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Régulation des marchés
Les droits à l’importation rétablis

Après bien des hésitations et une forte pression de certains États membres, le comité de gestion décide de taxer de nouveau les importations céréalières

PROTECTION. Le 16 octobre, le comité de gestion a voté le rétablissement des droits de douane à l’importation en céréales. La profession le demandait depuis plusieurs semaines, et c’est quasiment chose faite désormais. Cette décision prendra effet trois jours après la publication du règlement au JOUE Journal officiel de l’Union européenne..

C’est le 20 décembre dernier que la Commission avait décidé de suspendre les droits à l’importation, compte tenu de la flambée du cours des céréales. La mesure devait courir jusqu’au 30 juin 2008. La situation restant très tendue, Bruxelles avait décidé le 13 juin de prolonger la suspension pour la campagne de commercialisation 2008/2009, en accord avec les Etats membres, « à moins que les conditions du marché ne justifient leur réintroduction avant cette date », écrivait-elle dans un communiqué.

Une clause transitoire

Les importations de blé tendre de haute qualité, de blé dur, de maïs, de seigle et de sorgho en provenance des pays tiers vont donc être à nouveau sanctionnées par un droit de douane. Il sera égal a priori « au prix d’intervention valable pour ces produits lors de l’importation, majoré de 55 % et diminué du prix à l’importation CAF applicable à l’expédition en cause », selon le texte du règlement publié le 30 septembre dernier au JOCE Journal officiel des Communautés européennes.. Une clause transitoire doit toutefois être introduite : pour les céréales dont le transport aura débuté au plus tard à la date de publication du règlement, la suspension des droits continuera de s’appliquer.

Décision légitime selon les producteurs

Cette décision devrait satisfaire tout particulièrement les producteurs européens de maïs qui, au travers de la Confédération européenne de la production de maïs, avaient largement insisté, le 16 septembre lors de leur assemblée générale à Pau, sur la nécessité de rétablir ces droits. Dans un communiqué du 6 octobre, la confédération appelait à « une réaction immédiate de la Commission. […] Sinon, l’Europe amputera sa production de maïs et augmentera sa dépendance des productions animales aux céréales produites sur d’autres continents ».

Dans un communiqué du 20 octobre, Orama, représentant des producteurs de grandes cultures, juge « légitime » le rétablissement de cet outil de gestion du marché. La Coordination rurale y voit, pour sa part, une reconnaissance par la Commission d’une évolution devenue « anarchique » en maïs. « Les fluctuations sont telles que les prix des céréales dans l’UE ont été divisés par deux en six mois, alors que les besoins et les stocks demeurent identiques et que les coûts de production ont grimpé de 50 % », indique le syndicat. Résultat, les agriculteurs seraient, selon lui, aujourd’hui « totalement désorientés, quelle que soient leurs productions ». Aussi, l’organisation appelle-t-elle les gouvernements européens à « s’attaquer énergiquement à la crise agricole et alimentaire », de la même manière qu’ils ont « su reprendre le pouvoir pour intervenir dans la crise financière ».

Des importations bien inférieures à celles de 2007

Compte tenu du retournement de conjoncture, les importations de maïs sont toutefois bien inférieures à celles de l’an dernier à la même époque. Lors de sa conférence de presse mensuelle du 8 octobre, l’Onigc signalait que des certificats d’importation pour 1,5 Mt avaient été délivrés en maïs depuis le début de la campagne, contre 3,4 Mt au même moment l’an passé. En sorgho, les certificats n’atteignaient que 200 000 t, contre près de 1 Mt en 2007. Et en blé, les licences d’importations délivrées « sont à leur plus bas niveau depuis 2003, à moins de 1,7 Mt », indiquait l’office dans son dossier de presse.

Emportés par le contrecoup de la crise financière, les prix descendaient mi-octobre en blé tendre comme en maïs à leurs plus bas niveaux depuis deux campagnes. La tonne de blé rendu Rouen se négociait 133 €, contre 121 € pour la tonne de maïs. Et, comme le souligne le syndicat des producteurs de grandes cultures, cette mesure « ne saurait suffire à modifier la tendance de marché, car les bilans prévisionnels français sont très lourds. Des quantités significatives de céréales pourraient être proposées à l’intervention en fin de campagne. Le prix à la sortie des organismes stockeurs serait alors voisin de 100 €/t, le prix départ ferme s’élevant dans ces conditions à 80 € ». Or, comme l’indique l’organisation, le maïs est payé aujourd’hui 100 €/t départ, soit 25 € de moins qu’en 2006. Cette baisse, « conjuguée à la hausse des coûts de production »,mène « les exploitations vers des situations économiques extrêmes ». Pour elle, « tout doit être entrepris, par la Commission européenne comme par l’ensemble des acteurs de la filière, pour que nos céréales puissent s’écouler à bon rythme, en particulier à l’exportation ».

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