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Les Funds aux commandes du marché jusqu’en janvier

Bénéficiant de bas taux de la Fed, les fonds spéculatifs ont fait leur retour sur Chicago. Faisant fi des fondamentaux, les cours se sont alors ressaisis en blé

SPÉCULATIF. Le 18 novembre, une tonne de blé rendu Rouen s’échangeait à 124 €/t. Exactement le même prix que l’an dernier à cette date. Ce cours fait aujourd’hui l’effet d’une bouffée d’oxygène pour les producteurs, alors qu’un an plus tôt, il témoignait de la déconfiture du marché, monté à plus de 170 €/t durant l’été. Le rebond observé dernièrement a de quoi surprendre alors que les disponibilités céréalières mondiales sont lourdes. A 370 Mt, les stocks planétaires atteindraient en juin prochain leur plus haut niveau depuis 2001. La production mondiale de blé, évaluée à 667 Mt, dépasse une nouvelle fois, les besoins, chiffrés à 643 Mt. Comment alors expliquer cette hausse ? Les financiers ont réinvesti le marché des commodités sur Chicago.

En novembre, les fonds ont investi autant qu’en juin 2007 dans les commodités
« Nous n’avons jamais vu autant d’argent » sur le marché à terme de Chicago, a indiqué Dan Basse, président d’AgResource, cabinet américain de recherche et d’études, le 18 novembre à la conférence Global Grain de Genève. Et pour cause : « Les taux d’intérêt sont tombés si bas que les banques peuvent aujourd’hui emprunter à peu près autant d’argent qu’elles veulent à la banque fédérale à taux zéro », a-t-il expliqué. Les financiers peuvent ensuite réinvestir comme ils le souhaitent, n’importe quel placement étant susceptible de leur rapporter, surtout s’il est peu risqué. Les fonds ne se sont pas trompés : sur 2009, ils ont investi 239 Md$ sur les marchés de commodités américains, soit autant qu’en 2007. En 2000, ce chiffre n’atteignait même pas 50 Md$. Sur novembre 2009, les fonds indiciels détenaient autant de contrats sur les marchés du soja, du blé et du maïs qu’en juin 2007, soit plus de 650.000… contre 450.000 en janvier 2009. La folie spéculative va retomber, mais pas avant janvier, selon Dan Basse, qui estime que les fonds d’investissements vont augmenter leur niveau d’exposition sur le marché des matières premières d’ici là. Lorsque les opérateurs intégreront la réalité du marché, la chute risque d’être dure. A plus de 5 $/boisseau, soit pas loin de 140 e/t, très peu de lots s’achètent physiquement sur les marchés car les farmers font de la rétention. Mais il faudra bien qu’ils vendent…

Des stocks de blé encore plus élevés en 2010/2011
A moyen terme, les fondamentaux devraient rester baissiers en blé. Selon AgResource, qui a livré le 18 novembre les premiers chiffres pour la campagne 2010/2011, les stocks de report s’alourdiraient encore à l’issue de la récolte 2010. De 187 Mt en 2009/2010, ils grimperaient à 191 Mt. Pour la cinquième fois depuis 2000, la production mondiale de blé, évaluée à 659 Mt, dépasserait les besoins. Pour Tallage-Stratégie grains, ces prévisions seraient même en-deçà de la réalité. « Les Etats-Unis sont le seul endroit dans le monde où les surfaces vont diminuer », note Andrée Defois, présidente de la société française. De son côté, la consommation progresse au ralenti. En raison de la crise économique qui a affecté le revenu des ménages, les besoins en viande n’ont pas augmenté entre 2008 et 2009, ce qui n’était pas arrivé depuis 1993. Ils grossiraient de 1,6 % en 2010, sans rattraper pour autant la tendance suivie avant 2009.
Le marché semble plus porteur en maïs. Selon le CIC, la consommation monterait à 800 Mt, un nouveau record, pour une production de 790 Mt seulement. Le responsable : la progression de la demande en éthanol, qui a augmenté de 350 % depuis 2002. Toutefois, la concurrence entre les céréales fourragères est bien réelle, ce qui devrait empêcher le maïs de grimper bien plus haut. Pour Dan Basse, le cours a atteint son maximum sur la bourse de Chicago en frôlant les 5 $/boisseau de maïs.

La demande chinoise à surveiller
Reste une incertitude pour la campagne à venir : l’attitude de la Chine. « Quand je me réveille le matin, je regarde le Shanghai Stock Exchange ! », a plaisanté Dan Basse. Car le pays, qui est l’un des rares à afficher un taux de croissance de plus de 10 %, est le moteur de la demande mondiale. Même s’il intervient marginalement sur le marché du blé, sa production et ses stocks lui permettant de couvrir sans problème ses besoins, il pourrait importer un peu de maïs en 2010. Surtout en cas d’incident climatique. Et puis c’est le seul pays qui, en 2009, a vu progresser ses troupeaux, afin de répondre à la hausse de la consommation de viande et de produits laitiers.

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