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Agriculture biologique
Les grandes cultures bio, une filière à fortifier

Bien qu’en progression, elles ne représentent encore que 1,61 % de la surface nationale. Il y a, en particulier, des efforts à fournir en amont pour tirer profit des débouchés hexagonaux.

Sur le million d’hectares cultivés en bio sur le sol français, environ 20 % sont consacrés aux grandes cultures (76 % en céréales, 22 % en oléo-protéagineux et 2 % en légumes secs). Mais sur l’ensemble des surfaces destinées aux grandes cultures du territoire, la part dédiée au bio ne représente que 1,61 %, contre 3,5 % pour l’ensemble des filières. La marge de progression reste donc élevée. « Après une année record en 2010, où plus de 4.000 nouvelles exploitations agricoles se sont mises au bio, on entre maintenant dans une période de croisière », avance Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio. Et pourtant, il faut continuer à développer la production car « la demande française n’est qu’en partie couverte par les produits nationaux », rappelle Luc Maurer, conseiller technique chargé de la Pac auprès du ministre de l’Agriculture. « Il y a notamment un déficit en protéagineux pour l’alimentation animale. »

Des parts de marché à conquérir
La nutrition animale et la meunerie sont les secteurs les plus consommateurs de grandes cultures bio. Chez les fabricants d’aliments du bétail, « le marché est en forte expansion grâce au dynamisme du secteur volailles, et notamment des poules pondeuses », témoigne Carine Maret, responsable Alimentation animale de l’Ufab. En 2011, ce sont près de 80 % des aliments bio français qui sont allés aux volailles, dont 2/3 aux poules pondeuses. Les céréales se placent en tête des matières premières utilisées. « Le triticale est d’ailleurs intéressant par rapport au blé, car il n’y a pas de compétition avec les meuniers, et il est souvent plus facile à cultiver. » Les préoccupations principales portent sur l’assurance d’un approvisionnement en volume et en qualité. « Il faut que les nouvelles formules se fassent en partenariat avec la filière des grandes cultures », conclut Carine Maret.
En ce qui concerne la meunerie, sur la campagne 2011/2012, ce sont 104 moulins qui ont écrasé 86.500 t de grains bio, le blé tendre représentant 94 % des tonnages, d’après l’Agence Bio. Environ 60 % des farines bio sont utilisées pour fabriquer du pain et des pâtisseries. Les autres farines sont incorporées dans les biscuits, biscottes etc. Seul « 1,75 % de la farine produite en France est bio », affirme Jean-Louis Dupuy, président de la minoterie Dupuy Couturier, et 68 % des pains et farines bio consommés en France sont d’origine hexagonale. Et d’ajouter : « aujourd’hui, on arrive à mettre la main sur des volumes significatifs. Logiquement, les importations devraient baisser, et j’espère que la France atteindra l’autonomie rapidement. On a également besoin d’un équilibre tarifaire car, souvent, ce qui est produit en France est plus cher que les importations ».

La collecte a le vent en poupe
Entre 2007 et 2011, toutes les régions ont connu des progressions de surface des grandes cultures bio de plus de 50 %, mais les croissances les plus importantes ont été observées en Champagne-Ardenne (+121 %) et en Lorraine (+98 %). Dans ce contexte de conversion croissante des agriculteurs au mode de production bio, l’aval se mobilise et les opérateurs de collecte se multiplient. Créée en Bourgogne en 1983, la Cocebi, première coopérative française spécialisée dans les productions bio, avait un petit temps d’avance. Aujourd’hui, elle compte 167 adhérents, dont 106 fournisseurs de grains, avec une collecte, tous produits confondus, de plus de 10.000 t en 2011. Un des problèmes pour son président, Jean-Marie Pautard, réside dans le fait que « les grands groupes coopératifs en conventionnel commencent à s’intéresser au bio, ce qui produit un effet de surenchère au niveau de la collecte sur une même zone ». Une autre coopérative qui souffre de la concurrence des grands groupes est la Cercabio, créée il y a dix-huit mois en Champagne-Ardenne. Elle compte 16 adhérents pour une collecte d’environ 1.600 t. Dans cette structure, « il n’y a ni silo, ni salarié. Tout est basé sur le stockage à la ferme », explique son président Laurent Cartier. Par conséquent, il faut que les lots soient irréprochables et homogènes, une de leur faiblesse à améliorer. D’autres coopératives ont préféré miser sur des partenariats. C’est le cas des groupes Vivescia et EMC2 en Champagne-Ardenne. La région était très en retard dans la collecte du bio, mais l’explosion des conversions en 2009 a lancé le mouvement. Ils ont uni leurs moyens dans la structure Biovéal en 2011, pour développer une activité de collecte en grandes cultures bio. Cela est assez intéressant pour les agriculteurs champenois car « une des particularités de la région est d’avoir des exploitations mixtes, notamment à cause de la production de betterave qui est toujours très rentable », et s’effectue en conventionnel, commente Samuel Cathrinet, directeur de Biovéal.
Si les opérateurs de collecte se multiplient en aval, des freins perdurent en amont, notamment en sélection variétale. « La recherche est toujours insuffisante, alors qu’on pourrait gagner des quintaux avec des variétés adaptées à notre agriculture », défend Pascal Gury, président de la commission Bio Intercéréales. En ce qui concerne la fabrication de pain, « il s’agit de valider de bonnes variétés bio de qualité meunière », constate Jean-Louis Dupuy.

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