« Les cours des grains devraient remonter dès maintenant » selon ODA
Le cabinet d'analyse Offre & demande agricole (ODA) estime que le marché est bien moins lourd qu'il n'y paraît, avec une offre mondiale mal répartie et une demande soutenue.
« Nous attendons la fin de la baisse des prix. Les cours devraient remonter dès maintenant et se poursuivre sur le moyen terme », a indiqué Louis Verhaeghe, directeur Agri du cabinet d'analyse Offre & demande agricole. Le cabinet d'analyse recommande ainsi à ses clients-agriculteurs d'attendre avant de vendre, face au risque de hausse des cours.
La consommation de viande en Chine va tirer sur les grains
« On se focalise trop sur l'offre actuellement. Mais on oublie la forte demande. (...) L'offre globale est mal répartie, les stocks de grains se concentrent en Chine, y sont immobilisables, et se réduisent chez les principaux exportateurs », alerte Didier Nedelec, directeur gé-néral d'ODA. Un des moteurs de la consommation de grains est l'augmentation des achats chinois de viande porcine et de volailles, du fait d'un cheptel national qui stagne et d'une demande croissante de la population, engendrant par ricochet une hausse des besoins en grains chez les pays exportateurs de viande, selon le cabinet d'analyse. Or, l'offre en grains n'est pas toujours disponible dans ces pays, notamment en Argentine mais surtout au Brésil, qui a été obligé d'importer du maïs américain récemment.
Les traditionnels acheteurs de blé, notamment l'Égypte, ont des besoins conséquents à couvrir sur le court terme, générant de potentiels problèmes logistiques chez les pays producteurs. « Je n'ai jamais vu autant de bateaux dans le golfe du Mexique (...) Les États-Unis vont-ils tenir le rythme ? En Russie, on tourne à 4 Mt d'expéditions de blé par mois, constituant leur limite logistique. S'il y a du retard, les conséquences pourraient être élevées sur les marchés », s'alarme Didier Nedelec. Sachant que cette année l'UE aura du mal à prendre le relais... Sans oublier qu'il faudra alimenter le marché indien, dont la production de blé est surestimée par le CIC, estiment les analystes.
Enfin, les prix bas ces dernières années ont fragilisé les agriculteurs mondiaux, les incitant à rogner sur les intrants et rendant les cultures « plus sensibles aux aléas climatiques (...). En cas d'accident météo, la réaction des marchés pourrait être brutale », signale Louis Verhaeghe.