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Brasserie
Les microbrasseries segmentent l’offre

Réimplantées dans l’Hexagone depuis une dizaine d’années, les brasseries artisanales tirent leur épingle du jeu en surfant sur l’appartenance régionale

LES MICROBRASSERIES ou brasseries  artisanales fleurissent dans nos campagnes, avec de nouvelles bières aux noms évocateurs tels que la cuvée des jonquilles blondes ou l’écume de Ré, à l’image de ce qui existe depuis longtemps en Allemagne et en Belgique. Ce sont quelques agriculteurs et entrepreneurs français qui ont ouvert la voie il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, on dénombre 300 brasseurs locaux permettant de valoriser, sur des circuits courts, les productions d’orge. Si cela constitue un moyen de mieux se rémunérer pour les agriculteurs/brasseurs, c’est aussi, pour le marché de la bière, une façon d’élargir sa cible en différenciant l’offre. Une tendance fréquemment observée sur les marchés matures, comme dans l’Hexagone ou aux Etats-Unis.
Des consommateurs attachés au terroir

Si les brasseries locales semblent faire leur apparition en France, elles opèrent en réalité leur retour. De nombreux estaminets et restaurants brassant leur propre bière existaient en effet avant la révolution industrielle. Selon Eric Trossat, responsable de la brasserie Uberach en Alsace, « les microbrasseries reviennent grâce à l’uniformisation de l’offre des grands groupes. » Les consommateurs ont maintenant tendance à vouloir se différencier par leurs actes d’achats, et les produits locaux, empreints de terroir, répondent à cette demande. « L’ancrage culturel permet le développement des brasseries artisanales dans certaines régions. En Bretagne, où l’on recense au moins 35 structures, en Corse ou au Pays basque, l’appartenance territoriale dope les ventes », déclare Raymond Duyck, président de la brasserie Duyck/Jenlain. Selon lui, « des régions comme l’Auvergne ou la Paca profitent moins du phénomène en raison d’une faible consommation de bière. » Cependant, il souligne que « le marché de la brasserie artisanale est moins saisonnier que celui de la bière industrielle, et que des phénomènes nouveaux de consommation liés à la dégustation, la découverte et l’originalité se développent. »

Un marché de niche bien installé

En France, les microbrasseries représentent 1,5 à 2 % des parts de marché, soit 250.000 à 300.000 hl de bières artisanales sur les 16 millions consommées annuellement. L’Hexa-gone se place ainsi en avant-dernière position par rapport à ses voisins européens. Si, globalement, les consommations de bière sont décroissantes en 2008, elles restent soutenues pour les productions artisanales. « Ceci prouve que l’engouement pour les brasseries régionales n’est pas un phénomène de mode, car elles ont trouvé leur marché », selon Raymond Duyck.

L’association des Brasseurs de France souligne que la force des brasseries locales est liée à une offre renouvelée reposant sur des process traditionnels comme les fermentations à hautes températures, l’absence de filtration ou la refermentation en fûts et en bouteilles. Auparavant exclusivement présent dans les régions historiquement brassicoles telles le Nord et l’Est de la France, le phénomène se développe dans toutes les régions, notamment l’Ouest et le Sud-Ouest.

Des conditionnements  et approvisionnements locaux difficiles

Les microbrasseurs français rencontrent des difficultés à trouver localement du malt en conditionnements adaptés à leurs besoins. De fait, 80 % des brasseurs artisanaux se tournent vers la Belgique et l’Allemagne, proposant 20 à 30 types de malts en sacs. Les 20 % restant se fournissent chez des malteurs français. Dans quelques cas, des agriculteurs/brasseurs transforment directement leur orge à la ferme et brassent leur bière. Il arrive aussi que ces derniers échangent avec les malteurs des quantités d’orge contre l’équivalent malté. Le développement de la brasserie biologique pousse d’ailleurs à une intégration complète de la filière en contrôlant tous les aspects du champ à la bouteille, afin d’éviter les pollutions et d’assurer une traçabilité.

Si les brasseries artisanales produisent rarement plus de quelques milliers d’hectolitres par an, ce marché empreint de traditions locales est en pleine expansion et s’inscrit dans l’air du temps. En effet, ces productions  répondent aux demandes d’an­crage territorial des consommateurs, de plus en plus sensibles aux aspects terroirs des produits qu’ils achètent.

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