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Les exportateurs peinent à trouver de nouveaux clients

Dans un contexte très concurrentiel, les meuniers français souhaitent d’abord conserver leur clientèle, et ne comptent pas trop sur la prospection

LA FRANCE se place en bon premier au niveau de l’Union européenne, en termes d’exportations de farines. Et elle constituait tout de même, en 2008/09, le 4e exportateur à l’échelle mondiale. Une position honorable pour une nation où le pain est une richesse culturelle et emblématique. Cette spécificité permet de s’introduire dans les pays consommant du pain à la française. A contrario, cette segmentation nous pénalise dans les pays à tradition anglo-saxonne, dont les pains nécessitent des farines issues de blés plus protéinés.

Des débouchés quasi exclusivement tournés vers l’Afrique de l’Ouest
    Cliente historique des minoteries françaises, l’Afrique de l’Ouest demeure, et de loin (à plus de 70 %), le principal débouché pour les farines hexagonales. Une relation favorable puisque, si les exportations européennes ont fondu depuis le début des années 2000, l’origine française a mieux résisté à cette désaffection que les autres pays exportateurs de l’UE. Les principaux importateurs sont l’Angola, la Guinée Conakry, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Tchad, la République Centre Africaine, le Niger ou encore le Bénin. Dans tous ces pays, on retrouve une importante consommation de pain à la française. « C’est la condition pour exporter nos farines  », assure Guy Naccache, directeur de l’export au Grands Moulins de Strasbourg.
    Aujourd’hui, la première destination est l’Angola avec notamment 160.000 t exportées par Soufflet l’an passé contre 120.000 t pour les Grands moulins de Strasbourg, pour un marché estimé à 400.000 t par an. C'est d'ailleurs le principal débouché des seconds avec une part de plus de 70 % de leur CA à l’exportation.

Plus difficile au Moyen Orient et en Chine
    L’absence de consommation de pain français n’est pas le seul frein aux exportations hexagonales de farines. Au Moyen-Orient, les volumes ont beaucoup diminué depuis quelques années. La faute à une concurrence plus rude, notamment de la Turquie, et au développement de l’industrie meunière dans certains pays, réduisant logiquement leurs importations de farine. Les Emirats Arabes Unis, par exemple, sont devenus d’importants exportateurs de farine dans la région. « Aujourd’hui, nous leur vendons du blé par l’intermédiaire de Soufflet négoce, et des farines spéciales de haute qualité, mais les volumes sont très faibles », explique Laurent Leraitre, directeur Export des moulins Soufflet. La Libye, le Yémen et le Soudan ont eux aussi revu à la baisse leurs besoins en farines françaises, mais restent importateurs.
    Dans le Maghreb, l’implantation de moulins a fait chuter voire disparaître les importations de farines. « Le Maroc qui a construit beaucoup de minoteries est devenu un sérieux concurrent, mais l’objectif n’est pas le marché domestique. Le but est l’exportation pour récupérer des devises », explique Guy Naccache. Mais d’autres, notamment en Afrique Noire, ont suivi la même stratégie. D’autres éléments sont autant de facteurs limitant supplémentaires pour les meuniers français. L’instabilité politique que connaissent nombres de pays africains peut bloquer momentanément les échanges. Plus ponctuellement, l’évolution des autres marchés agricoles peut voir transférer l’intérêt pour la farine vers d’autres denrées de base comme le riz, par exemple. Enfin, les positions protectionnistes de certaines nations peuvent alourdir considérablement le coût des importations de farine. « L’Afrique serait bien inspirée de nous laisser apporter notre savoir et exporter de la farine sans avoir à supporter autant de taxes, surtout dans un contexte de tension des prix comme on a pu en connaître lors des dernières émeutes de la fin », déplore Guy Naccache.

Des pistes pour l’avenir
    Les meuniers français reconnaissent qu’il devient difficile de trouver de nouveaux clients, et les ambitions vers des frontières plus éloignées sont très mesurées. « Aujourd’hui, nous souhaitons surtout conserver nos parts de marchés en Afrique, mais aussi nous développer vers d’autres régions comme le Brésil et l’Inde, pour la fabrication de biscuits et de pain », indique Laurent Leraitre. Les Grands moulins de Strasbourg restent quant à eux concentrés sur l’Angola où ils se sont fortement implantés en quelques années. « Nous avons remplacé certains clients versatiles comme la Libye par la stabilité de l’Angola où nous avons conclu un partenariat très fort », explique Guy Naccache pour les Grands moulins de Strasbourg. Objet de toutes les convoitises dans bien des secteurs, la Chine n’attire pas les meuniers français. Ce grand pays dispose d’une meunerie déjà très performante et est épisodiquement exportatrice. «Pour nous ce n’est qu’un marché de niche où l’on exporte peu», confirme Laurent Leraitre.

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