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Légumineuses : des bénéfices pour l’agriculture et l’environnement

L’introduction de légumineuses à graines dans les rotations est gage de systèmes de production rentables et durables à l’échelle européenne.

«C’EST A LA LA FOIS rentable et bon pour l’environnement d’inclure des légumineuses à graines dans les rotations culturales, et chaque région européenne peut trouver une espèce de légumineuses adaptée à ses conditions.» Voilà les principales conclusions des études GL-Pro Le projet GL-Pro est coordonné par l’Unip (Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines) et financé par la Commission européenne (PCRD5). menées dans différentes régions européennes. En effet, contrairement aux idées reçues, les rotations comprenant des légumineuses à graines sont, en terme de marge brute de la rotation, aussi compétitives que d’autres rotations céréalières. En même temps, l’introduction des légumineuses dans une rotation a un impact positif sur l’environnement, ceci de façon d’autant plus marquée que la rotation initiale est composée de cultures «intensives». En outre, les légumineuses sont adaptées à toutes les régions européennes et leurs débouchés ne sont pas limités puisque, lorsqu’elles sont disponibles, la valorisation de ces graines riches en protéines et en énergie est assurée, notamment pour l’alimentation animale ; marché pour lequel l’UE est déficitaire à plus de 75 % en protéines. La conférence “Bénéfices des légumineuses à graines pour l’agriculture et l’environnement en Europe : nouvelles données et perspectives”, organisée par GL-Pro le 3 mai dernier à Bruxelles, a été l’occasion de préciser l’intérêt des légumineuses à graines à travers les pays européens.

Une adaptation à chaque région

Comme pour les céréales, la famille des légumineuses est vaste, les espèces nombreuses : pois, féverole, lupin, soja, vesce, lentille… Du nord au sud, et d’est en ouest de l’Europe, cette diversité apporte une adaptabilité génétique remarquable. C’est pourquoi chaque région, avec ses caractéristiques pédologique et climatique particulières, peut cultiver avec succès un ou plusieurs types de légumineuses.

Dans différentes régions européennes, les experts ont comparé les systèmes de rotation de cultures en place avec des rotations introduisant une légumineuse à graine : majoritairement le pois. L’introduction d’un protéagineux préserve la rentabilité économique des systèmes en permettant tout particulièrement des économies d’intrants —engrais azotés— sur le protéagineux même, mais également sur la culture qui suit, généralement un blé, dont le rendement est de plus augmenté. Sur le plan agronomique, la gestion des maladies et des mauvaises herbes est facilitée par l’allongement de la rotation et la rupture causée par l’introduction d’une nouvelle culture. Cette réduction de la pression phytosanitaire, traduite par une moindre utilisation de pesticides, a par ailleurs des impacts positifs sur la durabilité de la rotation et donc sur la rentabilité du système pour l’exploitation à moyen et long terme.

Les légumineuses ne nécessitant pas d’apport d’engrais azotés, les analyses de cycles de vie (ACV) démontrent leur intérêt pour répondre aux économies d’énergies fossiles et aux réductions des émissions de gaz à effet de serre (GES). L’introduction d’une légumineuse à graines dans une rotation composée de 75 % de céréales et de 25 % d’oléagineux permet ainsi d’économiser, par hectare et par an, de l’ordre de 10 % de ressources d’énergies non renouvelables et de GES. Elles trouvent d’autant plus d’intérêt dans des systèmes de production «intensifs» pour lesquels les intrants sont importants. Des perspectives sont par ailleurs ouvertes à l’agriculture pour les marchés du carbone, ce qui permettrait de donner une valeur économique aux intérêts environnementaux des légumineuses à graines.

Si l’alimentation animale constitue le premier marché pour les légumineuses à graines (75 % de la production européenne), le marché de l’alimentation humaine n’est pas négligé : moindre en volume, il permet une meilleure rémunération pour des graines de qualité. Par ailleurs, les marchés énergétiques de production de chaleur et d’électricité par combustion, méthanisation ou fractionnement à partir de biomasse agricole se développent rapidement. Du fait de leur efficience énergétique élevée (leur production nécessite peu d’énergie au regard de l’énergie qu’elles contiennent), les légumineuses à graines, éventuellement en culture associée avec des céréales, pourraient trouver une place dans ce débouché appelé à croître de façon exponentielle au cours des prochaines années.

Une impulsion européenne

Aujourd’hui, les surfaces de légumineuses à graines représentent moins de 3 % des assolements de l’UE à 25. Des enquêtes réalisées au niveau européen auprès de ces non-producteurs montrent que, si l’intérêt agronomique des légumineuses est apprécié des agriculteurs, l’intérêt économique qui en résulte reste sous-évalué et les innovations variétales récentes peu connues.

En effet, les légumineuses à graines n’ont fait leur apparition dans le paysage agricole «moderne» qu’au début des années 80 sous l’impulsion de l’UE qui leurs octroyait enfin les mêmes types d’aides que les autres grandes cultures (1962 pour les céréales et 1966 pour les oléagineux). Impulsion de courte durée puisque, moins de dix ans plus tard, leur expansion fut stoppée par la mise en place des Quantités maximum garanties, fixée sur la production atteinte à cette date, puis par la fin des prix garantis. Or, les effets de la recherche et de la création variétale initiées au cours des années 80 portent leur fruit aujourd’hui, au moment où les soutiens spécifiques à la production sont estompés et où le volume de production des protéagineux ne permet pas encore d’autofinancer ces programmes.

Une nouvelle impulsion européenne est aujourd’hui nécessaire pour assurer aux acteurs de l’amont agricole que leurs investissements sur les marchés des légumineuses à graines soient pérennes.

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