Aller au contenu principal

Élections aux Chambres d’agriculture
Les petits syndicats se positionnent

La Coordination rurale défend une agriculture assurant un revenu aux producteurs, le Modef de son côté se pose en rassembleur anti-libéral

EN CAMPAGNE. Les syndicats minoritaires entendent bien peser aux prochaines élections des Chambres d’agriculture début 2007. Après la FNSEA et la Confédération paysanne, ce sont la Coordination rurale (CR), suivie du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), qui ont présenté à la mi-novembre leur programme respectif. La CR, qui avait réalisé un score proche des 13 % pour une présence dans 57 départements aux élections de 2001, entend franchir la barre des 25 % et voir « pour la première fois, le syndicalisme majoritaire en dessous des 50 % ». Le Modef est, quant à lui, plus mesuré dans ses attentes. Le syndicat qui n’avait réalisé que 2,93 % aux précédentes échéances espère surtout « rassembler pour être utile aux paysans ».

La Coordination rurale veut influer sur la Politique agricole commune

« 2007, un rendez-vous historique pour changer la politique agricole. » La Coordination rurale voit dans ces élections aux chambres agricoles une véritable occasion de faire entendre ses convictions sur le terrain national mais aussi européen et par conséquent mondial. Le parallèlisme entre les élections présidentielles, législatives et celles des Chambres, auxquelles il faut ajouter la présidence de l’Union européenne par la France au milieu de l’année 2008, constitue une « véritable opportunité pour les syndicats qui seront représentés aux chambres pour influer sur la Politique agricole commune ».

C’est donc un retour aux sources pour ce syndicat né de la contestation de la réforme de la Pac de 1992. Fidèle à sa volonté de rester « apolitique », François Lucas, le président de la CR, est peu loquace sur les échéances présidentielles à venir. Pas de consignes de vote, comme pour le référendum sur la Constitution européenne.

La CR défend le revenu de l’agriculteur et dénonce le système des aides

Le programme de la Coordination rurale, présenté le 15 novembre dernier se base avant tout sur la défense des prix rénumérateurs pour les agriculteurs. Et cela passera d’abord par la défense de « l’exception agricole », estime François Lucas. Sortir l’agriculture des compétences de l’Organisation mondiale du commerce est « la condition sine qua non pour ensuite porter sur le terrain européen et sur le terrain national nos propositions ». « Pour nous, une bonne politique agricole, c’est donner les moyens et les outils pour gérer l’agriculture d’un pays ou d’un ensemble de pays et gérer cette agriculture. Elle doit être capable de gérer les productions, les organiser, les maîtriser si nécessaire et appliquer les règles de conservation de l’environnement », explique le président de la CR. Mais le cheval de bataille de la Coordination rurale reste le revenu agricole qui « doit avant tout reposer sur des prix rénumérateurs, conformes à la réalité économique, intégrant les coûts de production, le revenu de l’agriculteur, avec les contraintes liées à la production pour respecter l’environnement ». François Lucas estime que les aides doivent être supprimées, mais admet « qu’il faut maintenir un système d’aides pour toutes les zones structurellement défavorisées et qui ont besoin au titre de l’occupation du territoire d’un soutien de la collectivité ». La préférence communautaire doit aussi « être réétabli », estime François Lucas. La vocation exportatrice de l’Union européenne est aussi remise en cause par la CR pour qui cette fonction a « démoli l’agriculture européenne et dans le même temps les autres agricultures, notamment des pays sous développés ». « Évidemment, ce que nous attendons d’une bonne Pac, tous les agriculteurs du monde sont en droit d’attendre la même chose et de bénéficier d’une préférence et de protection douanière. » Concernant les dossiers chauds d’actualité, la CR poursuit sa critique de la filière biocarburant. « On installe une filière dont la rentabilité est calamiteusement négative, en particulier pour les producteurs, et dont le bilan écologique est quasiment neutre », explique une note de la CR parue courant novembre. Concernant les OGM, la CR maintient son opposition. « Ce n’est pas aux producteurs de porter la responsabilité en cas de contaminations ou d’autres problèmes liés à cette technologie », lâche François Lucas.

Le Modef pour « une alternative au libéralisme, avec toutes les forces de progrès »

Aujourd’hui, le Mouvement de défense des exploitants familiaux veut « peser différent » et éviter l’éparpillement. Le Modef, qui présentait le 21 novembre sa stratégie pour les élections aux Chambres d’agriculture, veut « construire une alternative au libéralisme, avec toutes les forces agricoles de progrès ». « Plutôt que de multiplier les listes dans les départements et nous éparpiller, nous préférons porter des listes de rassemblement avec des gens qui souhaitent un renouveau agricole », déclare le président Xavier Compain. Ainsi en Corrèze, département où la FDSEA locale semble divisée, le syndicat devrait faire une liste d’union avec la Confédération paysanne. Dans l’Aude, profitant d’une dynamique née de la crise viticole, une union devrait avoir lieu avec la FDSEA, les JA, les coopératives et le syndicat des vignerons. « Nous avons de bonnes chances de remporter la chambre », se félicite Xavier Compain. En Loire-Atlantique, département où la Chambre est détenue par la Confédération paysanne, le Modef devrait être présent sur la liste du syndicat sortant.

Alliances dans plusieurs départements

« Des alliances sont également en cours de discussion dans l’Allier, le Puy-de-Dôme, le Var et les Alpes-Maritimes, avec les forces de progrès, FDSEA(NDLR : ne suivant pas la ligne nationale de la FNSEA) ou Confédération paysanne locales », confie le président du Modef. Sur le nombre de départements dans lesquels le Modef sera présent, Xavier Compain reste prudent. « Pour l’instant, nous n’avons pas encore finalisé toutes les listes, mais nous devrions être davantage représentés qu’en 2001 », prévoit-il. Pas d’objectif de score national non plus. « Ce n’est pas le pourcentage national qui nous intéresse. Nous, ce sont les chambres localement », insiste Jean Chey, secrétaire général adjoint du mouvement. Le syndicat avait réalisé 2,93 % en 2001, seul, et 1,44 % en plus sur les listes d’union Modef-Confédération paysanne. Aujourd’hui le syndicat veut « peser différent », et notamment sur les autres collèges autres que celui des exploitants. « Nous avons des options de reconquête sur certains départements avec des listes d’anciens exploitants, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques et la Manche », explique Xavier Compain.

« Rémunération du travail des paysans »

Du côté du programme électoral, le syndicat devrait faire de la « rémunération du travail des paysans » son principal cheval de bataille. “Avec le Modef, des prix pour notre avenir, une Chambre d’agriculture pour tous” sera le slogan de campagne. Xavier Compain se réjouit d’ailleurs que le thème « des prix rémunérateurs », historiquement cher au Modef, « devienne désormais l’affaire de tous ». Pour obtenir ces prix, le mouvement souhaite encadrer les pratiques et les marges de la grande distribution et établir un « Grenelle des prix agricoles, pour remettre à plat toute la politique sur le sujet ». Le syndicat, qui défend le principe de « la souveraineté alimentaire », souhaite faire sortir l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce. « Ce n’est pas un bien marchand comme les autres », estime Xavier Compain. Concernant les anciens exploitants, le Modef demandera « la retraite à 1.000 euros pour tous et pour toutes ». Pour permettre l’octroi de prêts à l’installation, le syndicat demande que « 0,5 % à 1 % des bénéfices des banques puissent servir de fond de garantie pour que les agriculteurs puissent plus facilement contracter des prêts ».

Les plus lus

À qui profitent vraiment les dons de blé russe?

Li Zhao Yu, Yann Lebeau, Roland Guiraguossian et Delphine Drignon, experts du département relations internationales…

Crues dans l'Yonne : quelques questionnements sur les rendements à venir

Les pics de crues atteints, tout va dépendre maintenant de la rapidité des eaux à baisser.

Pourquoi le Maroc devrait encore importer beaucoup de céréales en 2024/2025?

Yann Lebeau, responsable du bureau de Casablanca au sein du département relations internationales d’Intercéréales, a fait le…

Oléagineux - Comment Saipol va accroître ses capacités de trituration à Sète et Lezoux

L'usine de Sète de la société Saipol, filiale du groupe Avril, triture de la graine de colza, tandis que celle de Lezoux broie…

Incendie - Quand va redémarrer l'usine de trituration de colza de Sète de Saipol ?

L'usine de Saipol dispose d'une capacité annuelle de trituration de graine de colza de 600 000 t à 700 000 t. L'unité d'…

L'Inde redevient importateur en blé malgré une production record

L'Inde continue d'être un gros consommateur de blé.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne