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Les cours du sucre en chute libre

Marché du sucre – L’or blanc a enregistré un fort repli après une longue période de hausse. Cependant, le déficit reste important pour le moment

LA DÉCONFITURE enregistrée par les cours du sucre depuis la fin du mois de février est liée en partie aux anticipations faites par les opérateurs. Si des quantités supplémentaires de sucre sont attendues mi-avril à la sortie des usines brésiliennes, les fonds spéculatifs, anticipant la détente, ont déjà largement déserté ce marché en empochant au passage de gros bénéfices.

Une baisse aussi brutale que la hausse
    Depuis fin janvier, les cours du sucre roux se sont dépréciés de 45 %. Le sucre blanc a suivi la même tendance en passant de 759 à 474 $/t entre janvier et mars. Cependant, le déficit d’offre au niveau mondial pour la campagne 2009/2010 a été revu à la hausse en passant de 7,5 à 12 Mt entraînant une baisse drastique des estimations de stocks de fin de campagne. Le déficit d’offre mondiale ne semble plus être l’élément directeur du marché qui a anticipé la forte progression des récoltes brésiliennes. En effet, le pays, qui a décalé une partie de sa dernière moisson en raison de conditions climatiques difficiles, atteindrait une production record de sucre pour la campagne 2009/2010, à 40 Mt selon FranceAgriMer. La région brésilienne du Centro-Sul, qui produit 90 % des volumes du pays, devrait ainsi voir sa production rehaussée de 20 % à 34 Mt. L’offre indienne aurait aussi tendance à progresser pour s’établir aux alentours des 25 Mt. La chute des cours, consécutive à ces annonces, incite d’ailleurs les opérateurs à reporter leurs achats en raison d’une opinion baissière sur le produit. Enfin, le retour de l’Union européenne à la seconde place des producteurs mondiaux de sucre, derrière le Brésil, avec une production de 18 Mt en hausse de 2 Mt par rapport à l’année précédente, ne devrait pas inverser la tendance pour le moment.

Les fonds passifs empochent et désertent
    L’anticipation par certains fonds d’investissements suiveurs de tendances, ou passifs, d’une hausse de l’offre mondiale a participé à la correction des prix du sucre. Ainsi, le retrait des investisseurs spéculatifs du marché sucrier, anticipant l’annonce d’une hausse des disponibilités, a fini de faire chuter les prix. Selon la CFTC, l’agence américaine de surveillance des marchés, ce sont 15 à 23 % des positions longues acheteuses des fonds d’investissements qui ont été soldés depuis le début de l’année. Si ces opérateurs ont tendance à amplifier les hausses, cela vaut aussi pour les baisses.

Une consommation mondiale qui s’adapte aux prix hauts
L’ajustement des consommations a aussi soutenu ce soudain retournement des cours du sucre. L’Inde ou le Pakistan, qui comptent parmi les plus gros consommateurs de sucre au niveau mondial, ont vu leurs demandes intérieures s’ajuster face à des niveaux de prix trop élevés pour les populations locales. D’ailleurs, les importateurs qui ont acheté au prix fort d’importantes quantités de sucre ne peuvent pas répercuter la baisse au niveau des consommateurs pour le moment sans entamer leurs marges. De fait, un cycle baissier s’installe. En effet, des prix à la consommation trop élevés faisant baisser la demande, couplés à des reports d’achats de la part des opérateurs physiques qui parient sur un glissement continu des cours, ne devrait, à court terme, pas permettre au sucre de revenir sur les niveaux de prix records observés précédemment.
    La plupart des analystes préviennent que si la demande s’ajuste, il ne s’agit que d’un report en raison de prix trop élevés. En effet, des stocks mondiaux toujours particulièrement bas laissent une situation tendue dans certaines zones, comme l’Afrique de l’ouest, avec des difficultés pour obtenir des livraisons avant juin. En Europe, si le prix garanti de 350 €/t repasse au-dessus des cours mondiaux, le marché reste relativement protégé. Cependant, les accords signés par l’UE avec les pays du pacte andin pour l’importation de 84.000 t de sucre, en provenance de Colombie et du Pérou, pourraient alourdir le marché et participer à la baisse.

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