiplient. Ces installations qui fonctionnent à l’électricité permettent de drainer l’eau à haut débit et avec un coût réduit. Elles offrent l’avantage et la garantie d’un fonctionnement indépendant des carburants utilisés dans les pompes standards.
    Alors que la révolution verte apporte à l’Inde de nouvelles perspectives, l’utilisation des nouvelles technologies semble non seulement évidente, mais surtout inévitable pour repousser les objectifs de productivité et répondre aux attentes du marché mondial.

Des innovations dans de multiples domaines
    De nombreux projets de recherches ont permis d’énormes avancées. Il était nécessaire d’augmenter la productivité des semences pour que l’Inde reste compétitive au niveau international. Ainsi, le pays a investi dans la recherche sur de nouvelles variétés issues de la sélection et de la transgenèse. L’Icar (Indian Council of Agricultural Research), le conseil indien pour la recherche agricole, innove fortement et compte aujourd’hui parmi les établissements publics de recherche agricole les plus importants au monde, regroupant 4 universités, 45 instituts et 17 centres de recherche à travers le pays.
    L’Institut de recherche agricole indien (Iari), faisant partie de l’Icar, a créé de nombreuses variétés qui permettent de faire face aux conditions de culture et à la demande du marché actuel. Parmi ces innovations, est notamment remarquée la variété de blé dur (HI-8671) qui contient une teneur en oligoéléments plus importante.
    Trois génotypes de riz Basmati ont été récemment développés, donnant un grain plus long mais également de meilleur rendement. Surtout, sont conçus de nouvelles variétés résistantes aux diverses attaques susceptibles d’arriver durant leur développement. Ainsi une variété de riz Basmati ayant la résistance à la rouille a-t-elle été sélectionnée. Elle est caractérisée par un port plus petit avec un meilleur rendement sans pour autant modifier la qualité du riz. De nombreuses variétés sont encore au stade de recherche, d’autres sont, ou seront, bientôt déposées.
    La recherche est axée non seulement sur la qualité pendant la récolte, mais également sur des questions de conservation dans la durée. En effet, l’ouverture vers le monde extérieur via l’exportation oblige les producteurs à veiller sur la protection des produits. C’est dans ce but que les chercheurs de l’Iari diffusent des méthodologies aux agriculteurs afin, par exemple, d’éviter l’infestation des mangues ou encore d’assurer l’intégrité de certains pois typiques de l’Inde. L’innovation ne repose pas uniquement sur les semences, mais également sur le matériel utilisé. En effet, l’Inde s’autosuffit dans ce domaine, si bien qu’elle exporte non seulement aux pays en développement mais également aux pays développés. Aujourd’hui la plupart des champs sont équipés de machines modernes, contribuant à l’amélioration de la productivité. L’agriculture ne peut pas fournir de bons résultats si son irrigation n’est pas efficace et adaptée à la culture. L’Inde étant un pays bien arrosé naturellement, il ne s’agit donc pour elle que de contrôler ces flux d’eau en fonction des exigences de culture. Les agriculteurs ont aujourd’hui un savoir suffisant qui leur permet d’adapter leur système d’irrigation afin d’obtenir une grosse récolte sans pour autant affecter la qualité.
    Les efforts entrepris à l’époque de la révolution verte et les nouvelles orientations prises par la politique agricole indienne permettent à l’Inde d’être extrêmement compétitive dans ce domaine. Elle se positionne comme 2e producteur mondial de blé, de sucre et de riz. Elle fait partie des plus gros producteurs de thé, d’huile végétale et de fruits, dont la première position pour la banane et la mangue. L’Inde est en compétition directe avec la Chine, qui est souvent leader.

L’avenir de l’agriculture
    La stratégie de l’Inde est de lier le savoir empirique des agriculteurs avec celui d’ingénieurs et de scientifiques indiens qui font partie des meilleurs au monde, afin de contrôler chaque étape du développement des semis.  Cependant, l’Inde prend conscience des problématiques liées à l’environnement, avec l’utilisation abusive des engrais mais surtout du fait que les petites structures agricoles pâtissent du climat défavorable connu depuis quelques années. L’usage excessif d’engrais chimiques et pesticides ainsi que l’important drainage des nappes phréatiques depuis la révolution verte ont considérablement bouleversé les sols en les rendant stériles. Les récoltes ne sont pas à la hauteur des espérances et les agriculteurs ne sont plus en mesure de rembourser les prêts contractés auprès de l’Etat. Les conséquences sont dramatiques. En effet, on compte depuis 1997 environ 200.000 suicides chez les fermiers, une détresse fidèlement retranscrite sur le grand écran indien par Peepli Live sorti cette année et nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.
    Aujourd’hui le bilan de la révolution verte est plutôt mitigé et l’Inde en est venue à envisager une seconde révolution verte qui aurait pour objectif de maintenir la productivité agricole tout en soutenant les agriculteurs et en respectant l’environnement. Pour cela, un retour vers le naturel est souhaité afin de conserver la diversité biologique. Les premières mesures traduisent ce changement avec l’utilisation d’engrais organiques au détriment des engrais chimiques et la réintroduction des semences naturelles qui ont été conservées.

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