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Sécurisation du revenu
Les assureurs agricoles proposent une garantie de chiffre d'affaires

Rejoignant les mécanismes de gestion des aléas en agriculture, Groupama sort une assurance chiffre d'affaires, qui couvre le risque lié au rendement et le risque prix, dans un contexte de cours volatils. Pacifica proposera une offre comparable mi-novembre.

L « a Pac a privé les agriculteurs d'outils de régulation, il faut réinventer des mécanismes de gestion des risques », note Stéphane Gin, directeur de l'assurance agricole chez Groupama. Le contrat proposé par l'assureur pour 2017 aux céréaliers comprend une assurance rendement, sur le modèle de la multirisque climatique “contrat socle” et une assurance prix.

Un chiffre d'affaires garanti

Concrètement, l'agriculteur détermine un rendement attendu : basé sur la moyenne des cinq dernières années, qu'il peut majorer de 15 % maximum, plus un prix de vente attendu. Celui-ci correspond au prix Euronext pour l'échéance de la récolte, au jour de ” la souscription. L'agriculteur fixe le niveau de revenu qu'il souhaite garantir, en fonction de quoi le contrat d'assurance sera plus ou moins onéreux. À la récolte, si le chiffre constaté est inférieur au chiffre garanti, l'agriculteur percevra une indemnisation. L'offre Pacifica, disponible à mi-novembre, repose sur le même modèle.

Les agriculteurs qui pratiquent en direct le marché à terme sont peu nombreux, es-timent les assureurs.

Pour qui ?

L'offre Groupama débute avec les caisses d'Aquitaine, de Basse-Normandie, du Centre, d'Île-de-France, du Limousin, des Pays-de-la-Loire, de Picardie et de Poitou-Charentes. Elle sera réservée en 2017 aux producteurs de colza, blé tendre et maïs grain. La majorité pourront souscrire auprès de leur caisse, ou passer par les coopératives partenaires.

Chez Pacifica, une phase pilote aura lieu en 2017 (souscription en novembre 2016) auprès de 200 à 250 agriculteurs des onze départements.

Si les offres garantie de chiffre d'affaires font leurs preuves, les assureurs les généraliseront. Cependant, les céréaliers qui contractualisent déjà avec leur coopérative, se garantissant un prix, peuvent se contenter d'une assurance multirisque climatique.

Quid de la prime d'assurance ?

La prime va varier en fonction des besoins et des options retenues (niveau du CA garanti). Certains clients voudront couvrir les frais engagés, d'autres avoir une assurance plus protectrice. Le prix équivaut à un passage de phyto, environ 50 €/ha.

Chez Groupama, par exemple, un agriculteur du bassin parisien, qui attend un rendement de blé de 10 t/ha à 175 €/t pourra se garantir un CA de 1.400 €/ha, moyennant une prime de 75 à 80 €/ha.

Les agriculteurs devraient être éligibles à la subvention accordée pour la souscription au contrat socle. En effet, l'assurance chiffre d'affaires, plus large que la multirisque climatique, couvre aussi le risque lié au rendement. Reste à savoir comment subventionner à hauteur de 65% uniquement la partie assurance rendement.

Assurance ou marché à terme ?

La question du recours à l'assurance ou au marché à terme pour garantir un prix peut se poser.

Au 27 octobre, une option “put”, sur le marché à terme du blé tendre, échéance septembre 2017, dont le “strike” s'élève à 140 €/t (garantissant un prix de 140 €/t en septembre 2017) coûtait 0,78 €. Ainsi, un agriculteur qui récolterait 10 t/ha (rendement anticipé dans l'exemple) pourrait espérer un chiffre d'affaires de 1.400 €/ha en investissant… 7,80 €/ha. Un calcul à relativiser cependant : une telle opération ne garantit en aucun cas le rendement qui peut finalement s'avérer largement inférieur à 10 t/ha.

« Les agriculteurs avertis pourront vérifier. Une offre d'assurance chiffre d'affaires revient moins cher qu'une assurance climatique plus les garanties par le biais du marché à terme », assure cependant Bruno Lepoivre, directeur adjoint Marchés agriculture et professionels du Crédit agricole.

Priorité au contrat socle pour Pacifica

La priorité du Crédit agricole demeure le développement de l'assurance récolte et prairies, malgré la création du contrat d'assurance chiffre d'affaires. Pacifica affirme avoir enregistré une hausse de 61 % des surfaces assurées ainsi entre 2015 et 2016. « Nous travaillons avec le ministère et la profession pour mieux équiper la ferme France », note Patrick Degiovanni, directeur général adjoint de Pacifica. Et l'assurance multirisque climatique reste la priorité.

Le Crédit agricole va poursuivre sa « politique d'ajustement des contrats aux risques réels des agriculteurs ». Quant à l'assurance chiffre d'affaires, si elle est nécessaire à certains, elle n'a pas vocation à être aussi diffusée que le contrat socle multirisque climatique. À la différence des risques liés aux aléas climatiques, dans le cas d'une baisse de prix, tout le monde est touché ou personne. Le risque prix est systémique.

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