Facteurs de croissance
Les antibiotiques en question
La 25e édition de la version asiatique du salon Victam, dédié à la production d'aliments pour animaux, a laissé une large place à la problématique des antibiotiques, facteurs de croissance, ou, plutôt, à leur suppression.





La suppression des facteurs de croissance antibiotiques en alimentation animale, démarrée en 1997, est totale depuis 2006 en Europe. Depuis, les pays européens ont également instauré des plans contraignants sur les antibiotiques à visée thérapeutique. En effet, la suppression des premiers n'a pas suffi à stopper la montée des résistances en médecine humaine.
Pour Dominique Chavatte (responsable international pour la volaille chez InVivo NSA), « la suppression des facteurs de croissance antibiotiques en Europe est responsable d'un surcoût de 0,8 centimes d'euro par kg de poids vif en volaille. Cela représente 16 % du surcoût induit par les réglementations purement européennes, soit moins de 1 % du coût de production. L'interdiction des OGM, celle des farines de viande et d'os ainsi que le contrôle des salmonelles sont les modifications qui ont eu le plus d'impact. » Le surcoût “réglemen-taire”, qu'il concerne l'environnement, le bien-être animal ou la sécurité alimentaire, pèse entre 4,5 et 5 % du coût de production avicole.
Solutions techniques et logiques d'élevage
La situation européenne fait réfléchir ailleurs, notamment en Asie. Les fournisseurs y promeuvent les solutions développées pour répondre aux contraintes européennes (extraits de plantes, acidifiants, plasma, fibres non digestibles, algues...). Ils anticipent une généralisation des interdictions au-delà des seuls pays exportateurs vers l'Europe, comme la Thaïlande. Toutes les conférences organisées à l'occasion du salon Victam (Aquafeed Horizon, Fiaap, Feed & Rice, Pig Feed qualité), du 29 au 31 mars à Bangkok (Thaïlande), faisaient donc une large place à ces sujets. « La santé du tube digestif est devenue le sujet numéro un, ces dernières années. C'est un impératif pour notre industrie de l'alimentation animale en Asie, sous l'effet de l'évolution réglementaire mais aussi en raison de la demande des consommateurs et des distributeurs », résume Graziano Mantovani, en charge du porc en Asie du Sud-Est pour Provimi (Cargill). Mais, plus largement tous les intervenants s'accordent sur l'importance de mesures “totales”, de la biosécurité à la qualité de l'eau, de la formulation des aliments au contrôle des matières premières. Pour Katinka DeBalogh (FAO), seul un travail conjoint entre les autorités gouvernementales et le secteur privé pourra d'ailleurs aboutir.
La suppression des facteurs de croissance antibiotiques a induit une baisse de moins de 1 % de la productivité.
Dans les années 80/90, on estimait que la suppression des facteurs de croissance antibiotiques dégraderait la productivité de 4 % pour les poulets de chair à 9 % pour les porcs. L'expérience permet de chiffrer cette perte potentielle à moins de 1 %. Toutefois, il faut que les éleveurs, qui souvent ont peur, acceptent une hausse ponctuelle, durant sa mise en place, avec plus de biosécurité notamment.
L'Asean pourrait y réfléchir
Pour Rommel Sulabo, professeur en nutrition des monogastriques aux Philippines, la question d'une suppression complète des antibiotiques, facteurs de croissance, se pose réellement dans l'Asean (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam), à la recherche d'une homogénéisation des règles. Mais la route va être longue pour cet ensemble de 618 millions d'habitants, qui produit 70 Mt d'aliments pour animaux. « À ma connaissance, il n'existe pas d'étude sur les usages des antibiotiques qui permettrait une comparaison entre pays, contrairement à ce qui a été fait en ”Europe », explique l'orateur. Au Vietnam par exemple, où se concentrent 26 des 71 millions de porcs de l'Asean, les antibiotiques, facteurs de croissance, sont utilisés par les deux tiers des fermes industrielles. Mais la production familiale artisanale reste dominante. Là, ce sont plutôt les usages non raisonnés des antibiotiques, comme seul outil de contrôle des maladies, qui l'inquiètent. Moins de la moitié des utilisateurs d'antibiotiques respectent notamment le temps d'attente avant l'abattage. Aux Philippines en revanche, la discussion au Parlement d'une prochaine réglementation sur la sécurité alimentaire inclut la suppression des facteurs de croissance antibiotiques.
Certains constructeurs de matériels de production et de manutention-stockage sont des grands habitués du Victam Bangkok.

C'est le cas de Stolz et Stif qui disposent de capacités de production dans la zone, Clextral et Morillon dont les exportations en Asie sont déjà très anciennes, ou encore Ferotec, Poittemill et Vibrafloor. Étaient également présents Actemium, qui rayonne en Asie depuis l'Indonésie, et A-Système pour la formulation. Dans le segment des ingrédients (Fiaap), Sopropèche est très implanté dans toute l'Asie comme Olmix et SPF Diana. On note la première participation de trois entreprises en nutrition/hygiène : Hypred (filiale de Roullier), Le Gouessant et Sofivo, qui avaient choisi d'exposer comme premier contact dans l'Asean.