Filière Viande
Le salaire minimum allemand jouera peu sur la compétitivité française
L'aval de la filière animale doit profondément évoluer
En acceptant bon gré mal gré la mise en place généralisée du salaire minimum en Allemagne, Angela Merkel répond en partie aux attentes de certaines filières agroalimentaires françaises, notamment les plus pénalisées par certaines distorsions de concurrence (viandes par exemple). Mais cette annonce, même si elle devenait une réalité, ne saurait suffir pour rétablir le déséquilibre de compétitivité entre la France et son voisin germain. Les entreprises agroalimentaires hexa-gonales devront surtout « revoir leurs stratégies » pour reprendre les parts de marché perdues ces der-nières années, selon Hélène Morin d'Agritel, qui a présenté une étude comparative entre la France et l'Al-lemagne à Paris le 29 janvier.
L'aval de la filière animale doit profondément évoluer
Le salaire minimum s'élèverait à 8,50 €/h d'ici 2017 au plus tard, selon les secteurs d'activité. Jusqu'ici, les entreprises allemandes bénéficiaient du fameux contrat d'ouvrage/détaché qui ne prévoit pas de salaire minimum pour le salarié étranger.
Au 1er janvier, le Smic français a progressé à 9,53 €/h, soit 1 €/h de plus que l'éventuel sa-“laire minimum allemand.
” Outre Rhin, les abattoirs embauchent environ un tiers de leur personnel via ces contrats pour des rémunérations inférieures à 5 €/h, selon Agritel. Rappelant que le porc français est le moins cher de l'UE à la production, le manque de compétitivité de la filière est surtout le fait des choix stratégiques et du manque de vision de la filière française, notamment de son aval, selon Agritel. « Il faut réfléchir à la taille de chaque abattoir », en forte surcapacité en France et en quasi flux tendu en Allemagne. De plus, « contrairement à l'Allemagne, il est difficile en France de trouver des industriels de la viande capables de répondre à une demande supérieure à 1 M porc/an. Il est donc plus difficile d'être présent à l'export », note Hélène Morin. Il faut aussi répondre aux attentes des marchés. Les queues et oreilles de porc, par exemple, pourraient être exportées vers l'Asie. Idem sur le marché domestique où l'offre rencontre mieux la demande en Allemagne, grâce à des relations entre le secteur agricole et la distribution plus constructives. Enfin, l'avancement technologique serait également un des moteurs de la reprise en France. Par exemple, la cadence d'abattage des outils industriels de découpe porcin se situe entre 200 et 700 têtes par heure en France contre 1.300 pour l'Allemagne (source Ifip).
Les fabrications bretonnes d'aliments pour animaux reculent de 2,6 % par rapport à 2012, soit une perte de plus de 200.000 t, indique un communiqué de Nutrinoë. Depuis 2001, ce sont « 1,5 Mt, l'équivalent de 5 à 7 usines moyennes bretonnes », qui ont été perdues. Pour la première fois, les aliments Porcs passeraient sous la barre des 4 Mt, soit une baisse de 17 % depuis 2001 (-0,7/-0,8 Mt ; - 170.000 t en 2013). Ce sont les aliments Dindes et Canard qui ont été le plus touchés en valeur relative en 2013, avec respectivement - 19 % et - 17 %. Depuis 2001, les tonnages Dindes ont été divisées par deux (-0,6 Mt). Avec +4,3 %, la progression se poursuit en revanche en bovins, qui ne représentent cependant que 14 % des fabrications totales bretonnes.