Les assurances s’adaptent
L’assurance carence d’apport devrait permettre aux coopératives de stabiliser leurs frais fixes
LES RISQUES liés aux aléas climatiques et à la volatilité des prix de marché sont de plus en plus présents en agriculture. Le démantèlement des politiques agricoles et des outils de soutien aux marchés s’intensifiant, de nouvelles solutions assurantielles sont proposées par le secteur privé. L’assurance carence d’apport (CAPP) fait partie de ces outils mis à la disposition des organismes stockeurs (OS) par Aon Agri. La conservation d’un niveau stable de frais fixes à la tonne, malgré des variations sur les volumes collectés, permet aux OS de maintenir leurs résultats ainsi que leurs politiques de remises envers leurs adhérents. Les capacités d’investissement des coopératives sont aussi préservées, ce qui contribue à améliorer leur compétitivité. La frilosité sur les offres en crédit est aussi un facteur de développement des activités assurantielles car des garanties solides sont demandées aux emprunteurs. Autre produit, l’assurance chiffre d’affaires (CAFF), qui garantit l’agriculteur contre des baisses de rendement ou de prix sur les cultures de blé tendre et de colza. Elle permet d’une part de stabiliser les comptes adhérents de la coopérative (vente de céréales / achat d’intrants), et d’autre part de protéger la marge des agriculteurs, notamment les jeunes, plus fragiles.
Nouveaux outils pour assurer l’inassurable
Les nouvelles règles communautaires sur le plan sanitaire (Plan Hygiène) ainsi que les retombées du Grenelle de l’Environnement ont révélé de nouveaux risques. Les coopératives, réalisant 75 % de la collecte en céréales, sont notamment exposées à ces risques (mycotoxines de champ, contaminations par des OGM). Ces aléas restent difficilement assurables de façon classique, compte tenu du manque de recul quant à leur occurrence, en fréquence et intensité. Dans ces situations, Aon propose un montage, au travers d’une captive d’assurance, permettant à l’entreprise de constituer un fonds propre de garantie. Ce fonds est préfinancé par l’assureur. Si par exemple, pour un risque non assurable on évalue le coût du sinistre à 4 M€, la société déposera 1 M€ chaque année pendant 4 ans. Si le sinistre intervient avant la fin de la constitution de ce fonds, l’assureur s’engage à couvrir les coûts à hauteur de la somme estimée initialement (4M€). La captive permet aux entreprises de diminuer leur vulnérabilité face au marché de l’assurance et d’améliorer leurs capacités de trésorerie. Les frais généraux des contrats sont aussi réduits.
Des risques différents selon les secteurs
Depuis deux ans, Aon propose ses services aux OS viticoles et céréaliers. Dans ces deux secteurs, l’impact des aléas est différent. Les bassins d’approvisionnement étant réduits en vigne et ramenés à un seul produit, les événements ont des conséquences plus lourdes sur les résultats qu’en céréales. Un aléa climatique catastrophique en vigne peut faire perdre 60 % de la collecte de la coopérative, contre 15 % en moyenne toutes natures de récoltes confondues pour une coopérative céréalière, qui collecte sur plusieurs départements. Au travers des coopératives qui contractent des assurances CAPP et facilitent la distribution des assurances CAFF, les producteurs bénéficient d’une certaine stabilité des relations commerciales et donc d’une sécurité quant à la rémunération de leurs productions. Des aides pourraient être attribuées à terme aux agriculteurs afin qu’ils s’engagent dans cette voie. Mais les grands syndicats de producteurs agricoles voient dans le développement des assurances privées la fin des politiques agricoles (cf.p.12).