Les phosphates alimentaires, un marché de gré à gré qui se pilote à vue
Le phosphore est indispensable à la bonne santé et la productivité des élevages. Sans outil d'arbitrage des prix, le marché des “feed phosphates” subit la volatilité du dollar et des engrais.
E « n 2014-2015, le prix de l'acide phosphorique (H3PO4, matière première des phosphates alimentaires) a augmenté de 35 % en deux ans, sous l'effet conjugué de la hausse du dollar et des engrais (qui engloutissent 90 % du H3PO4 global, contre 5 % pour les phosphates alimentaires), a expliqué Bruno Vialon, directeur commercial Phosphates chez Timab (groupe Roullier), lors de Vigie Matières premières, le 2 décembre à Paris. Cependant, la hausse tarifaire, absorbée par les fabricants français d'aliments pour animaux, n'a été que de 20 à 25 % sur la période. » La politique de croissance des capacités de production, de diversification des fournisseurs — « Nous n'avions qu'un fournis-seur de H3PO4 il y a dix ans » – et de présence d'une force de vente dans 90 pays permet à Timab de maîtriser, autant que possible, le risque Prix. En « l'absence d'un cours mondial de H3PO4, de “futures” et autres “dérivés” », les phosphates alimentaires, « marché mature voire en régression (13 Mt de capacité de production, pour une consommation mondiale de 7,7 Mt) », se gèrent « de gré à gré », en suivant la stratégie de vente des fournisseurs de H3PO4.
Contractualisation sur des périodes de trois moisAvant « l'imprévisible big bang de 2008, où le prix du H3PO4 a quadruplé en quatre mois, après une trentaine d'années de quasi-stabilité », les fournisseurs le vendaient « sur six mois », contre « trois mois » aujourd'hui. Afin de « limiter les risques » sur un marché de plus en plus volatil, les phosphatiers appliquent les mêmes règles aux fabricants d'aliments. De plus, afin de « garantir aux clients un prix et un volume sur une période », ils ont formalisé leurs relations commerciales, par la contractualisation. « Il y a quelques années, en alimentation animale, on se tapait dans la main et il n'y avait pas d'écrit », illustre le directeur commercial.
Et Bruno Vialon de conclure sur une note optimiste : « Si la visibilité à long terme est très difficile, il n'y a pas à s'affoler à trois mois. »