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Nutrition animale
Le Snia tente d’enrayer le repli de l’activité

Entre recul de la production et flambée des matières premières, 2006 a été rude. Les industriels relèvent pourtant le défi et continuent à aller de l’avant

CHALLENGES. Les professionnels de la nutrition animale s’inquiètent pour leur avenir, comme l’a rapporté le président du Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale), Adolphe Thomas, à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisation, qui s’est déroulée le 24 mai à Paris. Une angoisse légitime dans un contexte de concurrence acerbe pour les productions animales – dont le devenir suscite lui-même des interrogations –, de restriction de l’élevage et de flambée des cours des matières premières. La profession doit dès lors « relever trois grands défis », qui sont ceux de la compétitivité, de la qualité et de la sécurité sanitaire, tout en s’inscrivant dans une logique de préservation de l’environnement.

Un contexte difficile avec une demande amoindrie et une tension des matières premières

Les volumes d’aliments composés accusent pour la cinquième année consécutive un mouvement de repli, avec 21,6 Mt produites. Cela porte à près de 2 Mt les pertes enregistrées depuis 2001. La crise aviaire, qui a fait chuter jusqu’à 20 % la consommation d’aliments volailles, n’a pas été pour améliorer ce bilan. Ce résultat sombre est lié aux difficultés rencontrées par l’aval de la filière.

Confrontées à des importations massives, les productions animales françaises sont mises à mal, alors même que les besoins mondiaux sont amenés à se développer. Une hausse de 130 Mt est en effet attendue dans les 25 prochaines années, comme le souligne le représentant des industriels privés de la nutrition animale. L’occasion pour lui de pointer une nouvelle fois du doigt les « distorsions de concurrence entre états qui font qu’à un certain moment il devient impossible de lutter contre les produits venus d’ailleurs ». Il appelle alors à ce que « les règles du jeu soient les mêmes pour tous ». Il déplore également l’accumulation de contraintes sanitaires environnementales, sociales et fiscales, décidées au niveau européen, mais parfois franco-françaises, devenues « dangereuses pour la pérennité de notre industrie et de nos emplois ».

Les Fab ont en parallèle dû faire face à une envolée des prix des matières premières, principal poste en terme de coût de production de l’aliment. L’IPAA a progressé de 27 % entre juillet 2006 et avril 2007. Les prix des céréales, qui représentent près de la moitié (49,7 %) des ingrédients incorporés en 2006, ont gonflé de 40 %. Or la tension enregistrée sur le second semestre 2006 n’a pas pu être répercutée sur le prix de vente. Adolphe Thomas insiste à cet égard sur la nécessité de « répercuter les hausses de prix jusqu’au bout de la chaîne alimentaire ». Une politique essentielle d’autant que rien ne laisse présager de détente durable des marchés. Le développement de la production de biocarburants devrait en effet entretenir cette tension. La profession doit également composer avec une plus forte volatilité des marchés à laquelle « les formulateurs ont dû s’adapter. Ils doivent être plus réactifs, vigilants et essayer d’anticiper les fluctuations. Cela passe par un recours accru aux outils d’analyses de marchés et de sécurisation ».

Parmi les autres éléments pesant sur la compétitivité des Fab, la multiplication des cahiers des charges en usine. Leur rationalisation, initiée depuis quelques années, n’a toujours pas abouti. Le dossier serait « bloqué administrativement de manière totalement incompréhensible ». Or pour Ludovic Michel, industriel convié à témoigner à la table ronde de l’assemblée générale, le coût des contraintes réglementaires d’hygiène et sécurité a représenté, ces quatre dernières années, près de 60 % de son investissement annuel. Un montant avant consacré a l’entretien de l’outil et au gain de productivité.

Le renouvellement de l’élevage, clef de voûte de la pérennité de la filière

« Sans renouvellement en élevage et sans élevages modernes, il n’y aura pas d’industries agroalimentaires tant en aval qu’en amont », alerte Adolphe Thomas regrettant que ce ne soit « pas le cas aujourd’hui ». Le rapport privilégié entre le fabricant et son client sera à cet égard plus que jamais primordial. L’éleveur attend du Fab qu’il contribue à limiter les astreintes de son métier en lui fournissant des produits pratiques. « Le confort de l’éleveur est à prendre en compte pour avoir des exploitations viables », explique Pascal Ferrey de la FNSEA, intervenant de l’assemblée, en sa qualité d’éleveur. Ce corps de métier est aussi demandeur de conseils stratégiques pour faire évoluer son exploitation. Cela suppose de s’adapter aux différents profils de professionnels et pour les technico-commerciaux d’avoir une vision plus globale de son client. Mais « ce que l’éleveur attend avant tout c’est la sécurité alimentaire », insiste Pascal Ferrey. Cela, l’industriel le garantit par l’application du guide de bonnes pratiques. Le président du Snia entend d’ailleurs rappeler, ce «qui apparaît de plus en plus nécessaire », l’ « exigence »de la profession « en terme de qualité, de sécurité et de traçabilité » des matières premières. Les analyses et contrôles mis en place par les fabricants et les cahiers des charges fournisseurs « ne peuvent les exonérer de cette exigence » et ce tant pour les grandes matières premières, pour les problématiques mycotoxines et salmonelles notamment, que pour les micro-nutriments aux origines de plus en plus diverses, pour la question des substances indésirables.

La profession a depuis longtemps intégré la composante environnementale

L’industrie de la nutrition est vouée à valoriser les coproduits des biocarburants (cf. article ci-dessous). Cela la fait participer à l’effort environnemental collectif.

Par ailleurs, Jean-Yves Dourmad, spécialiste de l’élevage porcin à l’Inra, rappelle que « la production de gaz à effet de serre liée à l’élevage équivaut à celle du transport ». Or il est possible de réduire cet impact environnemental par la nutrition. Et cela les Fab le savent bien puisqu’ils ont cherché à limiter les rejets animaux depuis « de nombreuses années, par la mise en œuvre de formules d’aliments limitées en azote et phosphore et des programmes alimentaires dits multiphases ». En vingt ans, le phosphore excrété a diminué de 50 % et l’azote de 30. Pour Jean-Yves Dourmad, il y a encore des marges d’amélioration, notamment en collant encore plus aux stades physiologiques des animaux et en démultipliant les types d’aliments. La recherche y travaille. Et le scientifique n’exclut pas que soit un jour intégrée aux matrices de formulation l’influence environnementale.

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