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Marché céréalier
Les cours des céréales bio restent soutenus

La demande en produits bio explose. La filière souhaite mettre en place de nouveaux outils d’organisation, augmenter les volumes et les surfaces en conversion, et stabiliser au mieux les cours

« La filière a besoin de références technico-économiques pour se développer, souligne Etienne Gangneron, administrateur de l’Institut technique de l’agriculture biologique, lors de la journée annuelle consacrée aux grandes cultures bio fin mars. D’où l’importance des échanges d’infor­mations sur la recherche, l’expéri­mentation et la production. » Même si les techniques s’amélio­rent, les itinéraires bio en céréales et oléoprotéagineux sont encore perfectibles pour améliorer les rendements : la gestion de la fertilisation ou la maîtrise des coûts de production, alourdis surtout par les travaux de désherbage, passages de la herse étrille et/ou de la bineuse, sont en première ligne.

La 2 e édition du Salon européen Tech & Bio, organisé les 8 et 9 septembre prochains à Loriol-sur-Drôme (26), arrive donc à point nommé pour présenter les avancées et les innovations en agriculture biologique. La maîtrise des méthodes culturales reste bien l’un des freins aux conversions rendues nécessaires par l’explo­sion de la demande en produits bio (jusqu’à + 30 % de progression ces derniers mois). En outre, les incertitudes liées à l’évolution des marchés font encore hésiter nombre de candidats potentiels au passage en bio.

Tassement des prix

Si, globalement, les prix se sont maintenus lors de cette campagne, en comparaison avec ceux du conventionnel (le prix du blé meunier étant près de 3 fois plus élevé), ils ont néanmoins tendance à se tasser. « Ils retrouvent en fait un niveau plus raisonnable pour entamer la prochaine campagne,précise Jean-Louis Dupuy-Couturier, de la minoterie du même nom située à L’Etrat, dans la Loire, l’un des meuniers français leaders en bio avec une production de 15 000 t de farines bio par an, également président de la section bio de l’Association nationale de la meunerie française. Cette envolée des cours allait finir par vraiment nous pénaliser, car, en aval, nos clients font pression pour baisser les prix. »

Contractualisation nécessaire

Pour se pérenniser, le marché doit s’organiser. Ce credo, porté par les organisations professionnelles et les coopératives, n’est pas nouveau. Un vœu pieu ? Certes, la réalité est moins évidente, et même si une partie de la production est vendue sous contrats, la spéculation reste aussi de mise : « Nous avons besoin d’outils de prospection pour mieux cerner le marché et davantage anticiper. Nous sommes en train d’affiner notre connaissance sur la disponibilité en volumes et au niveau des stocks. Le groupe de travail d’Intercéréales planche également sur une charte d’engagement des opérateurs, notamment à travers des contrats pluriannuels sur les volumes », explique Pascal Gury, céréalier en Vendée, président de l’Agence Bio, de la section bio de Coop de France et d’Intercéréales. Le but est de consolider les liens entre les producteurs, les organismes stockeurs et les transformateurs (meuniers et fabricants d’aliments), en les incitant à miser sur la préférence française, et à n’importer ou exporter qu’en cas de besoins. La mise en place de ces outils est espérée pour la prochaine campagne.

Hausse des importations

La forte demande en meunerie ainsi que les besoins émanant de l’installation ou la conversion de nouveaux élevages, en aviculture ou en porc où le lien au sol n’est plus exigé par la nouvelle réglementation bio entrée en vigueur en janvier 2009, réclament une hausse des volumes. Les nouvelles surfaces en conversion seront-elles suffisantes ou, au contraire, risquent-elles de plomber le marché des prochaines années ? « Face aux attentes et aux ambitions, la production peut se développer sans crainte », assure Pascal Gury. Certes, un retour en arrière sur les quatre dernières campagnes démontre que de forts reports de stocks, notamment en blé tendre, dus à des niveaux de collecte élevés, peuvent provoquer rapidement un retournement du marché. « Les dégagements à l’export en 2006 ont été salutaires. Mais ils ont causé, dès 2007, en raison de très mauvaises conditions météo, une raréfaction des disponibilités sur le sol français », rappelle-t-il. Outre la demande de dérogation pour augmenter de 5 % le conventionnel dans les formulations d’aliments pour animaux (le faisant passer à 15 %), les importations se sont envolées. Aujourd’hui, conformément à la réglementation, la part de non-bio est redescendue à 10 %, passera à 5 % en janvier 2010, et devra être nulle dès 2012.

Flux tendus

En 2008, la crainte d’un déficit de marchandises s’est confirmée, provoquant l’envolée des cours et le maintien, voire le renforcement, du courant d’importations enclenché et estimé à plus de 10 000 t. De 25 % plus élevée, la collecte 2008-2009 ne couvre pas pour autant les besoins français, sauf en maïs. FranceAgriMer l’estime à environ 150 000 t (dont 60 000 t de blé tendre, 36 000 t de maïs), sachant que la production totale avoisinerait les 170 000 t. Aujourd’hui, les transformateurs se disent couverts, ayant pris rapidement leurs précautions. « Nous prévoyons pourtant, en cette fin de campagne, un report de stock situé entre 3 000 et 5 000 t, toutes céréales confondues, nous restons donc en flux tendus, avec des prix qui se maintiennent », analyse Pascal Gury. « Tout dépend évidemment des mises en marchés de grains encore stockés chez les producteurs », nuance-t-il, en dénonçant les dangers, pour la construction de la filière, d’une attitude spéculative. « Cette rétention incite les transformateurs à sécuriser leurs approvisionnements sur les marchés extérieurs. » Une soupape d’ajustement qui répond à une demande accrue de la meunerie (+ 15 %), mais aussi des fabricants d’aliments.

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