Investissement
Les financiers misent sur la valorisation de l’agriculture
Les activités agricoles attirent les investisseurs. Une banque suisse créé un fonds pour parier sur ce secteur
BANQUABLE. Si le rôle des financiers dans l’agriculture est parfois décrié, il en est qui pourraient être bienvenus dans le monde paysan. Tel pourrait être le cas du banquier suisse Pictet et Cie, qui s’apprête, fin mai, à lancer un fonds d’investissement dans les activités agricoles. Pourquoi serait-il bienvenu ? D’abord parce qu’il développe une stratégie de confiance dans ce secteur aux résultats pourtant éminemment erratiques. Les dirigeants de la banque suisse sont convaincus que l’agriculture est un domaine qui reste structurellement porteur, en dépit de la chute récente des cours des matières premières, dans le contexte de croissance attendue de la demande alimentaire mondiale, comme l’explique Gertjan van de Geer, gérant du fonds Pictet pour l’agriculture. « Les tendances structurelles restent saines », assure-t-il.
Une optimisation des process de production sera nécéssaire pour couvrir ces besoins croissants. Elle passera, aux yeux du dirigeant, par une certaine concentration des structures agricoles. Il faudra également une meilleure efficience de la production pour réduire les pertes en culture actuellement estimées entre 20 % et 40 %. Pertes également sur le trajet entre l’exploitation et la transformation alimentaire puis jusqu’à l’assiette du consommateur. Tout ceci implique des machines plus nombreuses et plus perfectionnées, des semences (pas forcément OGM) plus productives, des organisations de production plus efficientes, une agro-industrie plus compétitive.
Exclure les sociétés trop axées OGM
Toute la chaîne de valeur agricole et alimentaire devrait ainsi se revaloriser. Le fonds Pictet pour l’agriculture compte, dans ce contexte, constituer une Sicav (Société d’investissement collectif) rassemblant des moyens financiers d’investisseurs institutionnels mais aussi de particuliers. Objectif : investir sur le moyen terme dans des sociétés cotées exerçant plus de 50 % de leur activité dans l’agriculture. Sont exclues les sociétés réalisant plus de 10 % de leur activité dans les OGM. Ces deux paramètres éliminent la possibilité d’investissements dans des groupes comme Monsanto, BASF ou Bayer, indique Gertjan van de Geer. L’objectif est de donner le choix aux investisseurs de pouvoir participer à un fonds où la part des OGM sera faible. Sont également exclus les investissements sur les marchés des matières premières elles-mêmes, ainsi que « dans les sociétés exclusivement axées sur les biocarburants, qui ont un impact négatif sur le prix des biens alimentaires. »
Reste à convaincre les investisseurs : Gertjan van de Geer entame un “roadshow” qui va le mener vers toutes les capitales européennes. Il a un argument que la crise lui a appporté : les tickets d’entrée dans les entreprises ont fortement baissé depuis un an, sous l’effet de la crise financière et boursière. « Vous payez moitié moins qu’il y a un an pour des participations dans des entreprises », explique-t-il. C’est justement sur la confrontation entre ces prix bas et les perspectives de développement de l’agriculture que Pictet compte pour réussir. Démarrage prévu du fonds : le 29 mai.