Le sorgho, une petite production aux grandes ambitions
Les cinquante ans de la société Semences de Provence, premier sélectionneur de sorgho en France, étaient l'occasion de faire le point sur cette céréale méconnue.

E « n France, l'offre de sorgho fluctue, les prix sont quasiment identiques à ceux du maïs et l'intérêt des Fab pour cette marchandise reste limité. Pour utiliser le sorgho dans leurs formulations, ils doivent modifier leurs recettes, ce qui demande une constance dans les productions », explique Yannick Carel, chargé d'études chez Arvalis-Institut du végétal. Pourtant de nombreux agriculteurs français trouvent dans la céréale de nombreux avantages. « En tête de rotation, le sorgho structure le sol. Son système racinaire, très développé, assure la porosité du sol, facilite l'infiltration de l'eau et apporte de la matière organique au sol », explique David Vincent, agriculteur dans l'Aude, qui pratique la culture sans labour. Mais pour de nombreux agriculteurs, une parcelle de sorgho se salit plus facilement. Un frein qui devrait être levé puisque deux nouveaux désherbants devraient voir le jour.
Objectifs : 100.000 ha en FranceDe quoi peut-être faire de nouveaux adeptes et atteindre les objectifs du leader français de semences de sorgho : « Atteindre à nouveau les 100.000 ha de sorgho cultivés en France (contre près de 62.000 ha aujourd'hui) », espère Denis Ville-nave, directeur de Semences de Provence. Une ambition réalisable puisque, sur le globe, le sorgho monte en puissance. Talonnant l'orge, elle est devenue la cinquième céréale cultivée dans le monde, avec 43 Mha en 2015.
La France reste le premier producteur de sorgho européen, avec 275.000 t en moyenne devant l'Italie et la Roumanie. L'Espagne est le premier importateur de sorgho européen. Dans l'UE, la production tend à diminuer, tout comme les importations et la consommation.
À l'échelle mondiale, la Chine représente désormais 80 % des importations. « Les Asiatiques se tournent désormais vers les protéines animales. Leurs besoins en céréales fourragères ne cessent de croître », souligne Yannick Carel, précisant que les échanges se font principalement entre la Chine et les États-Unis. Lucie Debuire