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Liaison fluviale Seine-Escaut : plus qu’une infrastructure en cours de construction, un véritable écosystème à structurer

Si les travaux de construction de la liaison Seine-Escaut, et notamment du canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, montent en puissance, il est maintenant urgent de mobiliser les acteurs économiques pour valoriser le transport fluvial via les dix plateformes logistiques qui vont jalonner son trajet. 

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© CFNR Groupe Rhenus

Pour Philippe Marini, président de l’Alliance Seine-Escaut, il est urgent de travailler, à l’échelle des trois régions concernées (Hauts-de-France, Île-de-France et Normandie), à la mobilisation des acteurs socio-économiques (au travers des trois Conseils économiques sociaux et environnementaux régionaux, des Chambres de commerce et d’industrie, des organisations patronales ou clubs d’entreprises) et à l’organisation des acteurs du transport et de la logistique, et des chargeurs qui sont le « cœur du réacteur » pour l’intégration dans les schémas logistiques internationaux et locaux. C’est ce qui ressort de la Conférence des parties prenantes 2025 de l’Alliance Seine-Escaut, qui s’est tenue le 31 mars dernier et dont la synthèse a été publiée le 30 avril.

Lire aussi : 

Passer de la promotion à la préparation de la mise en service de la liaison fluviale en 2032

Dans ce moment charnière, qui correspond au passage du projet à la concrétisation, la mission de l’Alliance Seine-Escaut évolue et passe de la vigilance quant au bon avancement de ce projet européen et de la promotion de ce futur axe de transport, à la préparation de sa mise en service au début de la prochaine décennie.

Lire aussi : Fret fluvial – La mise en service du canal Seine-Nord Europe décalée à 2032

L’année 2024 a permis de consolider l’exécution de la liaison Seine-Escaut

Sur le plan juridique, l’arrêté d’autorisation environnementale des secteurs 2 à 6, de Passel (Oise) à Aubencheul-au-Bac (Nord), ouvre une phase d’exécution de travaux sur l’ensemble du tracé.

Sur le plan financier, le soutien complémentaire de 300 millions d’euros (M€) de l’Union européenne porte à 705 M€ le soutien financier européen sur 2024-2027, précise Philippe Marini, président de l’Alliance Seine-Escaut. Par ailleurs, l’enveloppe attribuée à VNF sera maintenue en 2025, en adéquation avec la trajectoire du contrat d’objectifs et de performance, et ce, dans un contexte budgétaire difficile, a confirmé Philippe Tabarot, ministre auprès du ministère de l’Aménagement du territoire de la Décentralisation, en charge des Transports.

Sur le plan technique, on enregistre des réalisations sur le périmètre de la liaison Seine-Escaut, comme la rénovation de l’écluse de Méricourt (Yvelines) ou le début des travaux de l’accès fluvial à Port 2000 au Havre qui confortent la liaison Seine-Escaut à l’échelle nationale, européenne et mondiale. Par ailleurs, deux quais sont en cours de construction à Noyon (Oise) et Aubenchel-au-Bac (Nord), indique Jérôme Dezobry, président du directoire de la Société du canal Seine-Nord Europe.

Convaincre les acteurs économiques des atouts de la voie fluviale

Si le fait d’avoir un calendrier précis a été perçu comme une bonne nouvelle pour le monde économique, ses acteurs restent à convaincre. 

Lire aussi : Canal Seine-Nord Europe : qu'en est-il des plateformes logistiques ?

Afin de démontrer le bénéfice socio-économique de cette liaison fluviale, avec son canal Seine-Nord Europe et de ses dix plateformes logistiques, l’Alliance Seine-Escaut a signé une convention avec l’Essec Business School, en particulier avec sa chaire d’économie urbaine, afin de structurer une démarche analytique fondée sur une approche académique rigoureuse, avec pour objectif de soutenir les prises de décision publiques et privées. « L’objectif est d’identifier et de mieux comprendre les entreprises – actuelles ou potentielles utilisatrices de la voie d’eau et du canal – afin de soutenir les stratégies de développement économique autour de la liaison Seine-Escaut », explique l’Alliance Seine-Escaut. Une attention particulière sera portée aux chargeurs, « acteurs centraux du transport fluvial, afin d’évaluer leurs besoins et de repérer les principaux freins au développement de ce mode de transport », insiste l’association.

Lire aussi : Noriap investit 10 millions d'euros dans Euroseine, la plateforme portuaire fluviale de Languevoisin

Pour garantir l’attractivité et la compétitivité de l’offre fluviale, Voies navigables de France (VNF) porte de son côté une attention particulière au développement de la dimension servicielle, qui inclut les services liés à l’infrastructure, les services logistiques fluviaux et intermodaux, ainsi que les services numériques et d’avitaillement, ajoute Gilles Ryckebusch, directeur territorial Nord-Pas-de-Calais de VNF, gérant du GEIE Seine-Escaut.

Antoine Berbain, directeur général délégué d’Haropa Port, rappelle quant à lui que le transport fluvial est un mode de transport facile à organiser, contrairement aux idées reçues, et moins coûteux que le camion, même s’il demande une collaboration étroite entre les transporteurs et les chargeurs pour améliorer sa compétitivité. 

Mais, selon les acteurs économiques, la création d’un catalogue foncier à l’échelle de Seine-Escaut demeure un préalable indispensable à toute réflexion stratégique du côté des donneurs d’ordre.

Pour Pierre Bergès, directeur de projet chargé du développement de l’axe Nord et post-Brexit auprès du préfet de la région Hauts-de-France, la clé de la réussite de la liaison fluviale Seine-Escaut réside in fine dans la capacité collective à faire dialoguer sphère publique et monde économique, en dépassant les logiques de cloisonnement.

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