Aller au contenu principal

Investissements étrangers
Les Chinois privilégient la technologie et la transformation

Les investissements chinois à l'étranger dans le secteur agri-agro se sont multipliés. Pour Mac El-Omari (JP Morgan en Asie), il s'agit davantage d'investir dans la transformation et les technologies que dans les matières premières.

La poursuite des investissements de Synutra à Carhaix (Finistère) et la vente de 1.700 ha à un investisseur chinois dans le Berry ont fait couler beaucoup d'encre au printemps.

Pour Mac El-Omari, directeur général du pôle Biens de consommation et distribution des activités de banque d'investissement de JP Morgan en Asie, il ne faut pas pour autant s'attendre à un déferlement des capitaux chinois en Europe, d'autant que l'empire du Milieu s'intéresse à de nombreuses zones (Russie, Australie…). « Les produits laitiers y constituent un point d'intérêt, tout comme en Australie et en Nouvelle-Zélande, confirme Mac El-Omari. Mais cet intérêt me semble plus orienté vers la technologie, les innovations et le marketing, notamment pour les pou-dres de lait et le fromage, que vers la matière première en tant que tel. Les groupes laitiers chinois les plus importants disposent eux-mêmes d'équipements de pointe et recherchent de la valeur ajoutée. »

Des produits manufacturés expédiés en Chine

Plutôt que l'achat de terres agricoles, une procédure souvent compliquée, ou la reprise de société de négoces (Cofco a ainsi pris le contrôle de Noble et de Nidera pour s'assurer un accès direct aux céréales), qui se heurtent à la puissance des ABCD (ADM, Bunge, Cargill, Dreyfus), la Chine investira probablement de plus en plus dans des entreprises de transformation. « La gestion de l'amont reste ainsi dans le pays d'origine, avec des garanties de sécurité sanitaire, et ce sont des produits manufacturés qui sont expédiés en Chine, explique Mac El-Omari. Dans le cas de produits à marque, une prise de participation significative, 20 à 30 % du capital par exemple, suffit à tis-ser des liens suffisants pour assurer des livraisons à destination de la Chine, mais aussi une coopération technologique. Dans d'autres cas, comme dans celui de Syngenta, une acquisition prend tout son sens car ChemChina s'offre ainsi de réelles perspectives de développement global. »

La France, pays difficile

Si l'on se plaît à mettre en avant la qualité des produits français pour attirer les investisseurs, Mac El-Omari est prudent. « La France est un pays difficile. L'industrie agroalimentaire y est solidement tenue et la réglementation, notamment le droit du travail, est peu attractive. Quant aux investissements dans le vin, il s'agit peu ou prou de “danseuses”, et je ne suis pas certain que cela continue très longtemps », ajoute-t-il.

Plutôt que d'acheter des terres, la Chine investira de plus en plus dans les entreprises de transformation.

Pour ceux qui lorgnent sur le marché chinois, les choses sont devenues à la fois plus simples et plus compliquées. La structuration de la distribution facilite l'implantation, mais la concurrence est aussi plus rude. Et la voie des joint-ventures, prisée par de nombreux groupes, notamment coopératifs, risque de devenir plus étroite. « Les joint-ventures demandent un très fort investissement de part et d'autre. Et les Chinois commencent à penser qu'ils n'ont pas besoin de joint-venture avec une entreprise étrangère qu'ils pourraient tout aussi bien racheter », souligne Mac El-Omari.

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : activité calme malgré le recul des prix de l’azote

L’activité du marché des produits azotés reste modérée durant avril, période de réapprovisionnement. 

Marché des céréales du 8 avril 2025 - Les prix du blé tendre français repassent la barre des 215 €/t, dans le chaos ambiant créé par la guerre commerciale états-unienne

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 4 et le 7 avril 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne