Le poids des mots
Une crise chasse l'autre. Une nouvelle onde de choc traverse la planète : la grippe mexicaine. Depuis les premiers cas détectés dans le pays, les nouvelles suspicions s’égrènent au fil des communiqués de presse, et la liste des pays touchés s’étire inlassablement. Au-delà des inquiétudes légitimes en matière de santé publique que génèrent ces nouvelles, c’est aussi un nouveau coup de massue pour l’économie de la planète. Tourisme, trafic aérien, marché pétrolier… De nombreux secteurs en subissent les contrecoups et en premier lieu le marché international du porc. Certes, les autorités répètent que les élevages de cochons n'y sont, jusqu'à preuve du contraire, pour rien. Elles assurent qu'on ne court aucun risque à consommer du porc. Cela n’a pas empêché plusieurs pays importateurs de suspendre leurs achats depuis le Mexique et les Etats-Unis.
Sinistrée par les bas prix, la filière porcine française n’a vraiment pas besoin d’une psychose, de surcroît infondée. Notons cependant que ces tarifs, attractifs en rayon en cette période de crise, ont permis aux ventes de viande de porc de bien résister en 2008. Elles n’ont cédé que 0,8 % sur un an, contre près de 6 % pour le bœuf et 8,8 % pour l’agneau.
Craignant les retombées économiques, Bruxelles s'est hâtée de débaptiser la maladie, ou plutôt de lui attribuer un nom juste, « la nouvelle grippe », pour limiter la casse. Mais les médias sont déjà passés par là. Certains journalistes révisent leur champ lexical traitant désormais bien de la grippe mexicaine. Espérons qu’il ne soit pas trop tard…