Conjoncture / productions animales
Les volailles festives pourraient une nouvelle fois résister à la crise
Si la filière prévoit une bonne tenue de la consommation pour les fêtes de fin d’année, elle s’inquiète de l’envolée de ses coût de production.

Noël et nouvel an s’annoncent sous de bons auspices pour les volailles festives Label Rouge (chapon, poularde, dinde de Noël, pintade...). L’optimisme est de mise quant à la tenue de la demande des ménages ces prochains jours. Certes, les Français se disent vouloir rester prudents dans leurs dépenses en raison de la crise et préparent de plus en plus leurs repas de fêtes à la dernière minute. Un comportement très anxiogène pour les producteurs comme pour les abattoirs, qui doivent anticiper leur activité près de six mois à l’avance. Mais, dans le même temps, tous les indicateurs sont au vert du point de vue de la consommation. D’une part, le calendrier 2012 est des plus propices. Noël et Nouvel An auront lieu des mardis, ce qui laisse entrevoir un plus grand nombre de repas pris en famille ou entre amis. Par ailleurs, les volailles festives jouissent de nombreux atouts qui les placent sur le devant de la scène. Leurs prix restent abordables par rapport aux autres produits carnés ou produits de la mer. Selon le Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf), les prix indicatifs conseillés pour cette année pour les volailles sous label s’installent dans des fourchettes identiques à celles de l’an dernier, soit entre 7 et 14 euros le kilo selon l’espèce considérée. Par ailleurs, la volaille est l’un des produits carnés qui ne connaît pas d’interdits religieux, qui plaît à la grande majorité des convives et qui profite d’allégations Santé positives. À cela s’ajoutent pour les produits Label Rouge, une qualité gustative reconnue et une image fortement liée à Noël.
Des mises en place qui se tiennent...
Du côté de la production, l’année 2012 s’annonce peu évolutive comparé à 2011. L’an dernier, les filières avaient freiné leurs mises en place, en raison de la crise économique et d’un calendrier peu favorable (Noël et Nouvel An tombant des dimanches). Cette année, en l’absence d’amélioration de la conjoncture, la prudence est restée de mise, malgré un calendrier plus encourageant. Selon Marie Guyot, directrice adjointe du Synalaf, « la tendance est au maintien des mises en place pour les volailles Label Rouge dans leur ensemble. De petites évolutions sont néanmoins à signaler en fonction de l’espèce considérée : il y aurait eu cet été une légère progression des mises en place de chapon et de poularde, alors que celles de dinde et de pintade auraient plutôt tendance à se tasser » par rapport à leur niveau de 2011.
... malgré la flambée des coûts de production
Ce quasi maintien des volumes de volailles festives sous label s’explique avant tout par l’optimisme de la filière quant à la capacité de ces produits de résister à la crise. Car en amont, l’heure n’est pas à l’euphorie. Comme pour l’ensemble des volailles, les prix de l’aliment ont flambé, tirant les coûts de production vers des sommets. Ces derniers seraient, aux dires des professionnels, près de 35 % plus élevés que l’an dernier à la même époque. Or, dans le même temps, l’aval —et avant tout la grande distribution— se révèle très réticent à revoir ses prix d’achat à la hausse. Conséquence : ce sont les abattoirs qui supportent la plus grande partie de ce manque à gagner, et dans une moindre mesure les groupements de producteurs.
Dans ce contexte de marges amoindries, il n’est pas surprenant de constater des tensions entre les différents opérateurs de la filière et, surtout, entre abattoirs et grande distribution. Dans le même temps, en amont l’heure est à l’inquiétude. Si l’absence de revalorisation des volailles festives à leur juste valeur venait à se prolonger, il n’est pas impossible qu’elle se traduise par une baisse d’activité d’abattage et par conséquent par un recul des mises en place ces prochaines années.