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Les bas prix, c’est fini…

La FEBPF a organisé lors du salon Europain une conférence sur l’évolution du marché du blé

MUTATION. Avec une augmentation de 30 à 40 % cette année du prix des farines vendues aux boulangers, les professionnels de la boulangerie-viennoiserie-patisserie ont pu mesurer l’impact de l’extrême fermeté des cours des matières premières agricoles, blé en tête. « Et encore, nous n’avons pas répercuté la hausse des prix de l’énergie », assure un meunier croisé dans les allées du salon Europain. Organisée par la Fédération des entreprises de boulangerie française (FEBPF), une conférence s’est tenue le 31 mars à Villepinte afin de préciser les raisons de cet envol des matières premières. Courtier bien connu des meuniers, Alain Gérard (Arger Courtage) est venu apporter son expertise à la filière BVP.

Déséquilibre entre offre et demande et spéculation, sont les deux principaux responsables

« Le blé à 100/120 euros la tonne, que l’on a connu pendant sept ou huit ans, c’est terminé », a assuré Alain Gérard, courtier spécialisé en blés meuniers.

Une nouvelle approche des marchés à laquelle l’ensemble de la filière va devoir s’habituer car il s’agit bien d’une tendance de fond. « Je ne suis pas devin, mais les prix très bas, c’est fini. Pour les prochaines années, nous estimons que les prix tourneront autour de 180/190 €/t, au plus bas, et 280 €/t, au plus haut », a estimé le courtier. Pour ce dernier, la progression s’explique d’abord par le rapport entre l’offre et la demande mondiales qui se déséquilibre de plus en plus. Dès la campagne 2002/03, la chute de la production à l’échelle planétaire avait ponctionné les stocks mondiaux, marquant le lancement du marché haussier que l’on connaît réellement depuis l’an dernier. Les deux récoltes suivantes étant de bonnes factures, la mutation du marché a été retardée pour apparaître au grand jour dès le mois de juin 2007, où les prix se sont complètement envolés. Le phénomène s’est amorcé en 2006 avec un décrochage entre offre et demande plus important qu’à l’accoutumée, favorisé par la chute des stocks des cinq premiers producteurs-exportateurs de blé mondiaux que sont le Canada, les Etats-Unis et l’Union européenne pour l’hémisphère Nord, et l’Australie et l’Argentine pour le sud.

Au niveau des surfaces, si les emblavements en blé n’ont cessé de régresser depuis les années 80, en raison de la baisse continue des cours, ils pourraient regagner du terrain, les prix redevenant attractifs. Mais pas tant que ça selon Alain Gérard : « On attend une hausse des surfaces en blé dans certains pays, notamment aux Etats-Unis (comme l’a confirmé le dernier rapport de l’USDA, ndlr), mais on s’attend à une baisse de production en Russie, en Ukraine ou encore en Inde. Comme quoi, même avec des prix élevés, il y a peu de candidats pour produire du blé ». De manière générale, l’agriculture utiliserait quasiment le maximum des surfaces disponibles, d’après le courtier, et celles-ci seraient même en recul dans certaines régions qui connaissent une avancée des zones désertiques ou au contraire urbanisées.

Ainsi, entre une demande alimentaire (destinée à l’alimentation humaine comme animale avec l’émergence de puissances à fortes croissances comme la Chine et l’Inde), ainsi qu’énergétique (avec le développement des biocarburants de première génération), en progression constante, et une hausse des surfaces utilisées limitée, le marché devrait rester ferme et volatil.

De plus, l’arrivée des fonds d’investissements sur les marchés des matières premières agricoles, agissant par intérêt spéculatif uniquement, conforte cette évolution. « Les marchés de la spéculation qui n’intervenaient pas sur nos filières il y a encore trois ans sont très présents. Les cours du riz, par exemple, ont progressé de plus de 30 % suite à des mouvements de capitaux provoqués par les annonces de blocage des exportations de certains pays producteurs comme l’Inde et le Vietnam», explique Alain Gérard. La spéculation « amplifierait la hausse à hauteur de 50 % du prix ».

Concernant les biocarburants, leur impact devrait être beaucoup plus limité compte tenu de l’explosion des prix des céréales et plus particulièrement du blé. Les seuils de rentabilité ayant été calculés sur des bases de prix inférieures, la filière bioéthanol de première génération « ne devrait pas trop se développer, car les matières premières sont devenues trop chères ». Les biocarburants de demain, se seront ceux produits « à partir de la biomasse et de la canne à sucre » conclut Alain Gérard.

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