Marchés
Les prix de l’huile de soja argentine chutent, la filière est en crise
« Depuis fin avril, les exportations de biodiesel argentin à base de soja vers l’Union Européenne se sont nettement réduites », explique Victor Allemandou, courtier chez Greenea. Et suite à la mise en place, le 27 mai, d’un droit anti-dumping sur les importations de l’UE de 65,24 à 104,92 €/t selon les producteurs, « elles sont quasiment nulles ». Résultat, les prix de l’huile de soja dont est issu le biodiesel dégringolent, et la filière est en crise. L’année dernière, le prix Fob avait une prime de 20 $/t par rapport au marché à terme de Chicago, alors que fin juin 2013, il affichait une décote de 145 $/t. L’huile de soja argentine avait déjà connu un précédent déboire en 2010, quand la Chine lui avait fermé ses portes, mais la décote n’était que de 50 $/t.
Cela s’explique par les volumes importants d’huile qui ne sont plus transformés. Les exportations vers l’UE comptaient pour 90 % des débouchés du biocarburant argentin, et en 2012, 40 % de l’huile a été transformé en biodiesel. Les ventes vers l’UE sont passées de 410.332 t sur le 1er trimestre 2012 à 163.500 t sur la même période en 2013, soit une chute de 60 %.
Ventes au rabais obligées
Par ailleurs, l’huile doit impérativement être vendue, sous peine d’arrêt des huileries, avec des usines de biodiesel qui ne tournent, aujourd’hui, qu’à 35 % de leurs capacités. Et ce d’autant plus que le pays a multiplié ses capacités de production du biocarburant entre 2007 et 2013, de 0,5 à 4,1 Mt.
Une solution pour lever l’état de crise, avancée par les industriels, serait d’augmenter le taux de mélange de biodiesel à l’essence. Aujourd’hui, il est de 7-8 %, mais ils pensent qu’il pourrait monter à 10 %, puis à 12-13 %. Cela permettrait aussi de réduire les importations de diesel.